Les populations de M’Badon, village-quartier de la Riviera, dans la commune de Cocody, sont encore sous le choc de la mort tragique de Nanou Affoua N’Gouan Marie Ester Blanche, née le 2 septembre 2011. Cette petite fille enlevée par l’épouse de son père, a été retrouvée morte. De quoi s’agit-il ? 

Nous sommes le mardi 14 mai 2013, à la Riviera-M’Badon. Michelle, la mère de Marie-Ester ( 2 ans environ), remet de l’argent à sa fille aînée âgée de 8 ans et lui demande d’aller acheter des galettes pour elle et sa cadette. Et comme un incendie s’est déclaré chez les voisins, la mère, par précaution, enjoint sa fille aînée d’aller avec sa jeune soeur. Dès que les deux enfants prennent la ruelle qui mène à la vendeuse de galettes, une dame entre en scène. C’est le début d’un scénario tragique dont la réalisatrice n’est autre que dame Tana Philomène, épouse Nanou, née en avril 1968 à Niablé, se disant commerçante et mère de cinq enfants. 

Sortie donc d’une maison inachevée où vraisemblablement elle était embusquée, Tana Philomène qui également gère un temple religieux en tant que prophétesse, nous dit-on, coupe la route aux mômes, avant de leur demander le nom de papa et de maman. A la suite de la réponse de la fillette de 8 ans, Philomène, rassurée d’être tombée sur la « proie » recherchée, entraîne les enfants avec elle. Puis, un peu plus loin, elle remet une pièce de 100 F Cfa à sa petite interlocutrice à qui elle demande de s’acheter des friandises à la boutique d’à côté. Son plan est ainsi actionné. De fait, lorsque le fillette tourne le dos, la dame se dépêche de quitter les lieux avec Marie-Ester. 

Sur leur chemin, plusieurs personnes dont un commerçant nigérian les voient s’en aller.  Ce dernier répondant aux initiales de O.D, taquine la môme en lui demandant où est sa génitrice ? Tana Philomène qui répond, indique qu’elles vont de ce pas la rejoindre. Mais quelques minutes seulement après, c’est l’aînée de Marie-Ester qui accourt en pleurant. C’est qu’elle ne retrouve plus la fameuse dame et sa cadette. Sa mère Michelle ne tarde pas à tout comprendre, quand la description de la fameuse femme lui est faite. Elle joint aussitôt le père de ses enfants qui, lui également, est situé sur l’identité de celle qui a disparu avec sa fille. Il s’agit bien de son épouse Tana Philomène. 

Dès lors, le commissariat de police du 18ème arrondissement est saisi. Interpellée, Mme Nanou Tana Philomène soutient ne rien à voir avec cette affaire. Et d’ajouter qu’elle était plutôt chez son bijoutier à Bingerville. Cependant, notent nos sources, au commissariat de police, elle aurait lancé au visage de Michelle, la maîtresse de son mari, qui la suppliait de lui rendre son enfant : « Tu as eu ce que tu cherchais...» Jusque-là, tous les concernés par cette affaire et même la police croyaient simplement à une sorte de chantage de la part de Tana Philomène, pour que sa rivale cesse de voir son époux. 

Odieuse découverte

Pendant qu’on y est, voilà que les agents de police sont informés de la découverte d’un corps sans vie dans un sac de jute, en bordure de lagune à M’Pouto. Les flics s’y déportent. Ici aussi, la description d’une dame qui s’est débarrassée du sac, est faite par des témoins. Et une fois de plus, elle correspond à Tana Philomène. La prophétesse que Michelle, la mère éplorée qui a un bébé de deux mois seulement, soutient de l’avoir à plusieurs reprises menacée de mort pour les liens amoureux qu’elle entretient avec son époux. Et de plus, elle l’accuse également d’avoir déjà tenté par deux fois, d’enlever Marie-Esther qui sera finalement retrouvée morte après son enlèvement. Vrai ou faux ? Une chose est sure, à toutes ces accusations, dame Tana Philomène, pour l’heure, nie officiellement les faits.

Mais vu que tous les soupçons, faisant d’elle le présumé criminel, convergent vers elle, elle est déférée le vendredi 17 mai 2013, devant le parquet, à Abidjan-Plateau. Le samedi 18 mai 2013, l’innocente petite Marie-Esther Blanche Affoua Nanou, dont l’autopsie du corps a révélé qu’elle est morte par étouffement, a été inhumée au cimetière de Williamsville. Dans son adieu à sa fille, M. Nanou a souhaité que les auteurs du crime, d’où qu’ils viennent, payent à la mesure de leur acte. Nous reviendrons sur cette affaire.

Madeleine Tanou

Soir Info