Un éleveur de Goulia, Tahirou Bolé, qui a cédé 30 têtes de bœufs à un autre éleveur, Amad Sidibé, contre un seul volé par son fils, pour lui éviter la prison, s’est finalement rétracté et crié au vol devant le juge, pour tenter de rentrer en possession de son bien perdu.
L’affaire date de plus d’une année. A Goulia, une sous-préfecture du département de Kaniasso (région du Folon), Boukary Bolé, jeune fils du susnommé, est pris en possession d’un bœuf appartenant à un autre éleveur, Amad Sidibé.
M. Sidibé, victime de vols récurrents a perdu une quarantaine de têtes en l’espace de trois ans. Une perte totale qu’il entendait faire assumer au premier voleur sur qui il mettra la main. Et Boukary fut pris sur les faits. Dans la foulée, il reconnaît d’autres vols chez le même propriétaire.
Son père, se refusant, à l’idée de le voir en prison sollicite un règlement à l’amiable. Une transaction est alors ouverte sous les auspices du comité local de règlement des litiges, de la chefferie traditionnelle et des autorités préfectorales.
A l’issue des négociations, Tahirou Bolé accepte de céder 30 bœufs. En sa présence et sur son parc, le soin lui est laissé même de sélectionner les bêtes. C’est après que Amada Sidibé, aidé de six proches, convoie le troupeau en ses enclos, tout en ayant pris le soin d’aviser au préalable les instances ayant conduit les négociations.
Coup de théâtre cependant plusieurs mois après. Contre toute attente, M Bolé se ravise et convoque son collègue Sidibé et ses six autres compagnons devant le parquet d’Odienné, les accusant d’avoir frauduleusement soustrait ses bœufs. Ils sont mis en examen, mais sans mandat de dépôt toutefois.
L’imbroglio est à son comble, jeudi, quand les prévenus sont présentés devant le juge. A la barre, Boukary Bolé, le voleur paradoxalement devenu témoin dans l’affaire, nie ses premières déclarations et ne reconnait seulement le fait de vol d’un seul bœuf.
Mais Sidibé et ses frères s’accrochent aux termes de la transaction, et rejettent l’accusation de vol, soutenus par les témoignages du président du comité local de règlement des litiges et du sous-préfet local. Dans une correspondance, l’autorité préfectorale va rappeler toutes les démarches ayant conduit à l’accord verbal, sur la base duquel l’éleveur Sidibé a été dédommagé. Et qui par ailleurs a évité la prison au fils Bolé.
Le ministère public, à l’issue des débats, a demandé la relaxe pure et simple des mis en cause pour infraction non constituée. Le procureur, Thierry Boby, dans ses réquisitions, a mis en avant la responsabilité du plaignant qui a volontairement consenti l’entente avant de se rendre compte, après coup, qu’il n’a certainement pas fait la meilleure affaire de sa vie.
Il a mis en garde contre ce type d’arrangement informel, rappelant aux populations la possibilité pour elles de se faire accompagner par la justice, qui « n’est pas toujours synonyme de prison », dans leur volonté de règlement à l’amiable des litiges qui peuvent les opposés. Une démarche qui offre selon lui l’avantage de garantir une transaction « juste et équitable ».
L’affaire a été mise en délibéré. La décision du juge est attendue pour le 20 février 2020.
kg/kam
Source: AIP
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