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31 Mai

Dix-sept crânes humains découverts dans un sac poubelle sur un chantier de démolition à Toulouse

Des ouvriers d’un chantier de démolition ont découvert, mardi après-midi, dix-sept crânes humains dans un sac-poubelle. La police a enquêté. Il s’agirait de crânes soudanais du IIIe siècle après Jésus-Christ.

La découverte fait froid dans le dos. Les ouvriers qui travaillent sur un chantier de démolition, rue Règuelongue, dans le secteur de Saint-Simon à Toulouse ne s’attendaient pas, mardi matin, à la découverte effrayante qu’ils allaient faire.

Dans un hangar, alors qu’ils venaient d’ouvrir la trappe permettant d’accéder à un grenier, ils sont tombés, vers 16 heures, sur un sac-poubelle qu’ils ont ouvert. « Il y avait des choses bien emballées dans des papiers journaux et avec des numéros, relate Christophe Labadie, chef de chantier. Puis on a vu que c’était des crânes. Je ne savais pas quoi faire, j’ai appelé la police. »

Au total, le sac-poubelle renferme pas moins de dix-sept crânes humains. Les ouvriers comprennent vite qu’ils sont anciens puisqu’il n’y a pas de lambeaux de chair, d’odeur de putréfaction et qu’ils sont numérotés.

Issus d’un cambriolage Les policiers quant à eux prennent l’affaire au sérieux et veulent comprendre. Les techniciens de police technique et scientifique du groupe d’enquête criminalistique (GEC) de la sûreté départementale sont dépêchés sur place où ils constatent à leur tour le caractère humain des crânes découverts par les ouvriers. Ils procèdent aux relevés et constatations d’usage.

Les policiers se lancent alors dans une enquête qui les pousse à passer au crible les différentes possibilités. Musées, faculté de médecine… ils passent de multiples coups de fils avant que la mémoire ne revienne à un de leurs interlocuteurs : il repense à un cambriolage, commis en février 2010, au préjudice de l’ancienne faculté de médecine, sur les allées Jules-Guesde, en plein cœur de Toulouse.

Collection saccagée

À cette époque, les locaux avaient été saccagés au cours d’un week-end et une collection de crânes issus d’une nécropole soudanaise du IIIe siècle après Jésus-Christ avait été vandalisée (lire ci-dessous). Dans la pagaille, des crânes avaient disparu.

Une plainte avait été déposée mais elle n’a pas abouti depuis huit ans. La découverte de ces ouvriers, mardi après-midi, va permettre aux enquêteurs de relancer leurs investigations.

Les dix-sept crânes devraient être restitués aujourd’hui aux chercheurs.

Ils avaient été volés au laboratoire d’anthropologie en 2010 Les dix-sept crânes retrouvés par les ouvriers proviennent de la nécropole soudanaise de Missiminia. Les vestiges qui en ont été exhumés constituent le joyau de la collection du laboratoire d’anthropologie, situé sur les allées Jules-Guesde, qui avaient fait l’objet d’un cambriolage en 2010. «Un vol avec effraction avait été commis au 41, allées Jules-Guesde se souvient l’anthropologue Eric Crubézy. Les voleurs avaient mis une panique monstrueuse dans nos collections. Il y avait eu un peu de casse et nous ne savions pas ce qui avait été exactement dérobé. Quelques jours après la police municipale nous avait ramené un crâne, retrouvé pas très loin de l’université. Nous n’avions pas eu de nouvelles... jusqu’à aujourd’hui !»

Professeur en anthropologie, Eric Crubézy faisait partie de l’équipe de scientifiques qui avait mis au jour la nécropole de Missiminia, au Soudan, dans les années soixante-dix.

Une collection inestimable Trois cents crânes avaient été exhumés puis transportés en France pour être étudiés : d’abord à Limoges, puis à Bordeaux avant d’être stockés à Toulouse en 1997 pour enrichir les collections du laboratoire d’anthropologie. «Il s’agit de crânes vieux de deux mille ans, entre le IIIe et le IVe siècle après notre ère pour les plus récents, précise le professeur Crubézy, anthropologue de renommée mondiale. C’est une collection inestimable parce qu’elle rassemble des crânes parmi les plus anciens et les mieux conservés du monde. D’ailleurs parmi les dix-sept crânes récupérés se trouve sans doute celui découvert dans une tombe de chef importante».

S’il existe un petit marché clandestin de vestiges d’êtres humains, Eric Crubézy estime que leur négoce est extrêmement complexe : «C’est difficile parce que ces crânes portent un numéro d’identification marqué à l’encre de chine. Je ne vois pas bien l’intérêt d’essayer de les revendre. Eventuellement à des étudiants en médecine...»

Le professeur Crubézy, qui confie être «un anthropologue heureux», va prendre livraison des dix-sept crânes soudanais ce jeudi matin au commissariat de police pour les remettre dans le dépositaire sécurisé, aménagé à la faculté de médecine des allées Jules-Guesde.

Source: ladepeche.fr

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