Le président national de l’AEBECI, le pasteur Kéo Kognon, a animé, le lundi 06 juillet 2015, une conférence de presse au cours de laquelle, il a démenti formellement l’information selon laquelle, une église aurait été incendiée et des fidèles seraient en fuite, pour cause de masques battus.

Pourquoi les fidèles ont-ils fui ?

Au lendemain des malheureux incidents survenus le 28 avril 2015, les chrétiens, rassurés par les autorités administratives sont retournés au village, Kissankaha, sans aucune idée de vengeance comme leur avaient conseillé les responsables de l’Église dès les débuts des menaces.

Mais,plus tard, le bureau national apprendra qu’une convocation verbale a été envoyée par le chef de canton de Sokoro aux chrétiens aux fins de les entendre. Une fois sur les lieux, tous les non initiés au poro ont reçu l’ordre de rebrousser chemin, car disaient les gardiens de cette tradition, l’affaire ne concernait que les initiés.

Les quelques chrétiens initiés ont été conduits dans le bois sacrés où,selon certains témoignages, ils ont subi l’humiliation. Fort heureusement, ces vieux ont échappé aux châtiments corporels initialement prévus à leur encontre. A la surprise générale, une lourde amande leur est infligée. 06 bœufs, 06 moutons, 06 cabris, 46 poulets!

L’étonnement était d’autant plus grand que les chrétiens n’avaient, en réalité, bastonné aucun masque. Une fois retournés à Kissankaha, ces religieux qui ne se reprochaient aucun délit ont jugé cette amande totalement contraire à leur foi et l’ont ignorée. Pour le pasteur Kéo Kognon, avant d’infliger une amande quelconque à autrui, la logique voudrait qu’on l’entende au préalable. Ce qui, à l’en croire, n’a pas été le cas.

Les fidèles agressés en plein culte dominical

A l’approche de la saison pluvieuse, l’AEBECI a adressé un courrier au préfet de la région du Tchologo, lui traduisant son souhait d’entreprendre les travaux de réfection de la maison du pasteur entièrement saccagée.

Selon l’homme de Dieu, cette requête a été verbalement agréée par le gouverneur de Ferké en ces termes : ‘’C’est votre droit le plus absolu, surtout que la tension est tombée et que les fidèles sont revenus. Allez-y faire vos travaux’’. Effectivement, les travaux ont débuté par la toiture du domicile du pasteur-résidant dans l’espoir que celui-ci retrouve ses brebis retournés au village après un asile imposé.

En constatant la reprise des travaux, ils partisans du poro s’en sont plaints au chef coutumier de Sokoro au motif que les chrétiens ont refusé de s’acquitter de l’amande. Ainsi, le dimanche 28 juin 2015, en plein culte, les initiés du poro de Kissankaha et leurs complices réapparaissent et se mettent à blesser et à bastonner les chrétiens totalement médusés.

Comme précédemment, les fidèles n’opposent aucune résistance. Ils fuient en brousse jusqu’à atteindre la ville de Ferké pour éviter le pire. 65 fidèles se sont réfugiés dans l’enceinte de l’église du quartier de Lanviara à Ferké et ne savent où aller. Les plus chanceux ont regagné les domiciles des parents.

Les responsables de l’AEBECI n’y comprennent absolument rien et se perdent en interrogations. La réunion convoquée à ce sujet par le préfet Diakité Soualiou, le mardi 30 juin 2015, n’a pu malheureusement décanter la crise. L’affaire a été confiée au collectif des religieux de Ferké. Publiquement, l’émissaire du chef traditionnel de Sokoro a martelé que les chrétiens doivent payer l’amende du chef de canton, faute quoi, ils n’auront plus d’église baptiste à Kissankaha.

La saison des pluies favorable aux activités champêtres est en train de passer et les chrétiens dont les réserves de vivres ont été pillées ne cultivent pas. Malgré sa grande déception, le président Kéo Kognon a émis le vœu d’un règlement administratif d’autant plus que son église n’est pas clandestine. Bien au contraire, elle a forgé sa réputation à travers l’Evangile et le social.

Le célèbre hôpital baptiste de Ferké qui sauve de nombreuses vies depuis bien longtemps en est une preuve éloquente. En plus, les fidèles ABECI ne sont pas belliqueux.Alors pourquoi leur confisque-t-on le droit de pratiquer leur religion à Kissankaha ? Le fond du problème résidrait dans l’expansion de la parole de Dieu qui a fini par gagner le cœur de nombre d’initiés du poro. A chaque crise, il est reproché à cette église de perturber le bois sacré à travers les animations de cultes.

ACHILLE LAH KADO Correspondant
Source : Arc en ciel