Les différentes crises socio-politiques qu'a connues la Côte d'Ivoire, ont intensifié dans ce pays, de façon inquiétante, le trafic de stupéfiants et de drogues dures. A côté de ce commerce illicite, se développe celui d'organes humains.
A « Washington et à « Boribana », des sous-quartiers précaires d'Abidjan, nous avons fait une incursion dans des fumoirs et temples de vente d'organes humains. Les témoignages sont renversants. En cette journée du mardi 12 février 2013, il est un peu plus de 10h lorsque nous débarquons à l'ancien quartier précaire « Washington », jadis déguerpi par les autorités et reconstruit quelque temps après, par des habitants, la nature ayant horreur du vide. Une ancienne bâtisse y a été transformée en fumoir par des jeunes gens dont l'âge varie entre 25 et 45 ans. Dès que nous franchissons la porte, c'est une chambre crasseuse de 9m2 où des nattes, à même le sol, servent aux drogués, de matelas. Adossés aux murs, assis sur des chaises cassées, ils prennent leurs doses quotidiennes de drogue ou la vendent. L'odeur qui accueille le premier visiteur achève de convaincre sur la qualité des occupants des lieux.
Ces dealers et consommateurs de drogues, attirés par le gain facile, y ont trouvé, leur quartier général (Qg). A cet endroit mal famé, seuls les initiés peuvent l'habiter. Ce sont des ressortissants maliens, guinéens, burkinabé, ivoiriens... qui s'adonnent à la consommation de drogues de tout genre. B.K, un garçon, la vingtaine révolue accepte de se confier à nous à condition que l'on ne fasse pas de prise de vue. Nous le rassurons en rangeant notre appareil photo. Tenant à peine sur ses jambes, il nous raconte comment il en est arrivé à cette situation. « Je suis ici depuis, 2009. Je dors là, c'est chez moi. C'est le boss (un certain John) qui m'a recueilli ici et je vis de mes commissions après la vente de la drogue » explique-t-il.
Quant à O.F, âgé de 36 ans, il dit être au service de John, parce qu'il ne sait pas où aller car selon lui, il n'a aucun parent à Abidjan. « Le matin, quand le boss nous donne les produits à livrer aux clients, il nous donne aussi notre ration quotidienne » confie-t-il. Selon les occupants du fumoir de « Washington », le ravitailleur John est secondé dans sa tâche par un nommé Samson. Ils sont les maîtres d'un autre fumoir, au quartier « Boribana », dans la commune d'Attécoubé. Ils entretiennent ces jeunes en les couvrant de petits cadeaux afin de les maintenir en confiance. C'est dans cet autre lieu où les drogués sont plus nombreux, ce matin-là, que nous apprenons que John et son acolyte s’adonnent à une autre forme de trafic. « A part la vente de drogue, le boss et son ami vendent aussi des parties du corps humain. Cela se fait sur commande. Dès qu'ils ont un client, ils font consommer des drogues dures à un d'entre nous avant de le trimbaler dans un endroit secret. Et après, on n'a plus de nouvelle de ce dernier », révèle G.A, un garçon d'environ 25 ans. Cette victime de la drogue qui était encore luicide pendant notre passage s'élève contre les autorités.
« Depuis plus de dix ans, ils font cela, sans être inquiétés par les flics » dénonce-t-il. Selon des informations en notre possession, certains agents des forces de l'ordre sont complices de John et de son second. « Chaque fois que ces agents viennent, le boss leur remet de fortes sommes d’argent contre leur silence » nous révèle K.H, appelé affectueusement par les plus jeunes, « le vieux loup ». Les crimes commis par ces propriétaires de fumoirs ne se comptent plus. Le dernier en date, à en croire nos sources, se rapporte à un élément des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) découvert mort avec certains de ses organes emportés. Ces faits se seraient passés dans le courant de cette année 2013. Très nantis financièrement avec ce commerce lugubre, John qui n’hésite pas à acheter la conscience de tous ceux qui se mettent sur son chemin, a réussi à éteindre l'affaire.
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