Le chef-lieu de la région du Guémon était en ébullition lundi. Une situation qui a occasionné d'énormes dégâts. La journée du lundi 26 novembre a été particulièrement agitée et violente dans la ville de Duékoué, capitale de la région du Guémon. Les démons de la violence ont encore pris le pas sur le sens de la retenue des transporteurs de la ville.
En effet, aux environs de 9 heures, une horde de jeunes rabatteurs communément appelés « gnambro », chauffeurs et apprentis-chauffeurs armés de gourdins et d'armes blanches se sont regroupés à quelques encablures du lycée moderne de Duékoué, avant de se ruer sur l'établissement secondaire. Les locaux, le matériel informatique et de bureaux, les documents administratifs et les dossiers des élèves ont été pillés puis incendiés par ces assaillants particulièrement remontés et revanchards.
Cette attaque, injustifiée pour la plupart des habitants de la ville, est en réalité une mesure de représailles dont les causes sont à rechercher dans la grève des enseignants de la semaine dernière. A l'occasion de cette grève des enseignants des établissements secondaires publics, des élèves du lycée moderne de Duékoué se sont rendus dans les établissements secondaires privés de la ville, non concernés par la grève, pour y déloger leurs camarades et chasser leurs professeurs en grève, mais qui y dispensaient les cours.
Cette pratique instituée au sein des élèves de la ville depuis quelques années donne généralement lieu à des débordements. Deux véhicules de transporteurs auraient justement été la cible des élèves à l'occasion de ce mouvement. En réaction à leurs véhicules endommagés, les transporteurs ont décidé de s'attaquer au lycée de Duékoué.
Profondément abattu, le proviseur du Lycée moderne de Duékoué, Djatti Yao Gaston, estime que c'est un désastre, car rien n'a été épargné par les transporteurs. « Rien n'a été épargné. Les salles de classe, la salle des professeurs, le bâtiment administratif, les documents administratifs, la salle multimédia, tout le matériel informatique et les dossiers des élèves ont été saccagés. Quant au foyer, il a été incendié », indique le proviseur, les larmes aux yeux.
Les parents d'élèves s'expliquent difficilement cette réaction des transporteurs dont certains ont des enfants inscrits dans l'établissement. Ils exigent que la lumière soit faite sur cette affaire pour situer les responsabilités. Selon certains parents, l'impunité qui règne à Duékoué depuis les crises successives y fait prospérer des actes de violence. « On nous ramène dix ans en arrière. On avait du mal à faire face aux nombreux besoins du lycée. Avec cette destruction de toute l'administration, on ne sait même plus quoi faire », s'indigne un éducateur qui a souhaité garder l'anonymat.
Le secrétaire général de Préfecture, Mané Abdoulaye, a déclaré ne pas comprendre la réaction des transporteurs, car selon lui, tout peut et doit se régler par le dialogue. Au nom du préfet Sory Sangaré, il a appelé au calme. Il a convoqué ce jour tous les acteurs du système éducatif, les membres de la société civile et les syndicats de transporteurs pour une réunion d'urgence.
Trois élèves blessés au cours de cette vendetta ont été conduits à l'hôpital. Saisie, la police s'est rendue sur place pour le constat et les enquêtes.
SAINT-TRA BI
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