L’affaire fait actuellement grand bruit à Bouaflé. Un véritable scandale portant sur une usurpation de titre, couronnée par un détournement de fonds, à hauteur de 22 millions de FCfa pompés dans une pharmacie. De quoi s’agit-il ?
A en croire nos sources, tout débute en 2013, lorsque Dr C.K., le pharmacien-titulaire, propriétaire de l'officine située au quartier « Commerce », décide de recruter un assistant capable de le seconder valablement. Pour cela, il fait recours à un cabinet comptable spécialisé dans le domaine. Le cabinet qui répond favorablement, met à la disposition du pharmacien, une jeune dame, à qui nous attribuons les initiales B.N.A, et qui a été présentée comme pharmacienne.
Celle-ci est installée dans ses nouvelles fonctions, le samedi 4 août 2013, par T.O., un responsable dudit cabinet. C’est seulement deux jours plus tard, soit le lundi 6 août, que le patron des lieux rencontre sa nouvelle collaboratrice. Il offre un salaire mensuel cossu à l'assistante engagée. Cela fait, Dr C.K. se retire de la gestion de l’officine, en faisant pleinement confiance au cabinet, ainsi qu’à dame B.N.A., la nouvelle gérante.
Mais plus tard, depuis Yamoussoukro où il réside, Dr C.K. voit ses chiffres d'affaires dégringoler au jour le jour. Ses factures et autres dépenses sont en constante hausse. Mais les entrées de fonds restent toujours insignifiantes. Et cela dure des années déjà. Il décide alors de voir un peu plus clair dans la gestion de sa jeune assistante. Malgré la réticence de cette dernière à l’idée d'un inventaire, le propriétaire de l'officine initie un contrôle, en date du samedi 12 mai 2018.
Au terme de cette opération, C.F., l’informaticien commis à cet effet, découvre un gouffre financier de plus de 13 millions de FCfa. Et cela, outre les corrections et réajustements à hauteur de plus de 9 millions de FCfa. Des corrections faites la veille de l’inventaire par l'assistante, afin de minimiser les écarts. Ce qui n'a nullement échappé à la vigilance de l’informaticien qui remarque aussi un manque de sérénité chez l’assistante, au moment du contrôle.
Ainsi donc, le montant total des préjudices financiers subis par le pharmacien, est estimé à plus de 22 millions de FCfa. Informé, le pharmacien adresse une demande d’explication à sa collaboratrice. Elle qui estime que la faute incombe plutôt aux caissières qui n’enregistreraient pas toujours les sorties de certains médicaments.
Au moment où Dr C.K. est en pleine investigation, pour découvrir l'origine de cette énorme fuite d'argent, sa collaboratrice sollicite des vacances. Ce qu'il refuse naturellement, avant de la convoquer devant le responsable local de l'inspection du travail. Et au cours des échanges, dame B.N.A., coincée, avoue tout ; expliquant même n'avoir en réalité, jamais été pharmacienne.
Dès lors, C.K. saisit le cabinet-comptable. Il demande la rupture de son contrat avec son assistante, au regard ce qui précède et qui engage aussi, la responsabilité du cabinet. Dans sa réponse, le cabinet, plutôt que de consoler le client qui vient ainsi de perdre une fortune, soutient qu'il n'a fait que recommander la jeune dame, sans l'imposer. Comme pour dire que le propriétaire des lieux avait toute la latitude de la refuser. Mais comment pouvait-il vraiment douter d'une collaboratrice régulièrement «recommandée» par un célèbre cabinet-comptable, bien connu pour son expertise en la matière ?
C'est la question que se pose le pharmacien. Plus de 22 millions de FCfa de déficit, sans compter l'énorme salaire mensuel versé, 5 ans durant, à quelqu'un supposé avoir effectué une formation en Russie. C'est l'énorme perte subie par le pharmacien C.K., connu de tous, pour son humanisme et sa générosité à Bouaflé, sa ville natale.
Face à cette situation, ce n’est pas impossible, apprend-on, qu’il porte plainte contre le cabinet, pour lui avoir recommandé un usurpateur de titre. Incapable de donner le moindre conseil en matière de prescriptions médicales, à des clients, qu’elle a d’ailleurs toujours ‘‘fui’’, en se présentant rarement au comptoir.
Si le cabinet a une part de responsabilité administrative dans ce sombre dossier qui alimente aujourd’hui les conversations à Bouaflé, il est clair que tout incombe à dame B.N.A. Qui ne serait pas à son premier acte du genre. Elle l’aurait fait dans une pharmacie à Man et aussi à San-Pedro.
Notons que ce scandale avait mis à mal le fonctionnement normal de l’officine de docteur C.K. Cependant, avec les nouvelles techniques de contrôle qu'il a mises en place, à travers le recrutement d’un nouveau comptable et d’un jeune pharmacien-assistant, régulièrement inscrit au tableau de l’ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, l'officine a pleinement repris.
Quant à l’ex-assistante, elle réside toujours à Bouaflé où elle s’est muée en vendeuse d’attiéké au poisson, devant un des célèbres maquis de la ville. Une affaire à suivre.
Camille SIABA (Correspondant régional)
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