Ouverte le 2 août, cette exposition d’arts visuels offre un savant cocktail pictural de deux générations ascendantes d’artistes à l’optimisme enjoué.

La Rotonde des arts contemporains d’Abidjan-Plateau est le théâtre d’une exposition de peinture à quatre mains qui s’étale du 2 août au 2 septembre autour du thème: «Redonnons une chance à la vie».

Ce sont deux peintres, l’un émergent et l’autre qui confirme sa maturité, mais chacun maître dans son domaine, qui subliment les cimaises de la Rotonde. L’expo fusionne l’esprit du Pop’art avec Gbais Obou et la composition démontre sa puissance créatrice avec Yapi Roger. Mais tous les deux expriment un optimisme quant à des lendemains qui chantent, notamment pour une jeunesse africaine urbaine en quête de repères et pas trop souvent aux confluents de plusieurs cultures.

Ainsi, le jeune enseignant des Beaux-arts qu’est Gbais Obou revisite dans ses toiles, fort irisées, le Pop’art, comme dans la musique pop, en utilisant des images populaires par opposition à la culture élitiste dans l'art. Avec un focus sur les jeunes filles, entre modes de vie, entre marchés et écoles, côtés rue, salons de beauté et night-clubs.

Un air de Pop’art sur fond d’une composition humaniste

L'idée fondamentale chez Yapi, c’est la grande synthèse. Lorsqu'on parle de composition avec lui, on observe dans son travail, répartition harmonieuse et équilibrée des masses dans le cadre du tableau, et bien plus, car pour lui, composer, c'est beaucoup plus et bien mieux que cela.

Composer, c'est structurer le tableau, lui insuffler sa vie et sa cohésion en lui conférant sa lisibilité, son intérêt et son originalité, c'est doser chaque élément afin qu'il assume harmonieusement son rôle dans le tout. «L’un et l’autre présentent des peintures urbaines. Yapi sur la thématique des enfants et Gbais sur la condition humaine», in fine, souligne Pr Yacouba Konaté, directeur de la Rotonde.

Brillant coloriste et expert dans la composition (bois, fil de fer) Yapi Roger dénonce «la bêtise humaine». L’inconscience des hommes, telle que pratiquée via l’esclavage, la pollution, les guerres, le manque de pardon qui conduit notre monde à une déchéance certaine inonde ses toiles. L’artiste souhaite pouvoir changer les mentalités et contribuer à la prise de conscience de l’humanité.

Gbais, quant à lui, n’a fait qu’observer autour de lui et retranscrire la condition humaine. «Je me suis inspiré des filles qui se trouvaient autour de moi», consent-il. Des visages connus transposés selon ses aspirations et une technique de graphisme voire de caricature qui captive. La femme a toujours eu une place importante dans l’histoire de l’art, pourrait-on donc en déduire, avec comme fil d’Ariane, par la représentation (La Joconde) ou son génie (Frida Kahlo).

S’il est vrai que les œuvres des auteurs se distinguent, individuellement, au premier regard, la chaleur qu’elles dégagent s’unissent pour mener un seul et même combat: celui de créer l’optimisme, de donner une chance à la vie. Yapi Roger est un artiste plasticien ivoirien formé au Centre artistique Charles Bieth d’Abengourou et au Centre des arts appliqués (Ctaa) de Bingerville. Lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux, il a aussi participé à plusieurs ateliers de formation, colloques, résidences et symposiums nationaux et internationaux pour enrichir son expérience.

Établissement incontournable de la vie culturelle abidjanaise, La Rotonde des Arts est un centre d’art contemporain aménagé par la Fondation Nour Al Hayat et géré par l’association Initiative pour l’art contemporain. Sa direction artistique est assurée par Pr Yacouba Konaté, philosophe et critique d’art, éminente figure du monde des Beaux-Arts ivoiriens, avec l’aide de son collaborateur Yaya Savané décédé en 2014, autre éminence de la scène artistique et intellectuelle.

REMI COULIBALY

Source: fratmat.info