Quand la quête de la facilité manque de peu de conduire à l’irréparable, c'est un peu comme cela qu'on pourrait camper la mésaventure qui est arrivée à K.K, un styliste assez connu dans le milieu de la mode.
Bon là, chacun peut se triturer les méninges à décrypter ses initiales, nous on ne vous dévoilera rien du tout ici. Suivons plutôt l'histoire. Nos sources rapportent, en effet, que s'étant fait un nom dans son milieu d’activité, K.K, bien trop gourmand, veut encore plus. Il veut que sa popularité devienne écrasante pour ses concurrents, et par la même, aider à étoffer davantage son costume financier. C'est tout à fait normal. Car, qui ne veut pas avoir mieux et encore mieux ? Sauf que lui, au lieu de bosser à cela, il opte plutôt pour la voie du mysticisme. Et pour cela, il trouve qu'un marabout peut bien faire l'affaire. Un de ces zigotos qui pensent pourtant faire le beau temps pour les autres, et qui paradoxalement, sont noyés sous les trombes de la misère. Un de ces vendeurs d'illusions ou encore « V.I » qui vous font rêver à vous bâtir un château, pendant que lui-même a des nuits agitées dans un entre-coucher à la toiture qui « baille ». Et ce, dans un quartier où les populations sont habituées à un seul repas dit « mort subite ». Où la chance de consommer du riz au poulet crevé, donne lieu à des moments de réjouissance, défiant même le « paquinou » du Baoulé ». En tout cas, pour K.K, ce sont les autres qu'un faux marabout peut rouler dans la farine. Pas lui. Son marabout à lui est certes un paumé, mais il ne manque pas de lui donner l'assurance de faire de lui, un styliste mondialement connu, comme les Paco Rabanne et autres. Et oui, K.K n'a plus rien à faire à se comparer à ses collègues d'ici, qui pour lui, sont juste des « Tôklô ». Ainsi, il part d'Abidjan et va rejoindre à Akoupé, son marabout qu'il prénomme Seydou. Il sollicite donc les services de ce dernier, pour qu'il lui offre la gloire. Alors pour ce travail d’occultisme, le marabout lui demande de l'argent jusqu'à atteindre la somme de 2 500 000 F Cfa. Et après chaque réception de sommes d'argent, ledit marabout, vêtu d'une jupe de raphia, soumet son client à des rituels ridicules. Le corps enduit d'un produit tellement puant, qu'on pourrait s'en servir pour faire de la réanimation pour des cas de coma profond. Le prix à payer pour la gloire… Puis, il mâche de la cola dont il propulse des débris de sa bouche bourrée de dents jaunies par une mauvaise alimentation qui ne varie jamais. Et ces débris de cola viennent échouer sur le visage du pauvre styliste qui n'a d'autre choix que d'accepter ces saletés. Mais c'est le prix à payer pour devenir célèbre. Après quoi, apprend-on, ce marabout dont le sanctuaire, un véritable bric-à-brac, est bondé de canaris noircis de cornes d'animaux et de décoction malodorantes, se livre à des arabesques se déclinant en un maladroit mélange des danses « Abôdan » des Baoulés et l'obscène « Maplorly » de Dj Arafat. Le même exercice grotesque, il l'impose au styliste à qui, il demande de psalmodier des propos inintelligibles, qui se terminent toujours par une espèce de cri de guerre dans le genre « Gbrouaaaaayi ! ». Tout en remuant vigoureusement la tête. Seulement voilà, après toutes ces séances à donner des contusions, et couronnées par l'exercice honteux d'explosion de gros canaris en plein carrefour, la situation de notre styliste ne change pas dans le positif. Bien au contraire, ça l'air de s'empirer. Ses clients, curieusement, se font très rares comme des orgasmes chez une vieille femme depuis longtemps ménopausée. Pour ne pas dire que c'est la banqueroute chez l'infortuné K.K. Ne voyant rien venir, le pauvre sort enfin de son «profond sommeil », pour comprendre qu'il s'est tout simplement fait avoir par un voyant sans vision. Depuis lors, il traque le marabout aux fins qu'il lui rembourse tout son pognon. Un point, un trait. Mais vraisemblablement, ce gars est bien trop fauché pour honorer une telle volonté. Alors, il ruse avec le styliste, en lui donnant des rendez-vous chaque fois jamais honorés. Puis arrive la date du vendredi 12 avril 2019. Ce jour-là, en effet, rapportent toujours nos sources, lorsque K.K relance pour la énième fois Seydou, pour lui réclamer son fric, ce dernier lui demande une fois encore, de le retrouver à Akoupé. Et que cette fois, jure-t-il, il va rembourser l'argent, et qu'on n'en parle plus. Mais à la vérité, ce marabout n'a aucunement l’intention de rendre son argent au styliste. Il a plutôt un plan : le liquider carrément pour qu'il arrête de l'importuner. Ne le sachant pas, le styliste se met au volant de son véhicule. Direction Akoupé . Et pour l'occasion, il se fait accompagner de son ami, un comptable portant les initiales B.K. Fusil à la place de l'argent… Alors qu'ils sont plus tard en route, le marabout joint K.K. pour lui préciser que le lieu du rendez-vous est à hauteur du cimetière municipal de la ville d'Akoupé. Des moments après, voilà les deux amis à destination, et qui mettent pied à terre. Et alors qu'ils avancent, arrive en face d'eux, le marabout. Pour le styliste, cette fois est certainement la bonne, pour entrer en possession de son magot. Mais il va déchanter. De fait, alors qu'ils sont loin de s'attendre à un tel scénario, les deux hommes venus d'Abidjan voient le marabout soudainement pointer un fusil de calibre 12 dans leur direction. Sans demander leurs restes, les pauvres tournent les talons et s'engagent dans un sprint. Pendant ce temps, Seydou pointe son arme dans leur direction, et ouvre le feu. Si le styliste est chanceux, ce n'est pas le cas de son accompagnateur. Le pauvre, atteint de chevrotines, s'écroule. Fort heureusement, le marabout se garde de venir l'achever. Celui-ci prend plutôt la fuite et s'évanouit dans la nature. Grièvement blessé, le comptable est évacué à l'Hôpital général de la ville.
Saisis peu après de cette tentative de meurtre, des agents de police se rendent à l’hôpital, pour constater les faits. Après s'être fait expliquer ce qu'il s'est passé, ils effectuent une descente au domicile du marabout. Mais ce dernier n'y est pas. Il s'est depuis longtemps barré. Des recherches sont toutefois en cours, pour le retrouver et faire la lumière sur l'affaire. Mais la bêtise que ferait encore le styliste, c'est de ne pas en tirer de leçon.
KIKIE Ahou Nazaire
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