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12 Déc

ERIC OLOMIDÉ, artiste-chanteur : “Habits de Kouté a mis mon c… dehors”

Eh, histoire d'habits ! Le succès de mon premier album m'ouvre des portes. Les spectacles s'enchaînent. Alors, il me faut avoir beaucoup d'habits au risque de me faire remarquer en portant la même chose. Une semaine durant, j'ai joué pratiquement dans différents coins. Au point que j'ai épuisé toute ma garde-robe. Et comme je dois jouer les heures qui suivent à l'anniversaire du fils d'un puissant gars du pays, je décide d'aller faire des achats.

Mais, j'ai l'embarras du choix. Soit aller dans une grande surface, soit le faire dans le petit magasin du quartier. Mais, si je le fais dans le petit magasin, les gens sauront où je  m'habille. Alors que dans le quartier j’ai toujours fait croire aux gens que tous mes habits étaient importés.

Dans mes réflexions, mon manager me conseille d'aller plutôt au marché de Kouté à Yop parce que là-bas, non seulement les habits sont moins chers, en plus, tous les articles qu'on y trouve seraient originaux. Je ne trouve aucun inconvénient à sa proposition puisque je suis véhiculé et que je ne suis pas obligé de descendre. Puisqu'il connaît mes goûts, il allait tout faire à ma place.

Je prends une douche rapide et nous voici sur les lieux. Je gare ma voiture près de l'église située juste à côte du coin et il fonce. Comme les vitres sont fumées, je mets le fréon et j'écoute de la musique en attendant son retour. Entre-temps, il y a quelques passants qui semblent reconnaître ma voiture, mais comme je tardais à descendre, cela crée une confusion dans leur tête. "Ça-là, est-ce que ce n'est pas Eric Olimidé qui est dans la voiture-là ?" murmurentils avec des gestes, puis ils continuent leur chemin.

Je reconnais certains jeunes de mon quartier à qui je vantais la provenance de mes habits. Quelques minutes plus tard, le voilà de retour avec plusieurs “zangoli”(sape). Il monte et il me les présente. Je suis content car, il connaît vraiment mes préférences. Et pendant que je continue d'apprécier ce qu'il a envoyé, j'aperçois de loin un tee-shirt qui me plaît. Je lui dis d'aller me le chercher, mais sur place, je remarque qu'il tarde parce qu'il n'arrivait pas à s'entendre sur le prix avec le marchand.

Je suis énervé, d'abord parce que j'ai faim, en plus je dois rentrer me reposer avant d'aller à l'anniversaire. Je descends de la voiture pour aller aux nouvelles. Erreur, je suis envahi de partout. "Oh, toi-là, djaaa, c'est ici que tu achètes tes habits ?", "Eh, artiste de Côte d'Ivoire yako !” disaient certains.

Plus loin , "Mais, c'est un V.I (vendeur d'illusions) quoi, au lieu de dire qu'il s'habille à Kouté comme nous, il nous fait croire que ses fringues viennent de bingué, Eric tu es mort avec nous au quartier",  hurlent les jeunes de mon quartier. Je ne sais pas comment ça s'est passé, mais j'ai démarré en trombe, laissant mon manager là-bas. J'ai vraiment eu chaud ! Quand je pense à ça, moi-même ça me fait rire jusqu'ààà !!!

Aboké Guyzo

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