Elle compte au nombre des artistes contemporains africains les plus cotés. Aida Muluneh, auréolée d’une myriade de distinctions, propose sur les cimaises de la Fondation Donwahi pour l’art contemporain d’Abidjan Cocody Les Deux-Plateaux, depuis le jeudi 20 septembre, une exposition de photographie tant captivante que déroutante. Avec à la clé, une session de formation au profit de 12 jeunes photo-artistes.
Déroutante par la technique d’un éclectisme créatif et captivante par une thématique engagée à présenter un regard neuf sur son Ethiopie natale, l’Afrique et le monde ! Une remise à neuf de l’ordre établi, un peu dans le sillage de l’expo collective itinérante intitulée « Le monde à 9 ».
Aida Muluneh, il importe de l’avouer, conserve une préférence pour la photographie analogique et confie : « Dans ce monde numérique, je pense que chaque photographe doit se salir les mains dans la chambre noire ». Mais, à maints égards, elle se fait artiste conceptuelle. Des portraits surréalistes, des femmes aux visages peints, des mises en scène symboliques aux couleurs crues qui semblent mettre à nu le subconscient… L’exposition, en tout cas, à la Fondation Donwahi, présente des pièces photo-montées de l’artiste, telles un terrain de jeu au sein duquel priment les notions de processus et de plaisir, la relation entre le corps et l’espace ou encore l’expérience de la durée… atemporelle. Un peu comme si la photographe se voulait hyperréaliste. C’est-à-dire qui fait, à la fois, preuve d'une objectivité envers le modèle qu'elle capture, mais aussi paradoxalement, un peu comme les peintres hyperréalistes, en omettant ou ajoutent des détails qui permettent une meilleure lecture globale du sujet, « plus vraie » que la réalité visible. Elle prend, ainsi, position sur des thèmes sociaux, culturels et politiques.
Aida Muluneh, née en 1974 à Addis-Abeba, photographe et cinéaste, après une enfance passée entre le Yémen, l’Angleterre, Chypre puis le Canada, elle s’installe à Washington, où elle obtient un diplôme en Communication, spécialité Film, à la Howard University. Elle vit et travaille aujourd’hui à Addis-Abeba où elle a fondé Desta For Africa PLC, une entreprise visant à offrir des opportunités aux artistes africains. Elle a fondé également le premier festival dédié à la photographie en Afrique de l'Est, Addis Foto Fest. Son travail, portant sur la diaspora africaine, notamment les femmes, et l’image de l’Afrique, est exposé dans le monde entier y compris dans les collections permanentes du Musée Smithsonian à Washington. Ses œuvres ont été présentées à Bamako à l’Institut français en 2015, au Musée d’Art Moderne de Francfort en 2014, mais également dans bien d’autres villes telles que Toronto, Stuttgart, Berlin, Chicago ou New York.
L’artiste qui travaille, par ailleurs, au Re-branding de l’image de l’Ethiopie, est aussi la directrice du Musée d'art moderne/Gebre Kristos Desta Center de l'université d'Addis-Abeba. Elle est coauteure de « Une illusion sophistiquée » (avec l'écrivain et critique d’art Simon Njami), en 2009.
La Fondation Donwahi pour l’Art contemporain a pour objet le développement, la promotion et la diffusion d’activités dans le domaine artistique.
REMI COULIBALY
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