C'est un homme désarçonné et encore sous le choc de la mort tragique de son épouse, que nous avons rencontré, le mercredi 4 juillet 2018, à sa résidence, au Rosier Programme 4 , dans la commune de Cocody. Roger Polneau, qui était entouré des membres de sa famille, explique dans cet entretien, dans quelle circonstance, il a appris la mort de sa femme. Il évoque ses derniers instants avec celle qui partageait sa vie depuis plus de 20 ans, et lève le voile sur qui est réellement Pr Sandrine Vallée épouse Polneau.
Comment avez-vous appris la mort de votre femme après sa chute du 13e étage de la Tour C, au Plateau ?
J'étais à la maison quand le téléphone a sonné. Au bout du fil, il y avait quelqu'un qui s'est présenté, et m'a dit qu'il appelait du ministère des Affaires étrangères. C'est lui qui m'a donné l'information de la mort de ma femme. Entre-temps, tout mon voisinage était déjà informé, sauf moi le concerné. J'ai alors poussé un grand cri. C'est ainsi que des gens ont accouru et m'ont ceinturé, pour ne pas que je fasse une gaffe.
Pour vous, votre femme s'est-elle suicidée ou a-t-elle été défenestrée ?
Or !!!!. Je n'étais pas là bas. Je ne peux donc pas vous dire qu'elle s'est jetée volontairement du 13e étage ou c'est quelqu'un qui l'a fait.
Le matin, quand votre femme vous a quitté pour le bureau, est-ce qu'elle présentait des signes suicidaires?
Sandrine s'est bien réveillée, le matin du mardi 3 juillet 2018. Après son bain et son petit-déjeuner, elle a demandé à la domestique de lui ouvrir le portail. En l'ouvrant, celle-ci a profité de l'occasion pour l'informer de ce qui manque en cuisine. Elle a alors répondu que quand elle sera de retour du travail, elle lui donnera l'argent nécessaire pour aller faire le marché. Ce qui veut dire qu'elle ne présentait aucun signe suicidaire.
Qu'est-ce qui peut amener votre épouse à poser un tel acte ?
Je ne sais pas quoi vous répondre. C'est plus fort que moi. Je n'arrive pas à comprendre. Je ne sais pas.
Y avait-il un problème de foyer ?
Non. Il ne peut pas y avoir de problème de foyer entre Sandrine et moi. Tout se passait bien entre ma femme et moi. La maison que nous habitons, je l'ai achetée et l'ai mise à son nom et à celui de ma fille aînée. Tout lui appartient ici parce que c'est ma femme. Il faut prendre des photos pour montrer aux internautes qui racontent n'importe quoi sur les réseaux sociaux. Ils ne savent rien de notre vie de couple, et ils se permettent de dire n'importe quoi sur notre vie privée. J'ai toujours porté un grand amour à ma femme. Je l'aime comme au premier jour de notre rencontre.
Il se raconte qu'elle serait dans un état dépressif. Raison pour laquelle, elle s'est tuée en sautant du 13e étage ?
Évidemment. Elle était dans un état dépressif parce que la ministre de la Santé et de l'hygiène publique refusait de signer l'acte de nomination de mon épouse. Elle avait été nommée chef de service de l'information médicale au Chu d'Angré. Mais depuis, la ministre ne signait pas sa lettre de nomination.Me faisant de la peine, à cause de ce problème, j'ai écrit à la Grande Chancelière, Henriette Dagri Diabaté, afin d'interpeller la ministre. Voici le courrier adressé à la Grande Chancelière (il brandit le document). Le courrier arrivé à la date du 20 mars 2018, a été enregistré sous le N° 0306.
Elle s'est rendue en France, il y a quelques mois pour des soins. De quoi souffrait-elle ?
Elle a été victime d'un accident de la circulation. Lors de cet accident, sa colonne vertébrale a été touchée. Sentant les séquelles après quelques années, elle s'est rendue en France pour des soins, afin de traiter sa colonne vertébrale qui s'est déplacée avec le temps. Elle portait un collier en permanence à cause de ce problème de santé.
Est-ce que vous pensez que votre épouse peut se donner la mort de façon atroce ?
J'étais à la maison lorsque le drame est survenu. Je ne peux donc pas donner d'explication.
Vous avez écrit à la Grande-Chancelière pour l'interpeller sur la non signature de l'acte de nomination de votre épouse. Est-ce cette situation qui l'a poussée à l'irréparable ?
Moi j'ai écrit pour interpeller la Grande-Chancelière sur un fait qui troublait énormément ma femme. Sandrine se plaignait tout le temps de cette situation qui l'embarrassait. Comment peut-on expliquer le fait que les actes de nomination de tous ceux qui ont été promus ont été signés sauf celui de Sandrine ? J'ai donc écrit à Madame Henriette Dagri Diabaté, pour l'interpeller sur cette injustice.
Vous êtes marié au Pr Sandrine Vallée depuis 21 ans. Où vous vous êtes rencontrés pour la première fois, et combien d'enfants elle vous a donnés ?
J'ai rencontré Sandrine à la faculté de pharmacie de l'Université de Cocody. A l'époque, j'étais le président du Meeci de la faculté de pharmacie. Je suis de la même promotion que le ministre Albert Mabri Toikeuse, Hamed Bakayoko… Elle m'a tapé dans l’œil avec son teint clair et son intelligence, et le 12 juillet 1997, on s'est marié en Côte d'Ivoire. Elle m'a donné deux beaux enfants. L’aînée a 19 ans et a obtenu un Bac S en 2017. Elle était, pour l'année académique 2017-2018, inscrite à l'école d'Architecture située à Cocody. Mais sa mère et moi avions décidé de lui permettre de poursuivre ses études en France. Elle est déjà inscrite pour l'année académique 2018-2019 dans une école en France.
Est-ce que Pr Sandrine Vallée était une bonne épouse au foyer malgré son bagage intellectuel ?
Elle était formidable comme femme. Vous êtes passée par sa cuisine, vous avez vu l'état de propreté des lieux. Elle n'aimait pas le désordre, et était très méticuleuse.
Elle était chargée d'études au ministère de la Santé, avant d'être mutée au Chu d'Angré. N'est-ce pas cette mutation qui l'a amenée à commettre l'irréparable ?
C'est une promotion qu'elle a obtenue. Mais son ministre n'a pas fait ce qu'elle devrait faire en signant son acte de nomination. Pr Sandrine Vallée épouse Polneau est la seule professeure agrégée en mathématique et statistique en Afrique. Elle est tombée du 13e étage de la Tour C. On ne sait pas pour le moment, si sa mort est un suicide ou un meurtre. Quelle suite comptez-vous donner à cette affaire ?
Mon épouse est décédée. Ce qui nous préoccupe pour le moment, c'est de faire en sorte qu'elle soit enterrée dignement. La suite dépendra de beaucoup de paramètres. Elle est décédée. Ma femme est très simple. Mais une chose m'intrigue cependant.
Ces temps-ci, il était question que Sandrine et moi partions en voyage. Le voyage était prévu pour la fin de cette semaine. On devrait se rendre en France, chercher les enfants qui y passent leurs vacances, et partir pour l'Israël dans l'optique d'effectuer un pèlerinage. Elle a même pris le soin de payer tous les billets d'avion (il nous montre les copies des billets électroniques). Quelqu'un qui prévoit voyager avec sa famille en Israël, ne peut pas se permettre de se suicider. C'est irrationnel. Il faudra qu'on nous dise quelque chose d'autre.
Selon vous, votre épouse est une femme très simple. Pour vous, a-t-elle donc posé l'acte du suicide ou pas ?
Le moment venu, je répondrai à cette question. Mais pour le moment, je ne peux rien dire.
Quelles sont les démarches entreprises par ses chefs hiérarchiques, depuis sa mort tragique au Plateau ?
Depuis le mardi 3 juillet 2018 que mon épouse est décédée, personne n'est venue ici. Je n'ai vu aucun de ses responsables encore moins ses collègues. Ils ne m'ont même pas annoncé le décès de ma femme, et dans quelles circonstances elle est décédée. Sa jeune sœur est là, elle peut témoigner. Même son ministre ne m'a pas encore saisi officiellement, pour m'annoncer le décès de ma femme.
Apparemment, vous avez des griefs contre les chefs hiérarchiques de votre épouse …
Pas du tout. Mais pour moi, c'est la ministre de la Santé et de l'hygiène qui est responsable de la mort de ma femme. Elle a refusé de signer son acte de nomination.
Quelles sont les qualités que vous appréciez chez votre épouse ?
Mais dit donc. C'est une belle femme et très intelligente. Elle savait me rassurer et me permettre de donner le meilleur de moi même.
C'est une championne. Elle est dynamique et très reconnaissante. J'ai été victime d'un accident vasculaire cérébral. Vu son niveau intellectuel, sa situation sociale, elle pouvait me quitter. Mais jamais cela n'a effleuré son esprit. Contrairement à d'autres femmes de son rang social, elle est restée à mes côtés, et m'a donné de l'espoir et permis d'affronter la maladie. Grâce à elle, je reprends goût à la vie.
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