Dans les locaux de Canal+ Côte d’Ivoire, la série réalisée par Alex ogou et nominée au festival de la Rochelle a été projetée hier en exclusivité, en attendant la fin octobre date de la projection sur nos petits écrans.
En mettant bout à bout leurs compétences, Tsk studios en qualité de producteur, Canal+ international, co producteur, Alex Ogou réalisateur, Aka Assi coscénariste et Arnaud de Buchy directeur musical ont réussi à porter à l’écran un phénomène de société propre aux grandes métropoles comme Rio de Janeiro, Kigali. C’est à Abidjan que se passe l’histoire de deux jouvenceaux : Adjara l’ainée a 17 ans, Chaka, 13.
Leur père journaliste a perdu son emploi et retrouve de la contenance en consommant des boissons à fort titre en éthanol. En battant sa femme aussi. Souvent. Puis trop souvent. Quand cette dernière vendeuse informelle est frappée par les campagnes de salubrité, elle se retrouve sans endroit pour poursuivre son chétif commerce. Sans ressource donc. Livrés à eux-mêmes les deux enfants essaient de se débrouiller. Chaka cède à la tentation du gain « facile et risqué » que lui propose Timo, son ami délinquant, autant dire ‘‘Microbes’’.
Microbes, sous l’effet de ces opiacées sémantiques, la population abidjanaise réclame davantage de fermeté : il faut éradiquer le phénomène. D’un côté, on assiste à la prolifération des lynchages de jeunes marginaux, souvent au seul motif qu’ils seraient « microbes ».
Pour refuser cette appellation qui trahit une certaine irresponsabilité des uns et des autres, Invisibles est le titre de substitut qui a été trouvé du côté des autorités, du ministère de la culture et de la francophonie qui aura apporté sa caution à cette forme de lutte contre la délinquance par le truchement de l’art, en se rendant sur les lieux du tournage.
Avec lui, il faut citer la contribution du Premier ministre Ahmadou Gon Coulibaly, de la Marie d’Abobo, commune d’origine de la majorité des acteurs, celle de la fondation Atef Omais, l’Oif, Cfi (pour la formation des acteurs) et bien évidemment de Canal+ international que Touré Karamoko, Dg de Tsk studios et producteur de la série, a tenu à citer et remercier au moment de sa prise de parole, avant la projection.
Après la projection, d’un film où Alex Ogou a eu l’intelligence de faire tenir les rôles premiers par des « gosses » pour qui c’était un baptême de feu et les seconds par des acteurs plus confirmés comme Mahoula Kane, Prudence Maidou et Ahmed Souaney ; pris la précaution d’éviter l’un des travers des films africains en maximisant les figurants pour crédibiliser les scènes (plus de mille) ; laissé installer une musique poétique qu’Universal est prête à distribuer.
Une musique respectant le silence protecteur contre les idées envahissantes et l’angoissant rythme sauvage dont l’on est victime.
Après la projection donc, silence. Une minute de silence où les invités ne disent rien, un silence, véritable moyen d’expression pertinent et signifiant plus que milles mots. Le fait de se taire pouvait être compris comme signe d’intérêt et de participation à l’égard d’un phénomène à implication collective.
Puis le réalisateur Alex Ogoua a expliqué sa méthode de travail préparatoire qui s’est adossé essentiellement sur du vécu en allant à Abobo, sur le terrain, en collaborant avec des Ong pour dans un premier temps réussir un projet citoyen en utilisant de vrais microbes comme acteurs aux fins de les réinsérer. Il a salué la providence qui a permis que tout se fasse sans grand heurt.
Sans grand dommage « grâce au travail qui a été fait en amont » a tenu à préciser la chargée de production Nameita Touré. Canal + international qui est à l’affut des fictions innovantes, des créations originales en Afrique, s’est approprié ce film, et entend lui donner un destin international. Ça commence bien avant même la projection en octobre sur nos écrans, par une participation au festival de la rochelle.
Invisibles, des prix en vue à l’horizon? C’est tout le mal qu’on leur souhaite à Canal qui en attend : « Que ça marque les gens et qu’ils s’y reconnaissent », au réalisateur qui veut : « changer les mentalités et ramener de l’humanité », au producteur qui rêve: « d’un gros succès commercial afin que naisse une économie à partir de cette expérience ».
ALEX KIPRE
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