Coqueluche de la nouvelle génération du Hip-hop en Côte d’Ivoire, Nash, de son vrai nom, Natacha Flora Sonloue Aka, vient de sortir son deuxième album intitulé ''Gué dans Gué''. Engagée pour la cause féminine à travers sa musique inspirée d’un discours tiré de la rue abidjanaise, celle qui se fait appeler ''la go cracra du Djassa'' nous a accordé récemment une interview. Elle parle de son nouvel opus, de son festival, donne son point de vue sur le lesbianisme, et lève un coin du voile sur sa vie intime.
Tu viens de signer ton retour avec un nouvel album intitulé ''Gué dans Gué''. Comment cette œuvre discographique se porte sur le marché et dans quelles conditions elle a été arrangée?
J'ai ''gbayé'' (chanté) mon deuxième album solo et ça va molo-molo par la grâce de Dieu. Nous sommes actuellement en pleine promo. En tout cas, nous avons enregistré l'album dans un esprit de ''gbonhi'' (famille) et d'enjaillement (joie). C'était vraiment pro.
Que signifie le vocable nouchi ''Gué dans Gué'' ?
"Gué dans Gué" signifie gagnant-gagnant, donnant-donnant. Tu ''sciences'' (pense à), je ''science''. Tu m'aimes, je t'aime. On se complète et on ''s'entre-soutra'' (s'entraide). Juste pour dire que les amitiés et relations à sens unique, on n'en veut plus. On doit s'apporter mutuellement quelque chose. Si on marche ensemble, c'est pour avancer et non pour se nuire.
Comparativement à tes précédents albums, quelle est la particularité de celui-ci ?
La particularité d'abord de l'album, c'est au niveau des arrangements. Car, il faut préciser que pour cet album, j'ai travaillé avec deux arrangeurs dont papa David Tayorault, l'un des ''vié môgôs'' (anciens) de la musique ivoirienne. C'est quelqu'un de très expérimenté, un véritable faiseur de star qui me suit de près. Le second arrangeur c'est mon ''grando'' (''grand-frère''), Patché Madiba qui, depuis le début de ma carrière, a toujours été là pour moi et qui est mon directeur artistique. Il est pétri de talent,qui a apporté une touche particulière et fraîche à l'arrangement en Côte d'Ivoire. Vraiment avec la touche de chacun, vous me verrai dans différents feelings avec plus de maturité et une belle coloration musicale dans cet album, tout en gardant mon ''gbahement Nouchi''.
L'album comporte combien de titres comporte l'album et avec qui as-tu travaillé?
L'album comporte 8 titres. Au risque de me répéter, c'est un album qui a été arrangé par Patché qui a fait mes choeurs aussi et a même fait un featuring dessus, et Papa David Tayorault. Je tiens à leur dire un grand merci pour leur disponibilité, et pour le fait qu'ils aient mis leur studio, leur temps et leur énergie à ma disposition. Dieu seul va leur ''guer'' (donner) ça jusqu'à ''lascalass'' (à l'infini).
Récemment, tu étais en France où tu as rencontré tes ''vié pères'' (parrains) Bony de Ras et Julien Goualo. Qu'en est-il ?
Oui récemment, j'ai fait un tour en France,et j'ai passé un bon moment en compagnie de mon mentor, mon ''côrô' Bony Ras, mon ''vié'' Julien Goualo, Opaha Parigo, et mon ''vié père'' Vilasco ainsi que mon ''vié'' loup Adamo Logobi. Ça été un honneur pour moi de retrouver mes ''vié môgôs''. Et il faut préciser qu'après mes tournées, quand je vais en France, je suis chez mon ''côrô'' Boni Ras. Vraiment, je l'aime beaucoup et je lui dois ce que je suis aujourd'hui dans le mouvement en Côte d'Ivoire. Ça été une vraie formation.
Parles nous de ton festival hip hop Enjaillement. Quel bilan peux tu dresser ?
Le festival hip hop Enjaillement est une plate-forme pour le hip hop ivoirien. C'est une scène qui réunit tous les artistes hip hop de Côte d'Ivoire. Nous avons débuté véritablement en Novembre 2012. Cette année, le festival aura lieu le 20 décembre au quartier Arras, à la place Ernesto Djédjé avec comme têtes d affiches: Smarty, lauréat du Prix Rfi Decouvertes 2013, côrô Kajeem et Nash. Un volet scientifique est aussi prévu. Il y aura à cette occasion des ateliers d'écriture nouchi et hip hop au féminin. Pour ce qui est du bilan, je peux dire qu'il a été positif en dépit des énormes difficultés que nous rencontrons. Surtout que nous organisions ce festival sur fonds propres. Nous y croyons et nous avançons par la grâce de Dieu avec l'aide de papa François Konian et toute l'équipe de Radio Jam, mon '''viééé môgô'' papa Kenzo et tout le ''gbonhi'' Areel Groupe, qui nous accompagnent depuis le début du festival. Je tiens également à dire merci à Touba Sound à Treichville, à la Rti et à toute la presse écrite ivoirienne et à tous les autres médias qui nous soutiennent... Nous sommes heureux aujourd'hui de savoir qu'en Côte d'Ivoire, on sait désormais qu'il y a un festival de hip hop et même hors des frontières ivoiriennes, les gens en parlent positivement. Mieux, nous sommes même contactés par des artistes étrangers qui désirent participer à notre event.
Selon toi, pourquoi le rap ivoirien a du mal à re-décoller? Et que faut-il faire pour donner un second souffle au hip hop ivoirien ?
Moi, je pense que ce qui ''djobe'' (plombe) le hip hop, c'est le manque d'aide financière, et de solidarité. Il faut que les médias se penchent plus sur le Hip hop ivoirien et que nous mêmes les rappeurs, nous nous prenions au sérieux en nous organisant.
Peut-on savoir tes projets immédiats ?
D'abord, c'est mon nouvel album ''Gué dans Gué'' qui me préoccupe. Je tiens à le faire connaître. A ce propos, nous avons lancé la promo. Ensuite, j'entends sortir les albums de différents artistes et frangins que j'ai produits. Parce que le hip hop, c'est une affaire de famille. Il faut qu'on soit soudé pour pérenniser le festival Hip hop Enjaillement qui est une plate-forme pour toute la famille afin qu'il devienne encore plus grand.
Tu arbores de plus en plus un air de garçon raté. Beaucoup de femmes en sont étonnées voire interloquées. Es-ce que Nash a réellement un homme dans sa vie ?
Hein ! ''Kra ki'' (postérieur) qui est sorti là, malgré ça, je ressemble à garçon ? Vous aussi vous exagérez maintenant. Quel way ? (Qu'y a-t-il?). Côrô (grand-frère), ces femmes sont quoi? ''Interlo'' ''quoi quées''? Vous même, si c est injure. Ça va aller pour elles. Pour revenir à votre question, bien sûr que j'ai un ''môgô'' (homme) dans ma vie bien complet, en bonne et due forme et très ''mougoudibiale'' (efficace au lit) d'ailleurs.
Est-ce un artiste ?
Non, il n'est pas du milieu. Il est très discret et effacé. Et ça, ça m'enjaille. Il me respecte, me gère pro, aime ce que je fais et me soutient énormément.
Quel est le type d'homme qu'il te faut ?
J'ai déjà ça. Le modèle que j'ai actuellement là, me ''fan'' (plait). Je cherche pas pour le moment. S'il ''zaille'' (déconne), je vais vous faire signe. Pour le moment ''aniwla! Ayeeee télé di!'' (Au revoir et laissez tomber).
Que penses-tu du lesbianisme ?
Tchieu wai ! (Interjection pour traduire l'étonnement). Tu as fini avec francoya (français). Lesbianisme, je dis oh si tu dis ''Léléa'' là, ça te fait quoi ? Matin là, tu es sur moi ''gnanhan conhan'' ( Harceler). Ok, tu sais dans la vie, chacune a sa gamme. Chacune gère son zah (sexualité) comme elle veut. Moi j'ai gué mon ''zagblanou'' à mon ''Mano'' (donné sa sexualité à un homme). Maintenant, je respecte le choix des autres. C'est vrai que c'est versé ''waaa'' (Enormément). Mais bon, je laisse les gens dans leur ''wé'' (vie) et je regarde à Dieu.
As-tu été approchée une fois par une lesbienne ?
Oui, plusieurs fois, j'ai été ''bonbi'' (draguée).
Comment as-tu réagi ?
J'ai ''gnan'' (se fâcher), mais avec la manière. Tu sais, au début, j'étais farouche et je ''djassais foule'' grave (m'énervait), souvent. Ça failli ''djô'' même dans ''gnaga'' (dégénérer en bagarre) mais avec le temps et avec les conseils des côrôs vielles mères et aussi avec ce milieu de show-biz dans lequel tu rencontres toutes sortes de personnes, tu es obligée d'aller doucement. Car, tu as des fans un peu partout. Tout le monde t'aime, les gens écoutent ta musique et tu es un modèle pour beaucoup, et à travers toi, des gens peuvent changer leur vie ou leur façon de voir les choses. Tu donnes de l'espoir aux gens à travers ta musique. Donc tu es obligé de faire attention à tout ce que tu fais et pose comme acte. Tu dois savoir prendre les gens et leur parler. C'est vrai qu'il m'arrive de ''dégammer'' (M'emporter) quelquefois surtout avec certains fans ''micheurs'' (énervants) et des ''braiqueurs'' (dragueurs) farouches. Mais voilà, je fais l'effort sur moi. Aujourd'hui, je vais à l'église. Je suis chrétienne de la Megvie Marcory. Je salue au passage mon prophète Papa Lasme Justin. Ok bref! Vous savez, il est bien de connaître Jésus et la parole de Dieu. Cela m'a apprise à savoir qu'il ne faut pas juger son prochain. Dieu seul est habilité à le faire. Donc moi j'évite de juger. Car, je ne suis pas parfaite, ni mieux que les autres.
A un moment de ta carrière, n'as-tu pas été tentée par les propositions de grandes dames réputées pour leur déclinaison à cette pratique ?
Mais ''vié père'', soyons sérieux. Question ça là, ça commence à me ''wôrô pahé'' (Exaspérer). Tu sais, plus tu te justifies, plus tu t'enfonces et vers la fin, on dirait que les gens me souhaitent cela. Que les gens sachent que je ne changerai pas de style ,ou ma manière de faire ou de vivre pour personne d'autre, à part le seigneur Jésus mon ''soutrassair'' (celui qui m'assiste). Mon homme est fan de mon ''stahilé'' (style). Donc cliquez sur damer.
Autre côté jardin, Nash sait-elle faire la cuisine ?
Oui. C'est qu'elle question ça ?
Quelles sont les spécialités que tu maîtrises ?
Je sais faire sauce claire et gombo. Mais, je veux maîtriser le ''kplébaha'' parce que c'est ma nourriture préférée. C'est trop doux. Ma petite Prisca Raïssa est un vrai cordon bleu. Elle a fini avec cuisine. A vrai dire, il ne faudrait pas que je vous ''trafique' (Mentes). Je me débrouille dans ''gbabougou'' (Cuisine). Je ne suis pas trop en ''pisse'' (Maison). C'est rare même à cause de mon ''bara'' (Métier). Donc cuisiner, c'est ''fouhin fouhin'' (Doucement). Mais ne vous inquiétez pas, je n ai pas encore donné diarrhée à quelqu'un. J'ai fait un ''dabali'' (Mets) que les gens ont apprécié. C'était genre les sauces claires, arachide ou gombo.
Alpha Blondy, Papa Wemba, Mokobé...Qu'est-ce qui fait courir ces célébrités derrière Nash ? Et quel est l'état de vos relations ?
Vous savez, c'est la grâce de Dieu. Etre appréciée par des légendes telles que Papa Wemba et Opaha Alpha Blondy, et une star du hip Hop comme Mokobé, c'est un vrai ''douahou'' (Bénédiction) de Dieu. Nous avons une relation d'ordre professionnel et aussi de père à fille pour certains et de ''grando à filstine'' (Grand-frère à petite soeur) pour d'autres. Ils m'ont adoptée. En tout cas, ce sont des connaisseurs de musique, des détecteurs de talents comme Papa François Konian, Bony Ras et j'en passe. Ils apprécient ce que je fais et ce sont des personnes qui aiment le Nouchi,et tout ce qui est original. Ils pensent aux jeunes ''grigrasseurs'' (qui se débrouillent) comme moi et d'ailleurs, ils me trouvent battante et courageuse. Je rends gloire à Dieu pour ça.
Réalisé par DIARRA Tiémoko
Soir Info
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