Quelques jours après l'incendie de son domicile à Divo, dans lequel a péri Bahi Yoh Yves, professeur de Svt au lycée moderne 1 de Divo, et tous ses enfants, nous avons rencontré dame Massa Gbahi Joséphine, âgée de 70 ans, mère de l'enseignant. Rencontre qui s'est déroulée au quartier « Jérusalem », au domicile du chef de la communauté bété de Daloa. Communauté ethnique dont sont issus le défunt et sa génitrice. Entretien.
On imagine votre douleur, à l'annonce de la mort de votre fils, dans l'incendie de son domicile...
Quand j'ai appris la nouvelle du décès de mon fils Bahi, j'ai eu envie de mourir. Car, il était mon seul fils qui travaillait et qui s'occupait de moi. J'aurais voulu mourir à sa place.
Vous n'en croyiez certainement pas vos oreilles ?
Je n'ai pas cru au départ. Car il a été difficile pour les parents de m'annoncer la triste nouvelle. Et de plus, je ne suis pas du même village que mon fils, où la nouvelle est parvenue en premier. Je suis mariée dans un autre village, depuis que j'ai quitté son père.
Et comment avez-vous été informée ?
Au départ, on m'a dit que mon fils a eu un grave accident de la circulation. Et qu'il fallait que je me rende immédiatement à son chevet, à Divo. Mais je suis restée dubitative. J’avais plutôt un mauvais pressentiment. Et face à cela, ils ont dû me révéler la terrible nouvelle du décès de mon fils, de ses quatre enfants et de ses trois protégés.
Mais, pourquoi avoir attendu plus d'une semaine après le drame, pour venir maintenant à Divo?
C'est par manque de moyens financiers, pour m'assurer les frais de transport, que j'ai mis tout ce temps avant de venir ici à Divo. Vous savez qu'au village les temps sont très durs. Et personne au village n'a voulu me prêter de l'argent.
Est-ce vrai comme on l'a entendu dire que votre fils Bahi Yo avait une autre femme, en dehors de celle avec qui il est était couple ?
Non ! Moi mon fils m'a dit qu'il n'avait qu'une seule femme. Mais en bon garçon, il a eu un enfant avec une autre femme. Un enfant âgé aujourd'hui 14 ans et qui va en 4ème. Il s'appelle Bahi Franck. Et il est venu ici aux obsèques avec sa mère. C'est vous dire heureusement que les enfants de mon fils ne sont pas tous morts.
Mais pourquoi à Divo ici, vous n'avez pas rejoint la veuve de votre fils au domicile de sa tante, où elle vit en ce moment ?
Je ne connais pas la femme de mon fils. Je ne l'ai jamais vue. D'ailleurs, je n'ai jamais mis les pieds chez mon fils ici à Divo. Si ça n'avait pas été du fait de la mort de mon fils et de mes petits-enfants, je crois que je n'allais pas être là.
Mais vous auriez pu au moins rencontrer votre belle-fille…
Je vous ai tantôt dit que moi je suis logée chez le chef de la communauté bété de Daloa au quartier Jérusalem. Et elle est au quartier Vatican. Toutefois, à mon arrivée, je suis allée la saluer chez ses parents. Mais elle ne s'est pas déplacée pour en faire autant. Ses parents soutenant que mon fils n'a pas doté leur fille.
Comment, de votre point de vue, comprenez-vous la mort tragique de votre garçon ?
Franchement, je n'y comprends rien. Je n'ai ni vu son corps, ni ceux de mes petits-fils. Encore moins visiter sa maison incendiée. On m'empêche d'aller voir les corps à la morgue. Je n'y comprends rien.
Certains évoquent des sorciers qui auraient donné la mort à votre fils, par un incendie qualifié de mystique. Qu'en dites-vous ?
J'y pense également. Et là, je vous promets que si ce sont vraiment des sorciers qui sont derrière tout cela, à mon retour au village, je vais aussi apprendre la sorcellerie, pour venger mon fils.
Votre fils se rendait-il au village de son vivant ?
A ma connaissance, oui. Il s'y rendait et n'avait pas de problèmes avec les villageois. D'ailleurs, il participait à toutes les activités du village. C'était un rassembleur.
Soumaila BAKAYOKO Correspondant régional
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