Cette attaque, revendiquée par les talibans, a lieu alors que les Etats-Unis négocient un accord de paix avec l’insurrection islamiste.
Nouveau drame en Afghanistan. Au moins 14 personnes ont été tuées et 145 blessées, « dont une majorité de femmes et d’enfants », dans l’explosion d’une voiture piégée, mercredi 7 août au matin, ont rapporté les autorités. Le porte-parole du ministère de l’intérieur, Nasrat Rahimi, a déclaré qu’il s’agissait d’« un véhicule rempli d’explosifs [qui] a explosé à l’entrée du commissariat de police dans l’ouest de Kaboul à 9 heures [6 h 30, heure de Paris] ». Parmi les morts, quatre sont des policiers et dix sont des civils.
Un grand panache de fumée s’est élevé dans le ciel et « les vitrines d’une vingtaine de magasins, certains à un kilomètre du lieu de l’explosion, sont brisées », a témoigné un commerçant, Ahmad Saleh, ajoutant que sa « tête tourne encore ».
Un journaliste afghan, Zakeria Hasani, cité par l’Agence France-Presse (AFP), explique s’être trouvé « à 400 mètres de l’explosion » et avoir vu « des gens tomber à terre puis courir dans un élan de panique. J’ai entendu des gens hurler. C’était la terreur absolue. J’ai vu des femmes pleurer cherchant désespérément leurs maris ou leurs enfants », a-t-il ajouté.
Les talibans revendiquent l’attentat
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a revendiqué l’attaque sur les réseaux sociaux, ajoutant qu’elle avait été commise par un kamikaze. L’attaque « a été lancée contre un centre de recrutement ennemi. Des dizaines de soldats et de policiers ont été tués et blessés », a-t-il assuré. « L’attaque a eu lieu sur un site où les déplacements de civils n’étaient pas autorisés », a-t-il insisté.
Cet attentat survient alors que les représentants talibans mènent, depuis le 3 août, un huitième cycle de négociations avec les Etats-Unis à Doha. Les deux parties s’étaient d’ailleurs félicitées des « excellents progrès » réalisés et espéraient signer un accord de paix bilatéral.
Si un tel accord venait à se conclure, il ouvrirait la voie à des discussions directes à Oslo entre les talibans et une équipe de négociation formée par le gouvernement afghan. « Les talibans sont un obstacle à la paix, a commenté le porte-parole de la présidence, Sediq Sediqqi. Ils doivent cesser les combats et utiliser l’opportunité de paix fournie par les Etats-Unis, sinon rien d’autre ne les attend que leur extinction. »
Population épuisée
« Les efforts de paix se sont intensifiés ces dernières semaines, tout comme le conflit sur le terrain », a regretté Tadamichi Yamamoto, chef de la Mission d’aide des Nations unies en Afghanistan. Il a appelé « toutes les parties à ne pas intensifier les opérations militaires en pensant que cela leur offrira une position plus forte dans les pourparlers de paix ».
Le poste de police visé est situé dans la partie chiite de la ville, où vit la communauté Hazara, la troisième d’Afghanistan après les Pachtounes et les Tadjiks qui sont sunnites, alors que les préparatifs battent leur plein à l’approche de l’Aïd-el-Kébir, la plus grande fête musulmane. Bravant la peur des attaques, la population se pressait en masse mercredi devant les étals des marchés remplis de victuailles.
Ce énième attentat laisse les habitants de Kaboul épuisés. D’après l’Organisation des Nations unies (ONU), les violences ont fortement augmenté en juillet, le mois le plus sanglant depuis mai 2017, avec plus de 1 500 civils tués ou blessés dans le pays.
La menace de l’Etat islamique
Les images des télévisions afghanes sur place témoignaient de l’étendue des dégâts. Plusieurs bâtiments sont totalement détruits, leurs façades s’étant affaissées. Des murs antiexplosion en ciment ont été réduits en poussières. Des explosions avaient déjà retenti dans la nuit à Kaboul. Les forces spéciales afghanes ont pris d’assaut plusieurs repaires de membres de la branche afghane du groupe Etat islamique, où « étaient fabriquées des vestes explosives et des voitures piégées ».
Selon leur communiqué, l’EI prévoyait de « mener des attentats-suicides à Kaboul ». Par ailleurs, dans la province de Baghlan, dans le nord de l’Afghanistan, les autorités ont affirmé avoir déjoué une attaque mercredi contre un convoi des forces de sécurité vers lequel se dirigeait un véhicule blindé chargé d’explosifs qui a été détruit au lance-roquettes avant d’atteindre sa cible.
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