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24 Jan

Devenue non-voyante, une coiffeuse garde son talent aux bouts de ses doigts

Assise dans un appartement exigu, samedi 22 janvier 2022 à Yopougon, dame Zopo Marie-Françoise se fait des tresses torsadées de sa longue chevelure. Cette coiffeuse de 42 ans est non-voyante, mère de deux enfants avec deux autres neveux en charge.

Tenir bon, malgré des difficultés épouvantables

Marie Françoise raconte qu’avant de perdre la vue, le 14 mai 2009, elle exerçait le métier de coiffeuse qu’elle rêvait d’exercer depuis la tendre enfance. « J’étais dans mon salon de coiffure en train de travailler et subitement la vue a baissé et j’ai perdu la vue alors que j’étais à six jours de mon départ pour la France pour y exercer mon métier et me perfectionner », relate-t-elle.

Bien qu’étant aveugle, elle explique qu’avant la survenue de la COVID-19, elle arrivait, « avec l’aide de Dieu », à assurer ses charges. Son salon de coiffure lui coûtait 25 000 FCFA par mois, l’eau et électricité revenaient à 12000 Francs. La coiffeuse qu’elle employait lui coûtait 40 000 FCFA et à ses deux apprentis, elle remettait 10 000 à 12 000 FCFA mensuellement.

Avant la crise sanitaire, Marie-Françoise pouvait avoir une recette comprise entre 180 000 et 200 000 FCFA par mois car en plus de la coiffure, elle vendait dans son magasin divers articles notamment des pagnes Baoulé, des mèches et des parfums.

Avec l’avènement du coronavirus et pendant l'isolement d'Abidjan, elle n’arrivait plus à assurer les charges à telle enseigne qu’elle a fini par fermer définitivement son salon de beauté.

Cependant, elle a bénéficié de la part du ministère de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de la Lutte contre la pauvreté, un transfert monétaire mensuel de 25 000 FCFA par mois pendant trois mois, soit un cumul de 75 000 FCFA dans le cadre du soutien du Gouvernement ivoirien aux ménages vulnérables pendant la COVID-19.

La non-voyante Marie- Florence Zopo

Ne pouvant toujours pas subvenir à ses besoins et aux charges de ses employés, la jeune dame effectue un retour à la cour familiale, pour ne plus avoir à assurer la location de magasin. Une pièce de la maison familiale a été donc aménagée pour servir de salon de coiffure où elle exerce seule son métier.

Même avec quelques clientes dans la cour familiale, Zopo Marie-Florence arrive difficilement à assurer ses charges.

Résiliente, malgré le sinistre

En juillet 2021, un incendie survenu dans la cour ravage tout son matériel de travail et ses marchandises. Aujourd’hui, elle est sans domicile fixe avec un enfant. Les autres ont été recueillis par des âmes compatissantes. Son état actuel de santé lui nécessite une intervention chirurgicale.

Malgré ces déboires, Marie-Françoise reste positive. « Le handicap n’est pas un frein, perdre la vue n’est pas perdre la vie. Je souhaite avoir mon autonomisation. Je ne veux pas être un fardeau pour les autres ou quémander. Je suis une femme capable et je peux faire beaucoup de choses », clame-t-elle.

Toutefois, elle emet le souhait de voir des structures de bonne volonté l’accompagner afin de reprendre ses activités et subvenir à ses besoins.

apk/cmas

Source: AIP

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