Mon album vient de sortir et je "mousse" partout. J'enchaîne les voyages dans la sousrégion. C'est ainsi qu'un richissime homme d'affaires guinéen qui m'a vu jouer au Togo tombe sous mon charme. Après la soirée, il cherche à entrer en contact avec mon manager. Les choses se passent très bien et mon manager signe le contrat pour un spectacle. Il s'agit de l'anniversaire de son épouse qui, selon lui, aime ce que je fais.

De retour à Abidjan, je suis très excité de m'envoler pour la Guinée. Quelques jours plus tard, mon manager me fait signe de m'apprêter car nous devons quitter Abidjan le lendemain. Je suis tellement "enjaillé" que je pète le show avec mes amis pour fêter la bonne nouvelle. Même si nous avons quelques bobos à l'aéroport de Conakry, cela ne nous empêche pas de regagner notre hôtel sain et sauf.

Le soir venu, le chauffeur de notre hôte vient nous chercher et nous voilà chez lui. Waou ! Un domaine avec des chiens de race, des oies, des paons et autres. Tout mon staff reste bouche bée, tellement le coin est paradisiaque. Bref, après quoi, on le rejoint dans le salon d'honneur où il nous demande les nouvelles. Quelques minutes après, il fait signe à sa femme, mais dès qu'elle me voit, c'est l'euphorie.

Tout d'un coup, je suis assailli par toute la famille, amis et connaissances du couple, venus la soutenir. On passe ensuite à table où on nous sert toute sorte de boissons, mais comme leur bissap était bien fait, je m'en mets plein le ventre, sans oublier le jus de gingimbre. Sa femme me dit de faire attention, mais je la rassure en ces termes : "Non, la vieille-mère, il faut damer, je gère, ya fohi". Des heures passent, on coupe le gâteau d'anniversaire et le moment de jouer arrive.

Mais, quand je m'apprête à monter sur le podium dressé au milieu du domaine, je sens des bourdonnements au niveau de mon ventre. "C'est quoi ça encore ?", me suis-je dit. Mon manager s'excuse auprès du boss et je fonce dans les toilettes. À peine je franchis la porte qu'on entend "prrrrrrrrrrrr". Mon ventre tourne à n'en point finir, je "gâte" le coin, mais je dois aller prester car les invités n'attendent que moi.

Mon manager frappe à la porte me faisant signe de me dépêcher. Je m'efforce de couper le "ken" et me voici sur scène. Vous-même vous connaissez le "Sentiment Môkô", je saute, je bouge, je gesticule pour faire honneur au boss et à son épouse. Mais, au bout d'un moment, un "prrrrrrrrrr" tendu se fait entendre. Je veux stopper, mais c'est trop tard, je cède en plein spectacle. Et comme je suis habillé d'un pantalon blanc lin cassé, on pouvait aperçevoir une tâche jaunâtre juste derrière moi suivi d'une odeur.

Mes danseuses qui ont senti la chose me protègent en m'encadrant, mais le "drap" a déjà pété car tout le monde a remarqué cela. La honte s'empare de moi et si certains invités se moquent de moi, d'autres au contraire ont de la compassion pour moi. Mieux, une fan est venue me donner un pagne pour me couvrir les fesses. Le boss et son épouse me consolent et augmentent même mon cachet. Depuis ce jour, l'épouse du boss m'a surnommé "Y a fohi". Je quitte alors la Guinée plus tôt que prévu.

Aboké Guyzo

Source : Go Magazine