La capitale de la région de Gbêkê était sous haute surveillance dans la matinée d'hier mercredi 10 juillet 2019.
Et pour cause, des chauffeurs de taxi-motos envisageaient de manifester contre l'application de la décision du préfet de région Tuo Fozié, visant à rétablir l'ordre et le respect du code de la route à Bouaké. Afin d'étouffer ce mouvement d'humeur, des dispositifs sécuritaires composés d'éléments de la police, de la gendarmerie, et des forces armées de Côte d'Ivoire, ont été positionnés à la gare routière et dans les différents carrefours stratégiques de la ville où les manifestants se regroupaient en petits nombres. Contacté, Boubacar Souma, président des chauffeurs de taxi-motos, s'est désolidarisé de cette action. « Nous ne nous reconnaissons pas dans cette action qui vise à troubler l'ordre public. Ces taxi-motos agissent pour leur propre compte et non pour notre structure, car je n'ai donné aucune consigne relative à une quelconque manifestation », a-t-il fait savoir. Il a qualifié ‘’d’irresponsable’’, le comportement de ces chauffeurs de taxi-motos. « Ceux qui s'adonnent à ces pratiques en défiant l'autorité doivent être considérés comme des bandits. Ils assumeront leurs actes devant la loi », a-t-il dit. Un manifestant qui a gardé l'anonymat reproche aux autorités de n'avoir pas accordé suffisamment de temps aux usagers des deux et trois roues pour se mettre en règle vis-à-vis des lois de la conduite.
Rappelons que depuis novembre 2018, le préfet de la région de Gbêkê, Tuo Fozié, a lancé une opération de sensibilisation et de lutte contre l'incivisme routier dans toute la région. Cette opération consiste pour les éléments de la police, de la gendarmerie et des forces armées de Côte d'Ivoire (Faci), présents dans les grands carrefours de la ville, à interpeller puis sensibiliser les usagers des engins à deux et trois roues au respect du code de la route et au port obligatoire du casque. Pour s'enquérir de l'effectivité de cette mesure, mardi 9 juillet 2019, M. Fozié et les patrons du grand commandement de la région de Gbêkê, ont effectué une visite de terrain.
En anticipant hier pour étouffer le mouvement d’humeur des chauffeurs de taxis-motos, les autorités préfectorales et sécuritaires ont certainement voulu éviter une récupération de l’action. Bouaké, on le sait, est une ville importante et stratégique. Elle a abrité la rébellion durant plusieurs années. Et à la faveur du programme Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (Ddr), de nombreux combattants de l’ex-rébellion sont retournés à la vie civile. Plusieurs d’entre eux ont choisi l’activité de moto-taxi. Dans un tel contexte, un mouvement d’humeur fut-il de chauffeurs d’engins à deux roues, pourrait rapidement prendre une autre tournure au contour difficilement maitrisable, surtout que ces dernières années, la ville de Bouaké est sujette à des mutineries.
Abdoul CISSÉ, à Bouaké
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