Belle prise que celle réalisée le 13 juin 2018, par le commissaire Blaise Tiègnon, chef de service du commissariat de police du 34 eme arrondissement d'Abobo-Baoulé. Dans cette zone hautement criminogène, où des « enfants en conflit avec la loi », communément appelés « microbes », sévissent impunément, deux d'entre eux se sont fait interpeller, en pleine agression d'un homme, à l'arme blanche.

Au moyen de leurs couteaux, la meute de « microbes » tentait, d'arracher son porte-feuille contenant une forte somme d'argent, à un homme, d'une cinquantaine d'années. Celui-ci, grièvement tailladé, a été sauvé in-extremis par des policiers en faction. Deux « microbes » sont tombés, néanmoins, aux mains de courageux policiers qui les ont conduits au poste. Au commissariat, lors de l’interrogatoire, l'attention du commissaire Tiègnon Blaise est attirée par les « décorations » d'amulettes et autres gris-gris dont ils se sont parés. L'un des microbes portait en bandoulière, une sorte d'écharpe d'amulettes et une ceinture de gris-gris. Les deux microbes passent tout de suite à table. D’abord, ils apprennent à la police, appartenir à un puissant gang commandé par un certain Koné Adama alias Bassame ou le Tche, dont l'un des complices a déjà été déféré en janvier 2018, pour son implication dans multiples agressions, notamment au quartier Kénédy, Klouetcha, Belle-ville, à Abobo. Les deux microbes ont également avoué avoir agressé et dépouillé un préfet et emporté le téléphone portable du fils de cet administrateur civil.

Ils ont, par ailleurs, reconnu avoir participé, en février 2018, en compagnie du sous chef du gang, Ouedraogo Souleymane, à l'agression d'un agent de police en service, aux environs de 23 h à Abobo-N'dotré Sotrapim, emportant son arme de dotation, sa carte professionnelle et son téléphone portable. Comme cerise sur le gâteau de leurs effroyables aveux, ils citent celui qui est leur garant mystique. C'est-à-dire, le grand marabout des microbes d'Abobo. « Tout ce que nous faisons à Abobo, c'est grâce à quelqu'un. Il s'appelle Inoussa Aboubacar, c'est un nigérien, il vend Garba à la gare d'Abobo », lâchent ces jeunes délinquants, devant des policiers totalement décontenancés. Le commissaire Tiègnon Blaise prend alors l'enquête en main, et décide de se rendre, en personne, sur les lieux, avec des éléments, pour procéder à l'interpellation du « préparateur mystique ».

Le vendeur de garba, préparateur mystique des microbes d'Abobo est ainsi tombé aux mains de la police du 34 ème arrondissement. Mais, il n'est pas que préparateur mystique des microbes. Il est aussi et surtout receleur et revendeur de leurs butins. Selon nos sources, avec une certaine froideur, il est passé aux aveux, ajoutant qu'il « collabore avec ces microbes depuis longtemps ». Mieux, il a expliqué aux policiers comment ses amulettes agissaient sur les victimes des délinquants, comment les pouvoirs mystiques de ses gris-gris pouvaient protéger les microbes qui les portent et neutraliser tout le monde, y compris les policiers. Le grand marabout des microbes d'Abobo et sa clique devraient être mis à la disposition de la préfecture de police d'Abidjan, pour continuation des enquêtes.

Armand B. DEPEYLA

Source: linfodrome