Rue Thomas Edison ou Rue Honda, qui part du carrefour Cap Sud à l'intersection du Boulevard de Marseille. Elle est réputée pour être le ''marché'' des travestis à Abidjan . C'est là où les garçons transformés en femmes vendent leurs charmes. La rue Pierre Marie Curie et celle du Canal, qui séparent l'usine de cacao Saco et le bel édifice de l'Agefop. Ici, c'est le quartier général des prostituées.
La nuit tombée, les demoiselles, belles pour un soir, proposent des parties de jambes en l'air à l'endroit au choix du client. Nous avons passé deux nuits dans ces deux espaces. Il ressort que les travestis ont gagné du terrain, sur le territoire des femmes en Zone 4 et à Biétry.
Jeudi 24 janvier 2013. 21 h. Au carrefour de l'usine Saco, de l'Agefop et de la caserne de l'Onuci, une personne de teint clair, taille moyenne, environ 1m67, sac à main noir, fait des va-et-vient fixant les véhicules qui passent. Peu de gens circulent par contre dans les parages. Nous nous approchons de la personne, qui à première vue, est une fille. Seins, tresses et style vestimentaire nous le font croire. ''Salut la copine, quels sont tes tarifs ? Combien coûtent une pipe et une sodomie ?''. C'est ainsi que nous abordons la prostituée. Réponse automatique, avec un regard pressant. ''5000 francs. 2000 francs pour la pipe et 3000 francs pour la baise'', dit-elle. ''Et la sodomie ?''. Elle précise : ''C'est ça la baise''. Après avoir bien dévisagé la fille, fait attention à sa voix, remarqué ses gestes, nous avons à l'idée que c'est une prostituée.
À la vérité, il s'agit d'un travesti. Ok, quel est ton nom ?''. ''Matenin...''. Il y a 3 à 5 ans en arrière, ce lieu abritait les prostituées. Du carrefour en face de Renault, jusqu'à la Pergola, et surtout avant les rails et devant Mercedes. Le décor n'est plus le même. C'est le nouveau territoite des travestis. Selon un conducteur de taxi, les hommes, une bonne partie, ont quitté Honda pour venir sur le territoire des femmes.
Bagarre entre femmes et garçons
''Un jour même, il y a eu bagarre entre les prostituées et les pédés au niveau de Pergola'', raconte-t-il, le jour de notre premier passage dans la zone, le samedi 19 janvier 2013, vers 23h. ''Ce jour-là, c'était vraiment chaud. On voyait des femmes courir les unes après les autres. On pensait que les filles se battaient pour un client. C'était pour autre chose. Ce sont les pédés (les travestis) qui poursuivaient les prostituées. Elles se plaignaient qu'ils sont venus gâter leur business'', poursuit le taximan. Depuis ce temps-là, il y a environ deux ans, les travestis ont investi le quartier général des travailleuses du sexe.
Depuis, elles se sont repliées vers Renault et Mecedes. Tina explique : ''Notre affaire-là, ce n'est plus comme avant. Les clients sont rares. On ne gagne plus comme avant'', dit-elle d'entrée. Et cette histoire de bagarre ? Tina qui est à l'entrée de la Rue Langevin nous fait un rappel : ''C'est vrai ! Même si je n'étais pas là ce jour-là, on m'a donné des détails sur ce qui s'est passé. On m'a même prévenue. On m'a dit que le carrefour de la Rue du Canal est devenu le coin des pédés. Moi j'ai préféré venir ici''. Pourquoi avoir choisi ce métier-là ? Tina ne veut pas aborder ce sujet, préférant proposer ses services. ''Vous faites des partouzes ?'', questionnons-nous. ''Huummm. Moi, il n'y pas longtemps que je suis dedans, mais on peut s'arranger. Vous êtes combien ?''.''Nous sommes deux garçons''. ''Pour toi c'est, 20.000 francs si je me déplace. Ça, c'est un prix cadeau mon chéri. Avant, ça pouvait aller jusqu'à 50.000 francs. Aujourd'hui, tu es mon premier client. Je vais bien te faire ça''. Qu'est-ce que Tina est prête à faire pendant ces moments de partouze ? ''C'est quelle question ça ? Tout ce que tu veux, ce que vous voulez''. On imagine bien ce dont elle sera capable de faire à deux hommes.
De Thomas Edison à Pierre Marie Curie
Samedi 19 janvier, la Rue Thomas Edison, ce fameux site où les travestis se donnaient en spectacle ne présente plus la même ambiance. Cet endroit aussi sombre, comme d'habitude, ne donne pas l'envie de roder là. Question de sécurité ! Arrivée à la Rue Pierre et Marie Curie, notre équipe de reportage se renseigne auprès d'un vigile. ''Il paraît qu'il y a des travestis ici, les garçons qui font comme les filles là''. Le vigile : ''Mon frère, ce sont eux qui sont ici maintenant. Si tu ne fais pas attention, tu vas tomber sur garçon''. Le constat est clair ce samedi-là. La Rue du Canal grouille de monde. Surtout le long du mur de l'Agefop. Rien que des femmes. Mais, qui est homme, qui est femme ? Elles sont toutes sur leur 31. Les cheveux au vent.
La plupart de teint clair. ''Chéri, je peux bien te sucer'', entend-on, dans un premier temps. ''Joli garçon, c'est moi Pascale. Tout le monde me connaît ici'', confie une autre. ''C'est combien si on va à l'hôtel ?''. La fameuse Pascale s'empresse de répondre : ''Pour toi c'est 10.000 francs seulement''. Pascale se rapproche de plus en plus et nous tire vers un endroit peu discret. ''On peut faire ça ici mon bébé...C'est 5000 francs''. ''On m'a dit qu'ici, il y a des garçons, c'est ce que je veux'', c'est notre réponse. Pascale ajoute : ''C'est nous qui sommes ici maintenant. Il faut faire vite''. Une voiture stationne quelques minutes après. Pascale qui reconnaît le véhicule nous abandonne. C'est le moment de quitter les lieux après autant d'informations recueillies. Fin d'un périple de deux nuits chaudes de la Rue Thomas Edison à la Rue Pierre et Marie Curie en Zone 4, un quartier chic qui héberge des travailleurs du sexe.
Dossier réalisé par ND
linfodrome.com
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