Tel un couperet sans appel, la nouvelle a envahi Abidjan, le vendredi 7 septembre, dès l’aube : « JC Kodjané est décédé cette nuit ». Comme un coup de tonnerre venant rompre la torpeur d’une matinée maussade, cette disparition aussi subite que tragique, a créé une véritable onde de choc sur la Toile, notamment dans le milieu des médias et du showbiz. En effet, même si Jean-Claude Kodjané, depuis près d’une décennie, n’affichait plus sa flamboyance des années 1990/2000, il n’était pas pour autant, un grabataire, ne portant pas, tout aussi une mine patibulaire, en dépit de ses nombreux bobos et ses fréquents séjours hospitaliers.
Hélas, hélas, mille fois hélas, JC, ainsi que toute la planète du showbiz l’appelait avec affection et respect pour son talent ô combien fou, n’aura pas pu, au prix de mille contorsions, à l’image de sa technique spéciale de tutoiement des platines, retrouver l’âge d’or d’une carrière exceptionnelle. Et en toute fulgurance pour atteindre le toit de l’Afrique !
Car, faut-il le noter, avant d’intégrer, aux côtés des Yves Zogbo Junior, Consty Eka, Biram Diawara, Jean-Paul Sven Attéméné, Désiré Adoh, John Jay, Papous Kader… sur la révolutionnaire radio Fréquence 2, sous la houlette d’un certain Pol Dokui, récemment rappelé à Dieu, JC affichait d’impressionnants états de service en qualité de disc-jockey. 3e, 2e puis champion d’Afrique de ce métier d’animation, aux côtés de certains de ses pairs susmentionnés, il était devenu un véritable phénomène sur le continent. De Lomé à Accra, en passant par Douala, Libreville, mais aussi la France d’où il avait appris les rouages avant de revenir au pays, JC, ne laissait point les noctambules insensibles. Au point de faire du Bentley’s Night-club de Cocody Les Deux-Plateaux, un véritable temple de la jeunesse branchée qui y déferlait, entre matinées et soirées dansantes, pour adouber, telles des ouailles envoûtées, le ‘prêtre des platines et du micro ». Entre funk, soul, disco et des mix fort éclectiques, celui que des proches baptisaient le « Japonais noir », allusion faite à ses traits tirés, était une vraie star. De Marcory où il était établi en famille, à la commune de Cocody, plus précisément à Angré où il vécut ses dernières années, JC, ce quinquagénaire à la jouvence impérissable, était un champion.
Russel Lohoré, journaliste et communicant, évoquant les années de feu du feu-follet des platines, se demande s’il n’y a pas une malédiction américaine des as du micro ivoirien ! Allusion faite à Kader Ndaw, décédé, tout aussi, l’an dernier. Car, comme lui, au sommet de sa gloire, il tenta l’aventure du grand rêve américain, au début des années 90. A son retour, en 2004/2005, c’est à la radio de la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire, Onuci Fm qui l’accueille, pour un bref séjour. Idem pour City Fm à Treichville. Plus récemment, c’est à Jam Fm qu’il officiait, sans pour autant abandonner les platines. Il en est ainsi d’un soir de juillet 2017, où il anima avec maestria une soirée rétro au Rooms discothèque en Zone 4 avec son compère Dj Luciano, président de l’Association des Disc-jockeys de Côte d’Ivoire (Adjaci). Qui, du reste, affichait, hier, vendredi, une grande tristesse, même s’il gardait toute sa dignité. Que dire de la soirée fort fiévreuse qu’il donna en septembre 2014, au Life Star d’Abidjan-Plateau… Moses Djinko, journaliste et figure de proue de la presse culturelle et du showbiz, en parle avec une émotion rompue par des sanglots mal camouflés.
L’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (Ujocci), en dépit de sa léthargie, d’Amos Béonaho à Léandre Koffi, en passant par Olivier Yro, Benson Sérikpa qui ont présidé à ses destinées, ont toujours pu, de 2004 à nos jours, ont toujours compté dans leurs bureaux respectifs, JC Kodjané qui avait une vision avant-gardiste de la pratique culturelle.
En janvier dernier, l’animateur Dj, que nous fréquentions au quotidien, à une certaine période, mais qui ne manquait aucune occasion pour célébrer des retrouvailles fraternelles, l’instant d’une rencontre eu égard à des agendas différenciés, nous confiait, avec la foi en Dieu qui ne l’a jamais trahi, à l’occasion de notre anniversaire de naissance : « Il faut dire je t’aime à tous ceux qu’on aime tant qu’ils sont vivants, alors, je commence par toi, en ce jour si spécial, ami et frère… ».
Confession quasi-prémonitoire qu’il réitéra, en mars, lors des obsèques d’un ami commun, Guy Michel, qui partageait cette même passion pour la danse et la joie de vivre, accidentellement disparu. Hélas, comme lui, comme Zêrê ou encore Désiré Niamké, des disc-jockeys d’exception qui ont marqué, en près de 50 ans, les mélomanes ivoiriens, JC (que nous appelions Jésus-Christ, sans blasphème aucun), retourne donc les rejoindre dans le sein du Père-céléste, car ayant toujours gardé la foi en son Fils… Jésus-Christ de Nazareth. Adieu la star au sourire…éternel !
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