10 mois après le décès de l’ancien chef du village d’Abatta, la succession pose toujours problème. Les partisans de deux camps s’affrontent. Un rassemblement funéraire a même viré au drame le week-end dernier.
Dans la tradition Atchan, la désignation du successeur d’un chef se fait par les membres de la génération au pouvoir après concertation. Ils choisissent le nouveau chef. Ce dernier reçoit la bénédiction des anciens avant qu’un arrêté ne soit délivré par les autorités compétentes, afin de le légitimer aux yeux de tous. Pourtant à Abatta village, Abito Gahoua, devenu chef depuis le décès de son prédécesseur, est obligé de vivre en dehors du village.
La raison, une dissidence au sein de la génération a choisi un autre chef. Ce dernier, légitime aux yeux de plusieurs jeunes du village, compte bien protéger son trône contre toute tentative de déstabilisation. Le samedi 16 juillet, alors que des partisans du défunt chef se rendaient à ses obsèques, ils ont été accueillis par des quidams armés de gourdins et de couteaux. Un témoin raconte ce qui s’est passé.
« On nous a interdits d’aller au village depuis des mois. Alors nous avons pris des forces de l’ordre afin qu’ils assurent notre sécurité aux obsèques d’Abito Aké André, notre défunt chef. L’enterrement s’est bien passé et nous sommes revenus sur les lieux de la réception. Cependant, les membres des forces de l’ordre qui avaient assuré notre sécurité étaient rentrés. Et c’est là que nous avons été attaqués par des jeunes. Ils avaient des couteaux et des gourdins en main. Nous avons été battus. Moi, j’ai eu le bras fracturé et un autre membre de la délégation a été blessé avec un couteau » raconte à 7info Abito Rémi, membre de la génération au pouvoir.
Selon les témoins, si Abito Gaoua Abra Joseph bénéficie d’un arrêté préfectoral confirmant son statut, Djomo Hyacinthe, lui, a le soutien du député-maire de Bingerville. Chaque camp réclame donc la légalité, origine de ce conflit qui dure depuis des mois. Une épidémie du trône qui pourrait contaminer d’autres localités Atchan dans le district d’Abidjan.
À Songon Agban par exemple, les populations ont procédé à l’intronisation d’un nouveau chef alors que le premier est toujours en fonction. Deux arrêtés différents sont brandis de chaque côté. Un de la préfecture d’Abidjan et un autre de la préfecture de Songon. Les esprits s’échauffent déjà dans la localité et le risque d’affrontement est imminent.
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