En pénétrant lourdement armé dans son lycée, il y a trois ans, il se rêvait premier "school shooter" de France. Killian va blesser quatre personnes. Il est placé sous contrôle judiciaire, son procès qui devait avoir lieu en mars a été reporté.
"Y a un mec armé dans le lycée, planquez-vous !" Ce 16 mars 2017, les portables vibrent dans les poches des élèves du lycée Tocqueville, à Grasse (Alpes-Maritimes). A 12 h 34, les premiers coups de feu retentissent. Paniqués, les élèves présents au rez-de-chaussée escaladent la grille d'enceinte, se blessant dans leur fuite. D'autres sont coincés dans les étages : sous les indications de leurs professeurs exemplaires de sang-froid, ils appliquent les consignes Vigipirate, se calfeutrent dans les classes et se mettent sous les tables.
L'attentat du 14 juillet 2016, lors du feu d'artifice, à Nice est dans toutes les mémoires. Le cauchemar est-il en train de recommencer ? Ce 16 mars, au lycée de Grasse, le tireur est dans les couloirs. Jusqu'à l'intervention décisive du Raid, pendant trente-cinq interminables minutes, les haut-parleurs du lycée diffusent : "Ceci n'est pas un exercice, c'est un attentat." A l'intérieur, le tireur n'est autre qu'un élève en première L de l'établissement. A 12 h 31, Killian B., 16 ans, s'est introduit muni d'un arsenal de guerre dans son lycée. Killian s'est minutieusement préparé pour son grand jour. Celui où il écrira son nom dans l'histoire comme le premier « school shooter », le premier ado tueur en milieu scolaire de France.
Il a en tête une liste précise d'élèves, "des sous-races", qu'il souhaite abattre Quelques heures plus tôt, avec son pote Lucas R., déscolarisé et âgé de 17 ans au moment des faits, poursuivi pour "complicité", il a volé les armes entreposées chez son grand-père parti faire des courses. Puis, Lucas a déposé Killian à l'arrière de l'établissement. Entré seul, Killian B. est vêtu d'un gilet tactique et lourdement armé d'un fusil à pompe, revolver 22 long rifle, pistolet d'alarme, d'armes de poing, munitions et de grenades d'exercice. Il a en tête une liste précise d'élèves, "des sous-races", qu'il souhaite abattre, car ils le "méritaient". L'un car "il était gay, vraiment efféminé", l'autre car elle "croyait en Dieu", une autre encore car elle "avait dit sur Facebook qu'il était ridicule".
Treize élèves comme à Columbine, ce lycée de Littleton, dans le Colorado où, le 20 avril 1999, deux élèves ont tué douze camarades et un professeur avant de se suicider. Comme à Columbine, Killian a préparé son attaque plusieurs mois à l'avance. Il s'est même filmé en train de faire le tour de l'enceinte du lycée. "Tout ça va brûler, demain, c'est le grand jour, j'aurai ma revanche. [...] Vous avez pas pensé que j'étais sérieux ? Quand vous allez vous prendre des putains de cartouches de fusil à pompe dans votre gueule, on verra ce que c'est, hein ? Bande d'enculés", éructe-t-il.
En 2016, ses parents, alertés par sa petite amie de l'époque, l'avaient emmené chez le psy
Calme et déterminé, Killian B. tire sur un élève, une "racaille " dans le réfectoire. Puis, il se dirige vers les étages à la recherche de sa classe. Il pousse violemment une porte, mais se trompe de classe. Réalisant son erreur, déstabilisé, il referme la porte d'un "Oh désolé, je me suis trompé". Puis il erre dans les couloirs. Le proviseur, Hervé Pizzinat, armé que de son courage et de son sens du devoir, tente de lui faire barrage et de le raisonner. En retour, il recevra un tir de revolver dans le bras gauche. A 15 cm près, c'était le cœur. Pourtant le proviseur connaît bien cet élève moyen, poli et introverti, fils d'un élu municipal de droite du Rassemblement pour la France (RPF).
A la rentrée de 2016, ses parents, alertés par sa petite amie de l'époque, l'avaient emmené chez le psy. Killian avait posté sur YouTube en langage codé une phrase prophétique : "Je vais tuer tous les gens de mon lycée." Le psychiatre n'avait rien relevé d'anormal... Un avis loin de celui de ses camarades qui, eux, le trouvent "bizarre" et le décrivent comme "en marge des autres ", un peu «"sataniste" et "fasciné par les armes". Dans son ordinateur, les enquêteurs retrouveront des montages d'Adolf Hitler, des recherches sur des suprémacistes blancs, tueurs de masse dans des églises noires américaines ou en Norvège. Killian blessera finalement quatre personnes, avant d'être interpellé, une demi-heure plus tard, par le Raid.
Depuis le 2 mars dernier, après trois années à la maison d'arrêt de Grasse où il a passé son bac, il devait comparaître pour trois semaines devant la cour d'assises des mineurs des
Alpes-Maritimes à Nice, pour "tentative d'assassinats" avec Lucas R., poursuivi pour "complicité". Tous deux encourent vingt ans de réclusion criminelle, si la cour retient l'excuse de minorité. Les jeunes victimes, dont certaines gardent des séquelles à vie, souhaitent que justice soit rendue pour "tourner la page, et ne plus entendre parler de cette histoire horrible".
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