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14 Mar

Manger son placenta après l'accouchement

La "placentophagie" est une pratique de plus en plus courante aux États-Unis, qui consiste à manger son placenta après l'accouchement. Cet organe serait riche en hormones et en nutriments. Michele Liot est infirmière gynécologique et vit aux États-Unis. Après avoir donné naissance à son premier enfant, elle a testé cette pratique. Témoignage.

J’ai décidé d’accoucher de mon premier enfant à domicile et de manger mon placenta.
Pourtant, je suis infirmière gynécologique dans un hôpital public de Long Island, aux États-Unis, et j’assiste des femmes en salle d’accouchement toute la journée.
C’est sûrement paradoxal, et je n’encourage pas directement mes patientes à faire la même chose, mais je ne regrette pas l’expérience. Bien au contraire.

Une grosse pièce de viande d'un kilo

Presque toutes les femmes de ma famille ont accouché à domicile et j’ai toujours su que j’accoucherais dans l’intimité de ma maison. En revanche, je n’avais pas du tout prévu de manger mon placenta. L’idée me paraissait même repoussante. D’autant plus que je visualise très bien ce produit humain, puisque j’en vois défiler plusieurs au cours de la journée dans le cadre de mon travail. Avaler cette chose ? C’était hors de question.

C’est du moins ce que je pensais avant de me retrouver en situation. D’un coup, c’est venu comme une évidence. Mon mari se tenait en face de moi, notre fils venait de naître, on s’est regardé, puis on a posé notre regard sur le placenta en même temps.

À ce moment-là, il m’a dit : "Il faut que tu fasses quelque chose avec ça". Ce "ça", qui fait environ 1 kilo et qui ressemble à une énorme pièce de viande.

Comme je suis dans le milieu médical, j’ai tout de suite su qui pourrait m’aider. Quelques minutes après avoir accouché, j’ai appelé une amie qui a l’habitude d’encapsuler le placenta, c’est-à-dire de le déshydrater pour en faire de la poudre qui tient dans une gélule médicamenteuse.

Elle m’a dit de mettre mon placenta dans un Tupperware, puis dans mon congélateur et m’a promis de passer le récupérer dans les 48 heures. Ce qu’elle a fait.

Mon placenta a été transformé en pilules

Le placenta se mange également cru. Personnellement, je n’ai pas pu. C’est pour ça que j’ai préféré demander la version en capsules, qui m’a coûté 250 dollars (environ 220 euros). J’ai choisi une méthode de déshydratation chinoise ancestrale, à base de citron, de gingembre et de piment.

La poudre à l’intérieur des pilules a une couleur marron et l’aspect général ressemble fortement à des gélules de magnésium. Ce n’était donc pas du tout rebutant de les avaler au quotidien.

En même temps que les pilules, mon amie m'a également préparé de l’homéopathie de placenta, que j’ai gardé pour plus tard. Dans ce qu’elle m’a apporté, il y avait aussi la planche qui avait servi à la préparation, un petit bout du cordon ombilical et des petits tableaux avec l’empreinte de mon placenta.

J’ai exposé le tout sur ma table de nuit, avec des fleurs, pendant quelques jours. Quand des amis venaient me rendre visite, ils me demandaient : "C’est toi qui as fait cette composition artistique ?". Je leur répondais "Non, c’est mon placenta".

Grâce au placenta, j'ai pu lutter contre ma dépression

J’ai commencé à manger le placenta deux ou trois jours après mon accouchement. Je prenais une pilule par jour la première semaine, puis j’ai augmenté la dose parce que je me sentais fatiguée physiquement et moralement. Pendant un mois, j’ai pris deux gélules par jour.

C’est mon premier enfant, donc je ne peux pas faire de comparaison directe. Cela dit, j’ai constaté que j’avais beaucoup moins de douleurs post-natales que les jeunes mères autour de moi. Mieux encore, au bout de huit jours les saignements se sont arrêtés, alors que chez les autres femmes, il faut compter environ six semaines.

Allaiter était aussi plus simple. Je produisais du lait à ne plus savoir quoi en faire. Si bien que j’ai fini par le donner à mes amies qui, elles, avaient une pénurie de lait.

Si j’ai décidé de manger mon placenta, c’est aussi parce que je craignais d’avoir de nouveau un épisode dépressif intense. Diagnostiquée dépressive, je suis sous Zoloft depuis plusieurs années, mais je ne voulais surtout pas avoir à augmenter la dose pendant ou après la grossesse.

Grâce au placenta, j’ai pu combattre cette nature dépressive, qui aurait sûrement été renforcée par les pics hormonaux liés à cette période particulièrement intense et explosive pour une femme.

Était-ce un effet placebo ? Je ne pense pas, mais même si c’était le cas, je n’y verrais pas d’inconvénient. Le but, c’est d’aller bien et c’est encore mieux si ça peut se faire grâce à des produits naturels.

D’autant plus que je n’ai eu aucun effet secondaire. Je n’ai jamais eu de mal à digérer le placenta et je ne me suis jamais sentie mal ou fatiguée après avoir avalé ma gélule quotidienne. Il n’y a ni goût, ni odeur, ni texture… On oublie même d’où ça vient.

J'ai donné un peu de placenta à mon fils

Le plus dur ? Arrêter de les prendre.

Au fil des semaines, je voyais les gélules de moins en moins nombreuses dans leur boîte et ça m’angoissait. Finalement, la transition s’est bien passée, même si les deux ou trois premiers jours ont été difficiles.

Tout d’un coup, je me sentais irritée, angoissée et les douleurs post-natales se sont de nouveau manifestées. Puis, tout est rentré dans l’ordre.

Aujourd’hui, il me reste toujours un énorme bocal d’homéopathies. J’ai mis longtemps avant de m’en servir. La première fois, c’était il y a quelques jours. Mon fils, qui a maintenant un an et qui fait ses dents, était anxieux et irritable, alors j’ai décidé de lui donner un peu de placenta. J’ai dilué l’homéopathie dans son eau et j’en ai pris un peu aussi.

Le changement a été sans appel : il s’est mis à faire de meilleures nuits, à moins souffrir de ses dents et à être plus souriant. J’encourage vraiment les mères à manger leur placenta. Sans forcer celles que la pratique rebute trop, je leur conseille au moins de se renseigner sur ses bienfaits. Après, il ne faut pas non plus tomber dans certains pièges.

Le placenta aide à mieux vivre la période post-natale

Je suis persuadée des effets positifs que peut avoir l’ingestion du placenta par la mère. En revanche, je ne suis pas sûre que les produits à base de placenta, humain ou animal, soient bénéfiques. À l’exception des vitamines, je pense qu’il n’y a aucun intérêt à manger un placenta si ce n’est pas le nôtre.

Dans l’hôpital où je travaille, j’ai vu les demandes augmenter. Quand je suis arrivée au service gynéco obstétrique il y a deux ans et demi, aucune femme ne demandait à repartir avec son placenta. Aujourd’hui, j’en vois une par mois.

Certains crient à l’effet de mode ? Moi, je dis qu’il faut se réjouir de la démocratisation d’une pratique qui peut aider les mères à mieux vivre la période post-natale.

Propos recueillis par Barbara Krief.

Source : leplus.nouvelobs.com

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