La nouvelle est tombée, hier, en début d’aprèsmidi, dans une torpeur venant en ajouter à la disparition, 48h, plus tôt, de l’animatrice Juliette Anzian: Grand-père est décédé. «C’est qui Grand-Père ?». A cette interpellation d’un collègue, nous faisons vite d’ajouter: «Sôgômansandji»Tra duisez «la pluie matinale». Allusion faite à cette pluie du petit matin qui ne mouille pas qu’une personne ; autrement dit, l’on ne doit pas se moquer du malheur d’autrui.

Tout de suite, c’est la consternation, après que les uns et les autres se sont mis à fredonner le refrain de ce titre à succès du début des années 90. Ce qui était apparu comme une rumeur s’avéra être une vérité ineffable. C’est Valen Guédé, musicien émérite, membre du Comité de gestion du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) que nous avons joint par téléphone, qui nous confirme la nouvelle après s’être entretenu avec le frère aîné de l’artiste. Il confie: «Souffrant depuis des mois d’une infection hépatique, Grand-père est passé par bien de centres de santé communautaires dans la commune d’Abobo.

Son état était devenu relativement stable et encourageant, avant que, contre toute attente, il ne fasse une rechute au point d’être admis, dimanche, au Chu de Cocody où il a rendu l’âme, lundi, à 4h du matin». Grand-Père, grand danseur du milieu des années 1980 de disco et de funky, mais aussi de makossa et zaïko, avait fini par pousser la chansonnette et offrir deux opus aux mélomanes. Il marque la conscience collective et les annales de la musique ivoirienne avec «Sôgômansandji». Il avait même décroché le jackpot car sa chanson avait été choisie par le NG 10, l’équipe de production de la Rti pilotée par Barthélémy Inabo, pour Variétoscope.

Après ce succès fou, l’homme a glissé tout doucement dans l’anonymat. Au début des années 90, il tentera un retour sur la scène et dans les bacs. En vain. Pour garantir son pain quotidien, Grand-Père voguait entre vente de friperie et d’articles divers, avec des fortunes diverses, avant de se transformer en vendeur de «garba», la célè- bre mets populaire ivoirien à base de semoule de manioc (attiéké) et de thon de deuxième choix. Salut l’artiste !

RÉMI COULIBALY

Fraternité Matin