L'armée nigérienne a subi mardi ses plus lourdes pertes depuis qu'elle est confrontée au défi jihadiste lors de l'attaque du camp d'Inates, dans l'Ouest, qui a fait 71 morts. Le sommet entre la France et les pays du Sahel, prévu le 16 décembre, a été reporté "début 2020".
L'armée nigérienne a subi ses plus lourdes pertes depuis qu'elle est confrontée au défi jihadiste, lors de l'attaque mardi 10 décembre du camp d'Inates, dans l'Ouest, près de la frontière avec le Mali.
"Malheureusement, on déplore le bilan suivant : 71 militaires tués, 12 blessés, des portés disparus, et un nombre important de terroristes neutralisés", selon un communiqué du ministère de la Défense, lu à la télévision nationale mercredi.
"Les combats", qui ont duré trois heures, ont été "d'une rare violence, combinant des tirs d'artillerie et l'emploi de véhicules kamikazes par l'ennemi", a ajouté le ministère, estimant le nombre de "terroristes lourdement armés" à "plusieurs centaines".
Un précédent bilan de source sécuritaire faisait état de plus de 60 morts, précisant que "les terroristes ont pilonné le camp à l'aide d'obus", et que beaucoup de victimes étaient décédées dans des explosions de dépôts de munitions et de carburant.
Assauts jihadistes de plus en plus audacieux
L'ampleur inédite des pertes subies a été ressentie jusqu'au sommet de l'État, alors que le président français Emmanuel Macron doit accueillir samedi ses homologues du Sahel pour "reclarifier le cadre et les conditions politiques" de l'intervention militaire française dans la région.
"Le président de la République, chef suprême des armées, Issoufou Mahamadou, a interrompu sa participation à la Conférence sur la paix durable, la sécurité et le développement en Afrique qui se tient en Égypte, pour rentrer à Niamey suite au drame survenu à #Inates", a indiqué la présidence sur Twitter. Il présidera jeudi une réunion du Conseil national de sécurité, a-t-elle ajouté.
Cette attaque est la plus meurtrière depuis le début de l'offensive jihadiste au Niger, en 2015. Au-delà de ce pays, c'est tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina Faso –, qui est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.
Attaques de plus en plus fréquentes
Mardi, le conseil des ministres nigérien avait prorogé pour une période de trois mois l'état d'urgence décrété depuis 2017 dans plusieurs départements pour lutter contre les attaques jihadistes.
Cette mesure accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d'ordonner des perquisitions de nuit comme de jour dans un domicile. En outre, elle limite les déplacements dans les espaces concernés.
Le nord de la région de Tahoua et la région voisine de Tillabéri sont la cible d'attaques de plus en plus fréquentes, menées par des jihadistes venus du Mali proche.
Depuis octobre, il est formellement interdit aux organisations humanitaires de se rendre dans certaines zones sans escorte militaire.
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