Il dit se nommer Kassim Bakoyoko. Face à ses interlocuteurs, il se fait passer pour le frère et le conseiller du ministre d’Etat, ministre de la Défense et maire d’Abobo Hamed Bakayoko. Avec une telle « carte d’identité », presque tous ceux que Kassim Bakayoko approche sont à ses pieds. Pour couronner le tout, l’homme détient une carte de visite solide : il est homme d’affaires, proche d’un général de l’armée ivoirienne et a ses entrées chez le ministre des Affaires étrangères.
À bord d’une grosse cylindrée que certains croient qu’il a pris en location, Kassim. Bakayoko va à la chasse de ses proies, loin d’Abidjan, qui semble-t-il est saturée. Dans la ville de Divo (centre-ouest ivoirien) où il dépose régulièrement ses bagages, Kassim bénéficie de la protection des forces de l’ordre locales, selon de sources sécuritaires. Durant donc son séjour, il est flanqué d’éléments détachés. Ayant la confiance totale des uns et des autres, Kassim va montrer son vrai visage.
Courant mai 2018, il joint téléphoniquement K.Y. Félicien, établi dans cette ville et un proche de L.J.G., un adjudant-chef de Police à la retraite. Il lui fait une proposition intéressante. « Je sors d’une réunion de famille. Et on demande à chacun de faire venir trois personnes pour le concours des Douanes. Mais comme j’ai casé tous mes neveux et nièces, j’ai pensé à toi. Je t’offre ma place », a-t-il laissé entendre. Pour cette place au sein des Douanes, Kassim Bakayoko demande la somme d’un million de francs Cfa.
K.Y. Félicien ne voit aucun inconvénient. Vu l’état de grabataire de l’ancien fonctionnaire de Police dont la progéniture broie du noir, Félicien veut apporter son aide à la famille. En clair, c’est une aubaine qu’il faut saisir. Rendez-vous est donc pris. À Abidjan où Kassim dit être établi, une bonne partie du million exigé est versé. Il rassure l’ancien fonctionnaire de Police de ce que dans les mois qui suivent, son fils sera douanier. Six jours après cette rencontre, Kassim revient à la charge pour réclamer le reliquat, au risque d’attribuer la place à une autre personne. Le policier à la retraite se plie en quatre et sollicite de l’aide pour finalement payer le reste du million.
Fin juin 2019, les candidats au concours d’entrée à l’école des Douanes sont soumis au test de sélection. Six (6) mois plus tard, soit en décembre, les résultats sont enfin publiés. C’est la joie contenue chez L.J.G., en attendant de voir le nom de G.L. son fils parmi les admis. Lorsque le candidat en question consulte la liste, point de nom. Joint un peu plus tard pour savoir les raisons de l’absence du nom de G.L., Kassim Bakayoko qui a bien un tour dans son sac rassure l’ancien fonctionnaire et ses proches. « Le résultat que vous avez vu ne concerne pas le concours de juin. C’est celui du concours qui s’est déroulé avant », leur a-t-il lancé pour gagner du temps.
Le père de G.L. n’y croit pas. C’est pourquoi, il dépêche un neveu au Plateau, à l’école des Douanes pour avoir le cœur net. Sur place au Plateau, les responsables confirment que les résultats disponibles sont ceux issus du concours de juin. L.J.G. entre dans une colère noire et exige le remboursement sans délai de son argent. Après plusieurs tentatives, Kassim est enfin joignable. Mais l’homme fait moins de cinq secondes avec son interlocuteur en prétextant une réunion importante avec une autorité du pays. Une autre fois, il a raccroché après dix secondes en arguant qu’il était en réunion avec le ministre (de la Défense, ndlr).
Et de janvier jusqu’en juillet 2019, il va faire balader L.J.G et ses proches et tous ceux qui ont été victimes de ses agissements. Harcelé de coups de fils, Kassim revient à la charge. Le vendredi 2 août 2019, lorsque les envoyés de L.J.G. le relancent, il leur donne rendez-vous le lundi 5 août 2019 en les rassurant que sa femme se chargera de leur remettre l’argent. Le jour du rendez-vous, Kassim Bakayoko ne tient pas parole. Il est injoignable.
L.J.G. et ses proches qui sont à présent convaincus qu’ils ont affaire à un escroc ont saisi les forces de l’ordre qui sont à la tâche pour débusquer Kassim Bakayoko ce ‘’très proche’’ d’un général des Forces armées de Côte d’Ivoire et du ministre des Affaires étrangères. Lorsque le lundi 19 août 2019, nous réussissons à le joindre à plusieurs tentatives, il reconnait effectivement avoir passé un marché avec L.J.G. et promet nous revenir le lendemain mardi 20 août 2019 pour faire le grand déballage. Mais jusqu’au jeudi 22 août 2019, point de Kassim Bakayoko. Pis, il était injoignable. L.J.G. et les autres victimes s’en remettent aux forces de l’ordre afin qu’elles débusquent celui qui est à la base de leur malheur.
M’BRA Konan
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