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13 Juil

Un enfant de 8 ans chassé du toit familial pour cause de sorcellerie

Il est âgé d’à peine huit ou dix ans, un âge où l’on a autant besoin d’être aimé et protégé par les siens. Pourtant, un jeune garçon serait mis à la rue par sa famille, au quartier Mbota à Pointe-Noire. Il lui est reproché d’être un dangereux sorcier.

Les faits abondamment relayés sur les réseaux sociaux et qui suscitent de nombreux commentaires, se seraient déroulés à Pointe-Noire. Les images qui les illustrent présentent un petit enfant en pleurs, baluchon à la main.

Selon les témoins qui l’ont recueilli, l’enfant aurait confié avoir été chassé de la maison, parce qu’on l’accuse d’être sorcier.

Cet acte aux relents criminels a de quoi interpeller toute la société, sur ce que de plus en plus, instrumentalisés par des pasteurs véreux et aux appétits voraces, de nombreux parents ( très souvent de belles mères ou beaux pères ), n’hésitent pas à rendre responsables de leurs déboires, de jeunes enfants dont on dit qu’ils seraient d’habiles et dangereux sorciers. Ainsi, neveux, nièces, petits-fils ou enfants d’une première union, surtout orphelins de père ou de mère, sont taxés d’être de sorciers.

Quand ces enfants présentent un comportement atypique, une pathologie cérébrale, une infirmité quelconque, voire même une simple dyslexie, ceci-ci est vu comme une affirmation de la sorcellerie dont on les accuse.

De peur d’être violentés certains enfants se sont trouvés contraints d’accepter d’être sorciers et même pour les orphelins, de témoigner dans des églises bondées et sous la pression, d’avoir été à l’origine de la mort de leur père ou leur mère, surtout quand le cas échéant, celle-ci décéda en couche. Ce qui ouvre la voie au bannissement, les aveux obtenus d’un enfant sans repères parfois sous la menace de sa mise à mort sont alors brandis comme une preuve justifiant le bannissement. Sauf que dans lesdites ‘’églisettes’’, le pasteur qui détecte la sorcellerie ne propose pas de traitement, pour en débarrasser l’enfant. Quand il en propose un, les conditions financières pour les séances d’exorcisme sont telles que la famille déjà, aux revenus modestes, doit choisir soit de s’appauvrir davantage, ou de se débarrasser de ‘’l’enfant sorcier’’ qui ne mérite pas que l’on investisse autant d’argent pour lui, surtout qu’il représente un danger permanent.

Battus dans la plupart de cas à la moindre incartade et même pour de fautes qu’ils n’ont pas commises, privés de nourriture ou ne mangeant pas à leur faim, ces enfants qui vivent un véritable supplice au quotidien, sont astreints à toutes les tâches ménagères et même les viles besognes.

Ceux qui vont encore à l’école doivent préalablement s’acquitter de toutes les tâches qui leurs sont demandées, parfois, jusque très tard dans la nuit. Dommage qu’en classe où ils trouvent un semblant de répit, ces élèves qui somnolent très souvent, sont hélas punis par des professeurs qui sont loin de se poser des questions sur cet état de fait.

Face à ces sévices dont ils sont victimes dans la cellule familiale qui s’impose une véritable omerta, les enfants qui le peuvent, trouvent refuge dans la rue. D’autres, notamment les filles à peine pubères, fuguent, sinon s’accrochent au premier garçon qui leur déclare sa flamme. Un départ qui quoi qu’il en coûte, est une véritable libération.

Même si dans certains cas, des commérages qui circulent dans les quartiers appellent tant soi peu à un changement d’attitudes, dans d’autres, surtout lorsque la sanction du bannissement de l’enfant a été prononcée par un pasteur ayant l’onction et dont les parents qui versent dans l’obscurantisme sont des adeptes hautement convertis, il est à craindre que ces actes ne débouchent sur des drames.

Dommage que même quand ils sont saisis de pareilles cas, les services sociaux qui très souvent manquent de tout, ne réagissent pas, ou se contentent de dresser un rapport hélas classé sans suite, faute de disposer de structures de prise en charge desdits enfants. D’ailleurs, le paradoxe typiquement congolais, c’est que les services sociaux qui prennent en charge les enfants dits de la rue, se contentent de les répertorier dans les différents endroits où ils nichent à même la rue, sous les ponts ou les égouts où on leur apporte périodiquement une aide substantielle faite de nourriture et de vêtements fripés, notamment pendant les fêtes, alors que ces enfants aux fortunes diverses mériteraient d’être réellement pris en charge dans le cadre d’une socialisation, tandis qu’en demeurant dans la rue, beaucoup d’entre eux qui déjà vivent de mendicité ou de petits larcins, versent dans le banditisme. Les jeunes filles et même les jeunes garçons sont pour d’autres, à la merci des prédateurs sexuels qui, à défaut de les violer, leur proposent des rapports tarifés, prélude à leur saut dans la prostitution.

Au moment où de plus en plus, de dérives sont notées dans les rapports sociaux vis-à-vis des enfants et même des personnes vulnérables, les services habiletés ont plus que jamais la mission de veiller à la protection de cette catégorie de personnes.

Pour le ministère l’intérieur, une véritable réglementation des lieux de culte s’impose, avec un véritable profilage des soi-disant pasteurs qui pour beaucoup, n’ont de pasteur que l’éloquence qu’ils affichent en lisant la bible et en ‘’parlant en langue’’, signe de leur onction et de leur rapport direct avec Dieu au nom duquel ils accompliraient des miracles. Encore que…

Du coté du ministère de la justice, sur fond de la clameur publique, le procureur se devrait de poursuivre systématiquement les pseudos pasteurs coupables de tels faits dont ils se devraient de justifier la matérialité devant la justice.

Quant au ministère des affaires sociales ou encore celui de la jeunesse, l’heure devrait être à la mise en place de véritables stratégies de prise en charge efficiente de ces enfants en extrême détresse. Non en les abandonnant dans la rue, mais en les plaçant dans des institutions d’où ils s’épanouiront. Cela relève d’une politique gouvernementale qui vise à protéger et à également donner la chance aux plus faibles.

Bertrand BOUKAKA

Source: Les Échos du Congo-Brazzaville

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