On pensait jusque-là, à tort, que la Cie, dans la répression de la fraude sur son réseau, ne bandait les muscles que sur les « alevins » et se conduisait plutôt en poule mouillée, devant les gros poissons. Eh bien, cette structure vient de faire mentir ses détracteurs, en mettant la main sur ce qu'on pourrait appeler un gros bonnet. A savoir, Mehiedine Nehemé et son collaborateur, le nommé Koné. Ils sont respectivement directeur de l’usine Mplast sise en Zone industrielle à Koumassi, et chef de service électricité, au sein de la même entreprise.
C'est quoi cette affaire ? A en croire nos sources, depuis un bon moment, les responsables de la Cie remarquent une véritable faiblesse de résultats, au niveau de la facturation à leur agence de Koumassi. Ils mandatent alors une équipe technique, pour la recherche des causes de cette faiblesse, qui n'est pas faite pour arranger les caisses de la compagnie, et par ricochet celles de l’État. La mission de cette équipe consiste donc à repérer d'éventuels individus s'offrant de l'électricité, sans que cette consommation ne soit enregistrée par un compteur, pouvant alors permettre une facturation efficiente. Forte de sa feuille de route, l'équipe technique, en compagnie d'éléments de gendarmerie, investit le terrain, à Koumassi. Notamment, en Zone industrielle. Nous sommes le jeudi 28 décembre 2017. Et voilà que les investigations que ces agents, rompus à la tâche mènent, les conduisent jusqu'à l'usine dénommée « Mplast ». Sur les lieux, ils constatent de graves anomalies, dans la fourniture de l’électricité à cette société. Un système frauduleux de fourniture de courant électrique, pour tout dire. De fait, ils constatent que dans cette usine, on a carrément abandonné le compteur et on est connecté de façon frauduleuse, sur le réseau électrique de la Cie.
Il apparaît alors que toute la consommation de l'électricité, ici, n'est pas enregistrée par le compteur posé par la Cie. Sur ce, les agents de la Cie et les gendarmes, interpellent Soro Karim, responsable de fabrication, à « Mplast ». Lorsque les faits de fraude lui sont exposés, il répond qu'il n'a rien à voir avec tout cela. Il éclaire que son rôle, c'est la fabrication au sein de l'entreprise. En ce qui concerne donc l'électricité, il prie les agents de la Cie et les gendarmes, de s'orienter plutôt vers Mehiedine Nehemé, le directeur de l'usine. Lorsque les indices tangibles de fraude sur l'électricité lui sont présentés, le directeur de l'usine, coincé, passe sans ambages aux aveux. Il explique que le système de fraude mis en place au niveau de son entreprise, l'est par le nommé Koné, le chef de service électricité. Et de revendiquer que cette basse besogne se fait avec son accord. Les choses sont claires. Mehiedine Nehemé et son collaborateur Koné sont dans de beaux draps. Que peut-il alors se profiler à l'horizon, pour eux ? Une lourde amende et la prison bien entendu. Hors justement, le patron de l'usine n'a guère l'intention d'aller cramoisir au mitard. Et là, il va aggraver son cas, en enfilant le manteau du corrupteur, en plus de celui déjà moins mignon, du fraudeur. Et voilà la proposition indécente que fait Mehiedine Nehemé à ses interlocuteurs: « Je vais vous faire manger à vie. Je vais gérer 63 millions de F Cfa pour le chef du contrôle et 20 millions de F Cfa pour les gendarmes ! ». C'est absolument alléchant, pour les petites gens enclins aux honteux dessous de table. Même si, ça peut faire très mal aux caisses de l’État.
Donc, à toute la communauté. Mais pour le malheur de Mehiedine Nehemé, ses interlocuteurs, à la moralité aboutie, répondent sèchement : « Non merci, nous n'avons pas faim ! ». Et séance tenante, Koné et le patron de l'usine sont arrêtés. Tout comme Soro Karim, pour nécessité d’enquête. Ils sont conduits à la brigade de gendarmerie de Koumassi. Où, à la suite de la plainte régulière pour fraude sur l'électricité, déposée par la Cie, ils sont gardés à vue. La Cie n'entendait pas du tout se laisser attendrir, par les demandes d'arrangements à l'amiable, fournies par Mehiedine Nehemé. Lui, apprend-on, dont le système de fraude élaboré dans sa société, pendant déjà trois ans, a fait perdre à l'État de Côte d'Ivoire, la coquette somme de 150 millions de F Cfa. Ses présumés acolytes et lui passent donc le réveillon de la Saint-Sylvestre, au violon. Le mardi 2 janvier 2018, ils sont « trôlés » devant le parquet, au Plateau.
Mais sur place, Soro Karim est mis hors de cause. Dans son cas, il est établi qu'il n'avait rien à voir avec la fraude sur l'électricité au sein de sa société. C'est donc à juste titre qu'il est libéré. Quand aux deux autres, ils sont placés sous mandat de dépôt. Cela, en dépit de toutes les tractations souterraines, obscures menées par des proches, pour notamment faire libérer au parquet, Mehiedine Nehemé. Vrai ou faux ? En tout cas, lui et Koné sont transférés à la tristement célèbre Maca, dans le cadre d'une détention provisoire. Et des jours plus tard, soit le mercredi 10 janvier 2018, Mehiedine et son collaborateur sont extraits du mitard et conduits pour leur procès, devant le tribunal de première instance, au Plateau. Au terme des débats, tous deux sont reconnus coupables des faits de fraude sur l'électricité. Et en répression, Mehiedine Nehemé et Koné sont condamnés chacun, à 12 mois de prison ferme. Une peine assortie d'une amende de 53 037 755 F Cfa, à verser à titre de dommages et intérêts à la Cie. En sus, chacun d'eux devra payer à l'État de Côte d'Ivoire, la somme de 20 millions de FCfa. Rappelons que chaque année, la fraude sur l'électricité fait perdre plus de 40 milliards de F Cfa à l’État de Côte d'Ivoire. Situation qui constitue un manque à gagner pour les investissements. Mais pas que ça. Il y a aussi que cette fraude, expliquent des responsables de la Cie, entraîne, également, la surcharge des réseaux de distribution, les avaries de matériels de réseau (des câbles qui brûlent, des transformateurs qui explosent, des fusibles qui fondent...), la mauvaise qualité de la tension, la mauvaise qualité de la fourniture, des pannes à répétitions...
KIKIE Ahou Nazaire
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