Un riverain lui avait offert de la bière pendant son service pour le remercier de son travail pendant le confinement. L'homme de 46 ans s'est suicidé, il avait reçu une lettre de licenciement la veille.
Il faisait partie de ces "héros du quotidien", de ceux qu'on applaudissait le soir à 20 h, de ceux qui étaient en première ligne face au coronavirus pendant le confinement. Et c'est pour le remercier de son engagement que, le 15 mai dernier, un riverain offre à un éboueur de la société Coved de la bière lors de sa tournée au Fresne-Camilly, près de Caen, dans le Calvados.
Un geste de gratitude qui sera à l'origine d'un tragique fait divers. L'éboueur après cette halte bienveillante sera contrôlé avec son coéquipier au volant de son camion par la police. "On lui aurait trouvé 0,19 g d’alcool par litre de sang", explique Ahmed Benani, délégué CFDT au CSE de la société Coved. "Puis 0,09 une heure après. Mais il n’y a aucun procès-verbal ! Et la direction, appelée sur les lieux, a laissé notre collègue terminer sa tournée. Ok, le règlement nous interdit de boire de l’alcool. Mais s’il était dangereux, il ne fallait pas le laisser reprendre le camion...".
"Après son entretien avec la direction, il s’attendait à un blâme ou une mise à pied, pas à un licenciement aussi expéditif !", rapporte le délégué CFDT. Son coéquipier, également licencié, va contester la perte de son emploi.
La lettre de licenciement à ses pieds
"Il a reçu sa lettre de licenciement le jeudi, le vendredi matin, il a revêtu sa tenue de travail et s'est donné la mort dans le garage de ses parents" rapporte Yannick Martin, élu CGT de la société Coved.
Ses parents ont trouvé la lettre de licenciement, envoyée la veille, à ses pieds. Veuf depuis plusieurs années, il vivait chez eux et laisse aujourd'hui un fils de 18 ans.
Son frère, Pablito Patry, lui aussi éboueur a reconnu, au micro de France Bleu que c'était une erreur : "ils auraient pu lui laisser une deuxième chance ! Mon frère a travaillé sans relâche pendant toute cette période, on était les héros du quotidien. Là c’est le monde qui s’écroule". La société Coved, elle ne souhaite pas commenter cette dramatique affaire.
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