Depuis le 1er août, les mendiants de la ville d’Eskilstuna, non loin de Stockholm, doivent acheter un permis pour être autorisés à faire la manche.
C’est une mesure qui fait parler d’elle en Suède comme à l’étranger. À Eskilstuna, une ville de 100.000 habitants à l’ouest de Stockholm, un permis tout à fait nouveau est expérimenté depuis le 1er août 2019: celui de faire la manche. Facturé 250 couronnes, soit environ 23 euros, et valable trois mois, il est désormais nécessaire pour avoir le droit de mendier dans les rues de la ville.
Pour l’obtenir, les personnes en difficulté doivent se rendre au commissariat ou faire une demande en ligne, en présentant une pièce d’identité en cours de validité. En l’absence de ce permis, mendier devient donc illégal et entraîne une amende pouvant aller jusqu’à 4000 couronnes (environ 372 euros). Depuis le début de l’application de la mesure, trois ressortissants européens ont été épinglés par la police locale et évacués hors des lieux où ils faisaient la manche. Dans le même temps, huit permis auraient déjà été attribués.
Un permis accusé de rendre les mendiants encore plus vulnérables
Cette mesure pousse évidemment à la controverse. Le journal britannique The Guardian rapporte les propos d’un élu social démocrate de la ville, Jimmy Janssonn, membre de l’alliance au pouvoir. Selon lui, le but est de «bureaucratiser» la mendicité pour «faire en sorte qu’il soit plus difficile» de demander de l’argent dans la rue.
Mais c’est aussi le sens de la mesure, défend l’élu.
Choquante en apparence, la démarche nécessaire pour l’obtention dudit permis pourrait, défend l’élu, contribuer à rapprocher les personnes concernées d’organismes d’aide sociale. In fine, cela permettrait de leur attribuer une aide efficace et de les réinsérer socialement. De leur côté, les opposants à cette mesure l’accusent de rendre la mendicité bien plus compliquée pour les personnes immigrées, en particulier des Roms venus de Roumanie et de Bulgarie.
Questions sur le modèle social suédois
La mise en place du «permis de mendier» à Eskilstuna interroge: encadrement de la mendicité ou stigmatisation de la pauvreté et refus de l’immigration? Par ailleurs, depuis décembre dernier, la Cour suprême administrative suédoise a déjà autorisé plusieurs villes du pays à tout simplement interdire la mendicité.
Jimmy Jansson confie au Guardian: «j’entends beaucoup de critiques sur toutes les tentatives de régulation de la mendicité, mais je n’observe pas un même déploiement de force et d’énergie face au constat que, en premier lieu, des gens se trouvent obligés de mendier».
Afin de contourner une éventuelle amende, certaines personnes faisant habituellement la manche ont préféré se procurer des myrtilles pour les «vendre» sur la voie publique, évitant ainsi d’être cataloguées comme mendiantes.
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