Nous vivions à Touba en 2009 où mon mari était instituteur dans une école primaire publique. Dans le quartier où nous habitions, les gens avaient l’habitude de commettre des vols à la moindre négligence de la part des habitants. Et à moins de solliciter les services de Màgnan, un septuagénaire réputé puissant sorcier manipulateur de la foudre, l’acte restait impuni et l’objet volé perdu pour toujours. En tant que chrétiens, nous ne pouvions pas nous adonner à de telles pratiques ; ce qui faisait de nous des cibles de choix pour les voleurs.
A plusieurs reprises, je perdis des ustensiles de cuisine, des seaux et même des chaises pliantes. Je ne m’en plaignis point parce que je ne voulais pas m’attirer des ennemis. Cependant, l’arrivée de ma belle-soeur Madeleine va changer beaucoup de choses. J’avais accouché d’une fille et mon époux lui avait demandé de venir m’assister. Elle était tellement heureuse qu’elle m’apporta un gros coq pour me féliciter. Ma belle-soeur suggéra dès son arrivée qu’on tuât le coq pour me faire à manger.
Mais en raison de l’imminence des fêtes de fin d’année, son frère Patrice préféra qu’on patiente. C’était l’erreur à ne pas commettre. Deux jours après, le coq disparut comme par enchantement. Malgré les menaces de malédiction de la part de ma bellesoeur, personne n’avoua son forfait. De sorte qu’elle jura de rendre le cou. Joignant ainsi l’acte à la parole, elle aussi commença à se venger en brisant le coup aux poulets qui s’aventuraient dans les environs de notre maison.
Un ou deux jours par semaine, ma belle-soeur faisait ‘’pékoss’’. Patrice remarqua cela et s’inquiéta. Ils se disputèrent à ce sujet et sa soeur serait retournée à Korhogo n’eût été mes pleurs pour la supplier de ne pas prendre en mal la réaction de mon mari. Il redoutait, en effet, que quelqu’un nous fasse palabre ou nous jette un mauvais sort ; ce qui était courant.
Environ un mois après ces événements, par un après-midi de vendredi, nous regardions un film au salon et Madeleine portait le bébé sur les bras. Moi, j’étais allongée dans le divan. Il y eut l’un de ces petits vents qui annoncent la pluie et des nuages couvrirent brusquement le ciel. Des hommes âgés du quartier jouaient au damier sous les cocotiers.
Soudain un éclair déchira le ciel et une puissante déflagration se fit entendre. On aurait dit une bombe larguée sur la maison. Le bébé fut projeté à quelques mètres de moi et Madeleine fut frappée de plein fouet par la foudre. Elle fut en partie calcinée avec le fauteuil dans lequel elle était assise. Mais par miracle, ni le bébé, ni moi ne fûmes atteints.
La scène s’était si vite produite que je ne réalisais pas encore l’ampleur des dégats. Des badauds arrivèrent et les secours aussi. Ce n’est que plus tard que tout le monde comprit ce qui était arrivé. Madeleine, avait juré endosser toute la responsabilité de ses ‘’pékoss’’ le jour où elle et Patrice s’étaient disputés. C’est cela qui nous avait sauvé la vie, à mon bébé et moi. Autrement, nous serions toutes mortes, ce jour-là, puisque nous partagions ses butins avec elle.
En effet, le dernier poulet qu’elle avait volé appartenait à une vieille veuve qui vivait seule dans une grande villa non loin de chez nous. Depuis qu’elle avait perdu son poulet, un griot avait sillonné le quartier pour prévenir les voleurs de la malédiction qui allait s’abattre sur eux. Mais nous n’en étions pas informés. C’est donc par surprise que nous apprîmes que la foudre qui nous avait frappés était l’oeuvre de Màgnan.
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