Leur amour avait résisté à tout. sauf à la colère et au res- sentiment d’une jeune femme, selon la victime. Cette der- nière n’a donc pas attendu que sa sœur et son beau-frère aillent plus loin dans cette idylle. Pour elle, il fallait y mettre fin. sauf que cette séparation a été violente.
Un amour vieux de sept ans
Quand leur regard se sont croisés dans le sous quartier communément appelé “Garage Cissé’’ sur le tronçon Adjamé-Abobo, Anicet et celle, que nous nommerons Awa, ne se sont plus quittés. Nous sommes dans les années 2008-2009.
Dans ce quartier, Anicet vit chez sa sœur. Quant à Awa, elle est dans une famille où le père et la mère ne vivent plus. C’est donc sous le regard pas forcément bienveillant de sa belle-mère qu’Awa prend de l’âge. Même si sa sœur et son frère aîné lui accordent, par moments, une attention particulière, cela ne dure que le temps d’une discussion.
Puisque eux- mêmes se cherchent. Même si l’homme et la jeune fille sont sans activité professionnelle, ils peuvent chacun compter sur les repas quotidiens proposés dans leur famille respective pour tenir la journée. Le reste, l’amour pourvoira.
Pour la belle-sœur, trop c’était trop ?
Nous sommes en 2013 et le vent des déguerpissements frappe de plein fouet plusieurs quartiers d’Abidjan. Et celui où vivent Anicet et Awa n’est pas épargné. Chaque ménage se cherche un endroit de recasement. La famille d’Anicet se voit obligée de quitter les lieux. Direction, Abobo PK 18. Quant à celle d’Awa, c’est à “Sodeci Escalier” sur le même tronçon Adjamé-Abobo qu’elle trouve refuge.
C’est la tourmente chez Anicet. Il est inquiet à l’idée de tronçon Adjamé-Abobo. Dans le quartier de Sodeci- Escalier, quelques rares maquis font encore du ta- rester trop éloigné de sa copine. Même s’il dépose ses valises chez sa sœur à Abobo PK 18, Anicet n’est pas trop chaud pour y vivre.
Dans les semaines qui suivent, il retourne sur les lieux du déguerpissement. Il se rend compte que la maison d’un de ses amis a miraculeusement échappé à cette opération. Il décide d’y passer régulièrement la nuit.
En réalité, ce quartier est à quelques centaines de mètres de celui où Awa et sa famille vivent depuis qu’ils ont été déguerpies. Le couple ne met pas du temps à se retrouver. L’amour devient encore plus fort. Au point qu’Awa propose à son chéri de venir désormais passer la nuit chez elle, en famille.
Un peu hésitant au départ, Anicet finit par accepter. Anicet rejoint sa copine pour passer des nuits au 1er étage de ce vieil immeuble. Une situation que n’apprécierait guère la sœur aînée d’Awa. Et elle l’aurait fait savoir : « Je ne veux pas de toi chez nous ici. Laisse ma sœur tranquille... »
Des propos adressés à Anicet qui n’enlèveront rien à cet amour qui résiste à toute épreuve. Bien au contraire, Anicet s’est très rapidement habitué à cette nouvelle donne et y a même pris goût.
La nuit fatale
Nous sommes le jeudi 18 juin 2015. Il est 23 heures. Le trafic routier est moins dense sur ce tronçon Adjamé-Abobo. Dans le quartier de Sodeci- Escalier, quelques rares maquis font encore du ta-page. Anicet vient de prendre quelques verres et a quelque peu perdu de sa lucidité. La maison la plus proche pour un repos n’est autre que celle d’Awa.
Quand il y arrive, il est accueilli par sa belle-sœur. Qui lui aurait intimé l’ordre de repartir d’où il vient. S’ensuit alors une vive altercation. Qui oblige Awa à sortir de sa chambre pour intervenir avant de calmer les esprits. « Va te coucher au balcon », conseille Awa à son chéri. C’est donc au balcon du 1er étage qu’Anicet s’étend. Deux heures après, soit vers 1 heure du matin, l’homme est brutalement tiré de son sommeil.
Quand il ouvre les yeux, il aperçoit quatre indi- vidus de forte corpulence. « On ne t’a pas dit de ne plus venir dormir ici ? », interroge l’un d’eux. La réplique d’Anicet ne se fait pas attendre : « Je n’ai pas affaire à vous. Je suis venu chez ma copine. »
Ces propos déplaisent aux quatre gaillards. Les esprits s’échauffent. Ils en viennent aux mains. Anicet est projeté du haut de l’immeuble. La première chute est d’une telle violence, qu’Anicet a la nuque brisée et la colonne vertébrale sérieusement endommagée. Dans la deuxième chute, Anicet est entraîné sur des escaliers avant de se retrouver à même le sol. Il perd connaissance...
1.500.000 francs pour le maintenir en vie
Grièvement blessé, Anicet est conduit au Chu de Yopougon avant d’être transféré à celui de Treichville. Là-bas, après les exa- mens médicaux, le diagnostic est sans appel. Sa colonne vertébrale est endomma- gée. « Il ne sentait plus ses membres inférieurs et supérieurs.
Cependant, le médecin qui s’est proposé d’intervenir a estimé le coût de l’opération à 1.500.000 francs. Nous n’avions pas de moyens pour financer cette opé- ration », nous a confié l’un de ses proches. Entre temps, la victime qui a repris connaissance a le temps de confier :
« Je ne sais pas pourquoi sa sœur m’en voulait autant. Avant que cela n’arrive, elle m’avait envoyé un message sur le téléphone pour me menacer. Elle m’a dit que si je ne laissais pas sa sœur, je verrais ce qui va m’arriver... Je pense que c’est elle qui a fait venir ces jeunes qui m’ont projeté du 1er étage. »
Sans moyens, c’est chez l’une de ses sœurs vivant à Anokoi, un autre quartier d’Abobo qu’Anicet est emmené. Le vendredi 26 juin, il succombe à ses blessures. L’enquête diligentée par la police a permis de mettre le grappin sur les membres de la famille d’Awa. Notamment Awa, sa grande-sœur et leur frère. Comme on le voit, la séparation ne fut pas seule- ment douloureuse. Elle est devenue éternelle.
Olivier Valère
Source : Allo Police
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