Un tribunal du Salvador, pays d’Amérique central, a condamné mercredi 13 décembre Teodora Vasquez à 30 ans de prison pour avoir fait une fausse couche. Son cas est loin d’être un cas isolé dans ce pays qui a une des législations anti-avortement les plus strictes au monde. Cette peine de prison nous révolte et est une pure folie.
Les faits se sont déroulés le 14 juillet 2007. Employée du collège de San Salvador, Teodora Vasquez était enceinte de 9 mois quand elle a appelé les urgences depuis les toilettes de son lieu de travail. Aucune réponse de la part des urgences, la jeune femme est alors victime d’une hémorragie interne et son bébé est mort-né. C’est un de ses collègues qui la découvre, inconsciente, dans les toilettes. Ce dernier prévient la police qui vient l'arrêter.
Un premier procès a eu lieu en 2008 et Teodora Vasquez avait écopé de 30 ans de prison, mais ce jugement devait être revu. C’est désormais chose faite depuis mercredi 13 décembre, alors que Teodora est emprisonnée depuis 10 ans déjà. Le tribunal a confirmé cette peine estimant que l’accusée avait “caché” sa grossesse et qu’elle ne voulait pas du bébé. Teodora Vasquez, aujourd’hui âgée de 34 ans, clamait encore son innocence avant le jugement dernier : “Qu'ils m'accordent ma liberté, car je suis innocente, car j'ai une famille pour laquelle je veux me battre, car j'ai des gens qui m'aiment et j'ai besoin d'être avec eux.”
Pour Nancy Northup, présidente du Centre des droits en matière de procréation, ce jugement est “une gifle”, elle qui estime que Teodora “n’a commis aucun crime”. Morena Herrera, membre d’une association plaidant pour la dépénalisation de l’avortement thérapeutique, s’est aussi exprimée sur ce terrible jugement : “Elle subit de façon injuste une condamnation qui n’avait pas lieu d’être, elle n’a commis aucun délit et (cette erreur) doit être réparée”.
Le Salvador est connu pour avoir une des plus strictes législations concernant l’avortement. Le code pénal prévoit une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d'avortement mais en réalité, les juges du pays considèrent qu’un avortement équivaut à un homicide et qu’en tant que tel, il peut être jugé comme un délit et être puni de 30 à 50 ans de prison.
Le cas de Teodora Vasquez n’est malheureusement pas un cas isolé. Au moins 26 femmes, souvent issues de milieux pauvres, ont été arrêtées pour avoir perdu leur bébé, et certaines d'entre elles ont été condamnées, parfois jusqu'à 30 ans.
Les défenseurs des droits des femmes et les organismes internationaux, comme Amnesty International, ont apporté leur soutien à Teodora Vasquez.
Depuis le mois d’octobre 2016, le Parlement du Salvador étudie une proposition de loi pour dépénaliser l'avortement en cas de viol, de danger de mort pour la mère ou de foetus non-viable.
Affaire à suivre donc...
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