Mais comment peut-on se permettre, en tant qu'agent des forces de l’ordre, une dérive au cours même de son service ? Une dérive sexuelle notamment. C'est pourtant ce à quoi s'est adonné un jeune gendarme. Ce déchirement du code de bonne conduite et surtout de la discipline militaire fait aujourd'hui peser un épais nuage sur sa carrière professionnelle. Retour sur une histoire qui épouse tous les contours d'une immoralité choquante.
Nos sources informent que, dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 avril 2015, des gendarmes, au nombre de quatre, tiennent un poste de contrôle au grand carrefour de Koumassi. Un peu plus tard, deux d'entre eux sollicitent auprès du chef de poste, une permission en vue d'aller se désaltérer. C’est là, aux alentours de 1h du matin, que les deux autres, tous des Mdl, voient arriver de Port-Bouët, un taxi-compteur.
Lorsque ce véhicule conduit par Boubacar S. arrive à leur niveau, ils le sifflent. A en croire toujours nos sources, après vérification des pièces afférentes au taxi-compteur, les deux agents des forces de l'ordre demandent aux deux passagères de mettre pied à terre. C'est là que tout se joue. L'une d'elles, qui répond au petit nom de « Béa », a de quoi rendre dingue un moine. Elle a un postérieur proéminent, qui fait tourner la tête au chef de poste. Il demande à la jeune fille sur laquelle il pointe sa kalachnikov, de le suivre. Et tous deux disparaissent au milieu des voitures garées non loin de là.
Mais comment expliquer ce type de contrôle qui dure quasiment une demie-heure ? La camarade de « Béa » n'y comprend rien. Elle veut savoir ce qui lui arrive. Mais l'autre gendarme l'en empêche. Il la somme de rester là où elle est. C'est-à-dire, près de lui. Les instants d'après, voici le chef de poste et la jeune fille qui ressortent de l'endroit où elle a été conduite à l'instant. Elle a le visage défait. Assurément que quelque chose de mauvais lui est arrivé.
Lorsque leur taxi est enfin autorisé à reprendre la route pour Treichville, leur destination, « Béa », pratiquement en larmes, explique tout à sa camarade. Et son récit est hallucinant. A l'en croire, une fois dans la pénombre, au milieu des véhicules, le gendarme lui exige la somme de 2 000 F Cfa qu'elle lui remet. Elle croit que les choses vont s’arrêter à ce seul racket. Que non. Il y a pire qui arrive.
Toujours selon ses propos, l'agent des forces de l'ordre, pointant sa puissante arme à feu sur elle, exige qu’elle dévêtisse la partie inférieure de son corps. Lorsqu'elle s'exécute, le gendarme la retourne, l'empoigne brusquement par la nuque et la courbe. Le reste se passe de commentaires. « Béa » explique qu'il la possède sans retenue. Se permettant pendant la scène, de lui tapoter les fesses qu'il qualifie de déroutantes.
Mais ce qui révolte encore plus la jeune fille, c'est qu'elle précise que son amant d'un soir, l'a possédée, sans même prendre la peine de se « chausser » (porter un préservatif). Comme on le dit de façon vulgaire, « il a fait ça en live ». Devant ce récit affligeant, la camarade de « Béa » est indignée. Et pour elle, les choses ne doivent pas en rester là. Une fois à Treichville, elles saisissent la brigade de gendarmerie. La hiérarchie est immédiatement saisie. Le patron de l'unité qui a fait la désignation de ces éléments cette nuit-là, au grand carrefour de Koumassi, est prié de donner les noms et grades de ceux qu'il a mandatés. Rapidement, les quatre gendarmes en question sont identifiés.
De nos sources, il ressort que ces derniers sont mis en confrontation avec les jeunes filles plaignantes. Tout de suite, en dehors des deux éléments qui s'étaient momentanément absentés pour aller prendre un pot, les deux mis en cause sont identifiés par les jeunes filles. Et « Béa » n'a point de mal à désigner singulièrement son bourreau, le Mdl répondant aux initiales D.D. C'était le vendredi 17 avril 2015. Les faits sont très graves. La hiérarchie décide de plancher sur l'affaire.
Et dans la nuit du mardi 21 avril 2015, nos sources informent qu'elle a pris des décisions concernant ce cas de viol doublé de racket. Il nous revient alors que l'autre gendarme, présumé complice, écope de 30 jours d'arrêt de rigueur. Mais pas que ça. Il pourrait être rétrogradé de trois ans, dans son avancement. Quant au chef de poste, qui lui est accusé du viol, il connaîtra sous peu sa sanction. Mais avant, le mercredi 22 avril, il est conduit au tribunal militaire où il est entendu sur procès verbal. Et au regard de la discipline militaire, notre source indique que D.D risque gros.
KIKIE Ahou Nazaire
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