Incroyable mais vrai ! Il existe des personnes dans ce pays qui ne souhaitaient pas que les Eléphants remportent cette coupe d'Afrique. Parmi elles, un homme de Dieu, le pasteur D.P. d’une mission évangélique à Yopougon-Sideci précisément au quartier Lem. A cause de cela, il n'est pas en odeur de sainteté avec ses collaborateurs. Ces derniers lui reprochent d’avoir jeûné pour la défaite des Éléphants à la Can 2015.

De quoi s’agit-il ? Nous sommes le mercredi 28 janvier 2015. C’est la fin d’une séance de prière, ce jour-là, dans l’église du pasteur D.P. L’homme de Dieu annonce à deux départements de son assemblée, la tenue d’une réunion dans la soirée. Certains murmurent sur l’horaire de cette réunion ; car la Côte d’Ivoire et le Cameroun s’affrontent justement à l’heure choisie pour une place en quarts de finales de la Can 2015.

Mais pour le pasteur, cette raison est à balayer car les Eléphants soutient-il, sont déjà éliminés de la Can. « Seule la réconciliation vraie peut apporter la coupe. Tant que certains fils de ce pays sont en prison ou en exil. Dieu n’est pas dans la division mais dans l’union. Donc point de trophée ici », a ajouté en substance le pasteur connu pour ses fréquentes prédications à relents politiques. Rien à faire, notre pays bat le Cameroun et se retrouve en 1/4 de finale avant d’éliminer l'Algérie.

Le mercredi 04 février 2015, elle fait mieux en assommant les Léopards de la RDC validant son ticket pour la finale. Le pasteur est choqué par cette performance des Eléphants. A partir du vendredi 6 février 2015, il sort l'arme fatale spirituelle. En effet, son épouse et lui entament un jeûne sec pour faire perdre la Côte d'Ivoire en finale contre le Ghana. Très affaibli, le dimanche 8 février, le pasteur ne parviendra pas à officier le culte.

Il est 18h30 ce dimanche-là. Le pasteur reçoit la visite d’un collègue. La servante annonce au pasteur que la nourriture est prête : « Le pasteur nous a invités à nous servir en précisant que sa femme et lui n’allaient rompre leur jeûne qu'après le match Côte d’Ivoire-Ghana », nous relate son collègue. Le match est entamé. Au cours du jeu, Copa Barry fait une mauvaise relance. Le ballon est intercepté par un Ghanéen qui file droit vers les buts.

Le pasteur D.P. se redresse sur son canapé et suit l’action. Quand Serey Dié écarte le danger, l'homme de Dieu s'écrie : « Merde alors ! » avant de retomber sur son canapé. Cette attitude a fini par convaincre la maisonnée que D.P. et son épouse souhaitaient la défaite des Eléphants. Et pour cause, explique son collaborateur. « Ce couple n'est pas à son premier jeûne du genre. En 2012, le pasteur et son épouse avaient jeûné pour l’échec des Eléphants face aux Chipolopolo de la ZAMBIE.

Et le pasteur ne se cachait pas aussi d’avoir participé à un jeûne collectif pastoral pour la mort de Jacques Chirac, coupable à leurs yeux de la souffrance des Ivoiriens pendant la crise militaire. C’était après que Chirac ait ordonné la destruction des avions de guerre des forces gouvernementales en 2004 », nous confie notre source. Revenons à la finale. Les 120 mn sont maintenant épuisées et ce sont les tirs au but.

Les Eléphants ratent les deux premiers tirs. C’est la consternation. L’épouse du pasteur, affectueusement appelée “Maman pasteur’’, s’écrie : « Vous ne croyez pas quand Dieu vous parle…Voyez-vous maintenant ? ». Mais quand Seydou Doumbia égalise pour la Côte d'Ivoire et que le gardien ghanéen rate son tir, ce n'est plus la sérénité chez le couple pastoral. Ils foncent dans leur chambre pour continuer leur malédiction.

Finalement, Copa marque et c'est la liesse populaire dehors. Le pasteur en ressort et demande : « Ils ont gagné ? » Puis, gêné, il reprend : « C’est bien … en tout cas c’est bien… Dieu merci alors ! » Quant à son épouse, abattue par cette victoire qu'elle ne souhaitait pas, elle est restée dans la chambre pendant au moins une demi-heure avant de sortir pour rompre son jeûne. Aux dernières nouvelles, deux des collaborateurs de ce pasteur l'ont quitté pour aller poursuivre leur ministère auprès d’autres hommes de Dieu. Si la honte tuait...

Jean-Laurent

Allo Police