Appelé à la barre du tribunal des flagrants dé- lits d’Abidjan-Plateau, un homme de teint noir, habillé d’un jeans et d’une chemise pagne et chaussé d’une paire de sandales, se lève du box des accusés. Il se présente devant le juge et ses deux assesseurs. «Gérard Tié Bi Zamblé, 32 ans, vous êtes accusé des faits de viol consommé avec violence sur la personne de K.P, coiffeuse âgée de 18 ans. Au parquet, vous avez reconnu les faits. Que dites-vous aujourd’hui (le 16 septembre, ndlr) ?», interroge le juge. Le mis en cause maintient sa position.
Sans remords, il explique au tribunal comment il a abusé de sa victime. Selon lui, la plaignante l’aurait encouragé à commettre le délit. «M. le président, je reconnais les faits. Mais c’est quelque chose qui ne dépend pas de moi», se défend le prévenu. Le juge ajuste son fauteuil et croise les mains. Il regarde presque médusé le violeur qui explique son acte. Et avec lui, toute la salle qui écoute attentivement le récit.
Les faits se sont déroulés le 30 septembre à 21 heures, à proximité du grand marché de Marcory. «Ce jour-là, je l’ai croisée à Adjamé. Elle m’a dit qu’elle se rendait à Marcory. Avec sa manière de faire et son accoutrement vestimentaire, j’ai senti qu’elle cherchait quelqu’un. Elle est montée dans mon taxi. Nous avons pris la route. Chemin faisant, on causait de tout et de rien. Arrivés à Marcory, elle m’a dit que son rendez-vous a été annulé et qu’elle souhaitait qu’on passe un moment ensemble. On s’est rendus chez moi à Anoumabo.
Mais auparavant, on a pris un verre dans un maquis. Donc nous sommes allés chez moi. C’est là-bas que j’ai fait la chose», relate l’accusé « C’est faux », réplique la victime, soutenue par sa mère. Selon P.K, c’est sous la menace d’une arme blanche qu’elle a cédé aux désirs du prévenu qui « voulait satisfaire sa libido débordante». L’accidentée qui s’est constituée partie civile, a soutenu lors de son audition qu’elle a été abusée par celui qui s’était proposé de lui rendre un service.
Lequel ? «Je n’avais plus d’argent pour rentrer à la maison. Il m’a dit qu’il allait me transporter gratuitement. J’ai accepté de monter dans le taxi », ré- torque-t-elle avant de préciser que les choses n’ont pas tourné rond car le conducteur a pris une autre destination. «Il m’a emmenée chez lui. Je lui ai demandé pourquoi il me conduisait vers un endroit inconnu. Il m’a répondu qu’il voulait que je parte connaître chez lui.
Contre toute attente, il a sorti un couteau et il m’a dit qu’il voulait coucher avec moi. Et si je refusais, il allait me piquer avec le couteau. Je ne pouvais faire autrement que d’exécuter l’ordre», explique la coiffeuse. Elle s’est rendue le lendemain des faits dans une clinique de la place, ajoute-t-elle, en compagnie de sa mère et de sa grande-sœur. «Je me suis fait examiner par le médecin. Il m’a délivré un certificat médical qui atteste que j’ai été victime d’une agression sexuelle », déclare la jeune fille.
Le substitut du procureur soutient la partie civile. Il demande au juge de déclarer le prévenu coupable des faits de viol consommé avec violence et de le condamner à dix ans de prison ferme. Le tribunal suit le parquet dans son ré- quisitoire. L’accusé est donc condamné à dix ans ferme. A sa sortie du pénitencier de Yopougon, il doit remettre à la victime la somme de 500.000 Fcfa à titre de dommages et intérêts.
OM
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