C’était chaud ce vendredi 7 septembre 2018 à Adjamé Village.
Pour cause : les populations de ce village Atchan reliant les communes d’Adjamé et du Plateau ont eu maille à partir avec les forces de défense et de sécurité qui encadraient une manifestation qu’elles avaient lancé très tôt le matin. Le 4e pont d’Abidjan dont les travaux ont été lancés en juillet dernier doit chuter à Adjamé village, village Ebrié reliant les quartiers d’Adjamé et du Plateau. Aussi, les autorités ont décidé du déguerpissement d’une partie importante du village pour la réalisation du projet. Action à laquelle s’opposent les habitants du village qui ont manifesté leur mécontentement dès le lever du jour ce vendredi 7 septembre 2018.
Toutefois, la manifestation « pacifique » qui devait consister en l’obstruction des voix de circulation passant par le village a été empêchée par un important détachement des forces de défense et de sécurité déployées sur les lieux dès les premières heures. A peine entamée, la marche de protestation a en effet été réprimée par les forces de l’ordre qui ont même usé de gaz lacrymogène pour dissuader les populations sorties massivement.
Plusieurs blessés et un cas de blessé par balle ont même été signalés par des sources sur place.
Selon la chefferie, un travail présenté comme une étude d’impact environnemental à laquelle le village avait même apporté sa contribution a effectivement été réalisé. C’est dans l’attente des résultats de ces travaux que, ont-ils fait savoir, il a été porté à la connaissance des populations qu’une opération de dédommagement était en cours à l’endroit des populations impactées par le projet. D'où l'incompréhension et la colère des autorités traditionnelles et des autochtones. Qui estiment par ailleurs que les autochtones ne sont pas pris en compte dans l’élaboration des actions de développement qui pourtant impactent grandement leur vie. Un impact qu’il a justifié au niveau économique surtout dans la mesure où les terres et les eaux pour l’agriculture et la pêche qui constituent l'essentiel des activités du peuple Atchan ne leur appartiennent plus.
Sur la question des dédommagements, Aby Léon, le chef de Cocody-village a expliqué que contrairement à ce qui se dit, aucune ménage impacté par le projet n'a été dédommagé. " Pour revenir au dédommagement, personne n’a été dédommagé. Je vous mets au défi de demander à l’Etat de faire apparaitre le montant qu’ils ont donné à nos parents. On entend par ici et par là qu’on a été dédommagé (…) Personne n’a dédommagé quelqu’un. Un Etat laisse toujours des traces pour l’argent qu’il décaisse. Nous, nous n’avons rien reçu. Nos parents n’ont rien reçu et je le dis très fort parce que je suis né avant qu’Abidjan ne soit développé et je sais de quoi je parle", a t-il assuré.
Alassane SANOU
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