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01 Oct

Au Maroc, une journaliste condamnée à un an de prison ferme pour «avortement illégal»

Arrêtés et jugés en même temps qu’elle, son gynécologue a écopé de deux ans de prison ferme et son fiancé d’un an ferme. La journaliste marocaine Hajar Raissouni, 28 ans, a été condamnée lundi à un an de prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage » par le tribunal de Rabat, une affaire qui a suscité l’indignation dans le royaume et à l’étranger.

Arrêtés et jugés en même temps qu’elle, son gynécologue a écopé de deux ans de prison ferme et son fiancé d’un an ferme. Un anesthésiste octogénaire a été condamné à un an de prison avec sursis et une secrétaire à huit mois avec sursis. Les proches de la journaliste ont confié qu’elle allait faire appel, tout comme Me Meriem Moulay Rachid, l’avocate du gynécologue.

« torture » et « preuves fabriquées »

« Ce procès n’avait pas lieu d’être, les accusations étaient infondées : il n’y a ni débauche (relations sexuelles hors mariage, NDLR) ni avortement », a regretté l’avocat de la journaliste, Me Abdelmoula El Marouri, à l’issue du verdict.

Interpellée fin août à l’entrée d’un cabinet médical de Rabat, la reporter avait été soumise à « un examen médical sans son accord », selon elle. Ses avocats avaient assimilé cet examen à de « la torture », pointant des « manquements de la police judiciaire » et des « preuves fabriquées », et plaidé pour sa libération.

Mme Raissouni, qui dénonce un procès « politique », est arrivée à la salle d’audience l’air serein, vêtue d’une djellaba noire, un voile à motifs couvrant sa tête. Journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, elle risquait jusqu’à deux ans de prison en vertu du code pénal marocain, qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l’avortement quand la vie de la mère n’est pas en danger.

« Une affaire de répression politique »

Lors d’une précédente audience, Mme Raissouni avait nié tout avortement, assurant avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé au tribunal. « C’est une affaire de répression politique, de répression d’une opinion indépendante, et une vengeance (contre) sa famille », a dit l’historien engagé Maati Monjib, présent à l’audience.

La journaliste dit avoir été interrogée par la police sur ses proches, son journal et ses écrits. Un de ses oncles est un éditorialiste engagé de Akhbar Al-Yaoum, un autre est un idéologue islamiste opposé au statut de « commandeur des croyants »du roi Mohammed VI. Le parquet de Rabat avait assuré que son arrestation n’avait « rien à voir avec sa profession » mais était liée à une enquête judiciaire visant le cabinet médical.

L’affaire a soulevé des débats sur les libertés individuelles dans le royaume et sur les poursuites judiciaires visant les voix critiques. Pour Reporters sans frontières (RSF), elle est « victime de l’acharnement judiciaire contre les journalistes ». Au Maroc, les arrestations dans les affaires d’avortement concernent en général les praticiens et très rarement les patientes, selon HRW, qui cite Chafik Chraibi, président de l’Association marocaine contre les avortements clandestins.

En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14 503 personnes pour débauche, 3048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortements, selon les chiffres officiels. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations.

Source: LaVoixDuNord

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