Réclamant sa part d’héritage, il trouve la mort. Akoumia Jean Baptiste a été arraché à l’affection des siens par la volonté de son frère aîné, Akoumia Kouamé Dominique, 41 ans. En plus de sa casquette de planteur, Dominique a la réputation d’être un féticheur. L’affaire se déroule le 25 janvier, à Djakonankro, une bourgade de la sous-préfecture de Serihio, dans le département de Gagnoa.

Le seul tort commis par la victime, qui a été précédée dans la tombe par deux de ses frères pour les mêmes raisons, est d’avoir réclamé son dû à son aîné. Il s’agit d’une plantation d’hévéa de 45 hectares. Après le décès de leur père, la charge revenait à Dominique de s’occuper de ses petits frères. Mais Jean-Baptiste, lui, manifeste très tôt le besoin d’être autonome en formulant cette demande qui enflammera la colère de son grand frère. En décembre dernier, le requérant va commencer à avoir des problèmes de santé.

La médecine moderne ne parvient pas à le remettre sur pied. Ses frères ont recours à des voyants. «Nous avons consulté deux personnes différentes. Tous ont tenu les mêmes propos. A savoir que le responsable de la maladie de Jean-Baptiste est un membre de la famille. Pis, il habite la même maison que nous», témoigne Akoumia Georges, le 11 février à la barre du tribunal de Gagnoa. Il ajoute que pour en avoir le cœur net, ils ont consulté une troisième personne. Il s’agit d’une femme qui s’y connaît dans le mysticisme. «La femme nous a dit clairement que Dominique y est pour quelque chose, dans la maladie de notre petit frère.

Lorsque nous l’avons interrogé, il n’a pas nié les faits », révèle Georges. Toute la communauté villageoise de Djakonankro entreprend alors des démarches auprès du mis en cause afin que celui-ci apporte la guérison au malade. Mais le féticheur refuse de s’exécuter. Toutefois, sur insistance des villageois, il fait venir un canari à l’intérieur duquel il place des décoctions. C’est ce traitement que doit utiliser Jean-Baptiste pour gué- rir, selon lui. Contrairement au résultat attendu, le malade succombe un mois plus tard. Le village se met en ébullition et tente de lyncher l’assassin présumé.

Mais la notabilité le protège avant de le confier à la justice. «Jean-Baptiste n’avait aucun respect pour ma personne. J’ai donc imploré l’âme de notre défunt père pour qu’il vienne le chercher, car j’ai décidé de ne plus jamais m’occuper de lui. J’ai pris de la boisson que j’ai versée par terre », avoue le prévenu, sans remords, après avoir provoqué la mort de son troisième frère. Une pratique que le parquet a qualifiée de charlatanisme ayant occasionné un trouble à l’ordre publique. Le féticheur a été condamné à 18 mois de prison fer me.

Alain Kpapo à Gagnoa

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