Pour être un caïd, un vrai, Essis Guy Rodolphe l'est. Et ce ne sont pas des preuves matérielles pour le dire, qui manquent.
A l'origine, exposent, en effet, nos sources, Essis Guy Rodolphe, qui s'adonne à des actes de banditisme de tout genre à Tiassalé, est recherché par les forces de police de cette localité. Mais après avoir déjoué quasiment tous les pièges pour échapper aux forces de l'ordre, le voyou commet une imprudence qui finit par le perdre. Il est donc chopé au mois d’août dernier.
Ainsi, il est conduit et gardé au violon du commissariat de police ; le temps de son audition et de son éventuel transfèrement devant les juridictions compétences. Mais c'était sans compter avec l'activisme de ce garçon qui n'entend guère être privé de liberté dans une cellule de garde à vue. Encore moins, se retrouver devant la justice, pour se voir flanqué une peine encore plus corsée de restriction de ses mouvements. Alors, l'idée qu'il nourrit, c'est de s'échapper. Là où les autres renégats de sa trempe ne se hasardent pas, Essis Guy Rodolphe, lui, entend jouer son va-tout, pour se tailler dans la nature. Il monte ainsi son plan et n'attend plus que le bon moment, pour le mettre à exécution. Ce moment-là arrive alors, avec le soir qui s'annonce.
Ce soir-là donc, poursuivent nos sources, les éléments du commissariat de police sont sur le terrain, pour des patrouilles de sécurisation. Toutefois, l'un d’eux est au poste, pour avoir l’œil sur le violon et recevoir des requérants qui pourraient se présenter, et alerter les autres en patrouille, pour leur signifier des cas d'intervention en cas de nécessité. Et à celui-là, depuis le « trou », Essis Guy n'a de cesse de rabâcher les oreilles d'une prétendue soif à la limite du supportable. Il se plaint de ce qu'il a la gorge sèche et qu'il veut étancher sa soif.
Agacé par ces plaintes à n'en plus finir, le flic décide alors d'aller lui acheter de l'eau, juste en face du commissariat de police. A la vérité, le plan d'Essis est en marche. Et la première articulation de ce plan, c'était justement d'éloigner l'agent de police. Et là, grâce à un procédé dont lui seul a le secret, le scélérat réussit à ouvrir la grille du violon duquel il s'échappe. Mais il ne s'arrête pas. L'arme à feu de dotation de l'un des agents, gardée dans un tiroir au poste, il s'en empare et s'emploie à s'échapper des lieux. Au même moment, arrive le policier au poste, avec l'eau. Le voyant, Essis Guy Rodolphe prend la fuite, non sans tirer en direction de l'agent. Fort heureusement, dans cette cavale qui ne lui permet pas d'ajuster la cible, il manque de peu de cribler le policier de balles et de le descendre. Et profitant de la confusion totale créée par les coups de feu qu'il libère, le voyou parvient enfin à ses fins : s'évader. Et en plus, avec une arme à feu qui pourrait donner un peu plus de relief à sa puissance de feu.
L'alerte est aussitôt donnée à ses collègues, par l'agent de police, somme toute encore traumatisé par la mort certaine à laquelle il vient d'échapper de peu, grâce à la maladresse du tireur. Des recherches actives sont immédiatement lancées sur le terrain, en vue de mettre la main sur l'évadé. Mais en dépit de leur bonne volonté, les policiers ne parviennent pas à débusquer l'audacieux fuyard. N'empêche, les investigations pour le retrouver, ne sont pour autant pas estompées. Et ces investigations vont aboutir, grâce à l’erreur du bandit qui refait surface dans la ville de Tiassalé deux mois plus tard.
De fait, le 8 octobre dernier, il est aperçu par un tiers, dans l'un des quartiers de la ville où il croyait être à l'abri. Et cette information, concernant sa présence, est filée de façon discrète à la police. Les agents des forces de l'ordre descendent sur les lieux et l'appréhendent. Bouclé au violon, il est cette fois surveillé comme du lait sur le feu par une cohorte de flics qui ne veulent plus qu'il leur fasse le vilain coup de la fois dernière. Interrogé sur l'arme à feu volée, Essis Guy Rodolphe révèle l'avoir planquée à Dabou. Ville entre-temps, où il soutient avoir posé momentanément ses valises et où il menait tranquillement ses opérations. Et sur ses indications, l'arme de dotation est récupérée à Dabou et restituée plus tard à son propriétaire. Propriétaire qui lui, au demeurant, avait été muté de la ville de Tiassalé, dans l'ordre normal des choses.
Essis Guy prend le chemin du parquet du tribunal de Tiassalé, où il est déféré. Passé après en procès, la justice a la main lourde à son égard. Ainsi, il écope d'une peine de prison de 10 ans, renforcée par d'autres mesures restrictives infligées à des ratés de son genre.
Raphaël ZOHOURI
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