En Australie, Noela Rukundo a été enlevée par des tueurs à gage engagés par son mari. Ce dernier a été condamné à neuf ans de prison.
Noela Rukundo attend patiemment que les derniers visiteurs quittent sa maison avant de faire sa grande entrée. Famille et amis sont venus assister aux funérailles de cette femme à Melbourne et témoigner de leur soutien à son mari. Le dernier visiteur parti, elle sort de sa voiture. «Est-ce que je vois mal ? Est-ce un fantôme ?», s’interroge à voix haute son mari, incrédule. «Surprise ! Je suis en vie !», s’amuse la prétendue défunte.
Afin de vérifier qu’il ne rêve pas, il la touche et fait un bond, avant de se mettre à crier et de lâcher : «Je m’excuse pour tout.» En l’occurrence, pour avoir engagé des tueurs à gage afin de l’éliminer.
Noela Rukundo habite avec son mari en Australie et, en février 2015, se rend dans son Burundi natal pour assister aux funérailles de sa belle-mère. Un décès qui l’affecte beaucoup. «Je venais de perdre la dernière personne que j’appelais "maman", confie-t-elle à la BBC. C’était très douloureux, j’étais très stressée.» Son mari l’appelle, elle lui explique qu’elle se sent mal. Prévenant, croit-elle, il lui suggère d’aller faire un tour plutôt que d’aller se coucher, de prendre un peu l’air. Elle l’écoute.
«Tuez-la»
«J’ai ouvert la porte et j’ai vu un homme venir vers moi. Puis il a pointé un pistolet sur moi», raconte-t-elle. La voilà embarquée dans une voiture, coincée entre deux hommes armés. Ils lui bandent les yeux. Après 30 à 40 minutes de route, la voiture s’arrête. Noela sort, est emmenée dans un bâtiment puis se retrouve attachée à une chaise. «Qu’as-tu fait à cet homme ? Pourquoi cet homme nous a-t-il demandé de te tuer ?», l’interrogent-ils. Noel Rukundo ne comprend pas de qui ils parlent. «Ton mari !» Elle refuse d’y croire.
Le chef du gang appelle le commanditaire du meurtre, met le haut-parleur. «On l’a», lui dit-il. Et l’interlocuteur de répondre : «Tuez-la.» Noela Rukundo reconnaît la voix de son mari. «J’avais l’impression que ma tête allait exploser, se souvient-elle. Je savais que c’était un homme violent. Mais je ne pensais pas qu’il pouvait me tuer. J’aimais cet homme de tout mon cœur !»
Enregistrements des conversations téléphoniques
Noela Rukundo intègre l’idée qu’elle va mourir, que rien ne peut la sauver. «On ne va pas te tuer. On ne tue pas les femmes et les enfants», lâche pourtant un des tueurs à gage. Les hommes rappellent le mari, en profitent pour lui extorquer un peu plus d’argent, lui affirment que la cible est bel et bien morte. Ils abandonnent Noela Rukundo au bord d’une route après deux jours de captivité et avec un cadeau : les enregistrements des conversations téléphoniques au cours desquelles Balenga Kalala parle du meurtre et des transferts d’argent. Pendant ce temps-là, en Australie, celui-ci informe la communauté de la mort de sa femme, dans un tragique accident. Il reçoit les proches en deuil, et leurs dons d’argent.
La mascarade prend donc fin avec l’arrivée de Noela Rukundo à ses propres funérailles. Son mari avoue, lui explique qu’il a voulu la tuer par jalousie, parce qu’il avait peur qu’elle le quitte pour un autre homme. Elle enregistre tout. Le 11 décembre dernier, il a plaidé coupable d’incitation au meurtre et a été condamné à neuf ans de prison. Noela Rukundo, elle, se retrouve exclue de sa communauté, considérée comme responsable de l’emprisonnement de son mari. «Mais je resterai debout, je suis une femme forte, assure-t-elle. Je démarre une nouvelle vie maintenant.»
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