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28 Jui

Manager tyrannique et controversé, le père de Michael Jackson est mort

Décédé le 27 juin à l’âge de 89 ans, Joseph Walter Jackson laisse derrière lui l’image d’un patriarche à la main de fer, en très grande partie responsable du succès de ses enfants, celui de Michael Jackson en premier lieu. Si ce dernier n’a jamais réellement semblé lui en tenir rigueur, la route vers le statut de superstar a été pavée de nombreux coups de ceinture et de répétitions interminables.

Les pères de famille qui ont fait de leurs enfants des stars de la musique sont nombreux. Mury Wilson pour les Beach Boys, Mathew Knowles pour les Destiny’s Child et Beyonce… Mais aucun n’a jamais eu la réputation de Joseph Walter Jackson, père des cinq Jackson 5, et donc de Michael Jackson. Violent, colérique, tyrannique… Les adjectifs ne sont pas exagérés. C’est l’image que l’on retiendra de lui après son décès survenu le 27 juin 2018 à l’âge de 89 ans, après six ans à lutter contre les dégâts d’un AVC, d’un accident de voiture. Il est finalement mort d'un cancer du pancréas foudroyant.

La légende de la corde cassée

Lui même fils d’un père violent, il a grandi à Oakland en Californie, et semble dès sa prime adolescence avoir des prédispositions pour la boxe, sport dans lequel il connaîtra une petite carrière amateure. C’est à Chicago qu’il rencontre sa future femme, Katherine Scruse. Ensemble, ils auront dix enfants entre 1950 et 1966. Parmi eux, six deviendront des superstars de la pop : Tito, Jermaine, Michael, Jackie, Marlon et Janet. Les cinq premiers forment dès le début des années 1965 le groupe The Jackson Five.

La légende est la suivante : un jour, Tito emprunte la guitare de son père sans son autorisation et en casse une corde. Au lieu de lui infliger la rouste habituelle, Jospeh lui aurait demandé de lui jouer un morceau. Les garçons avaient répétés en secret, et impressionné par leur prestation, il aurait finalement acheté sa première guitare à Tito. De fil en aiguille, le groupe se forme, avec Michael, le plus jeune (alors âgé de six ans), aux chœurs. D’abord nommé The Jackson Brothers, ils deviennent vite The Jackson Five, et signent en 1967 leur premier contrat en maison de disques, chez la modeste Steeltown Records. Ca, c’est pour l’histoire grandiloquente, mais les dessous du succès naissant sont moins reluisant.

Un manager tyrannique

Le patriarche mène ses fils d’une main de fer. Les répétitions sont éreintantes, incessantes et interminables. Et lorsque les notes ou les pas se font faux, les coups de ceinture pleuvent. Mais ça, le public ne le sait pas. Big Boy, leur premier single, est un hit local à Chicago. La fratrie tourne de plus en plus, se produit même dans des strip-clubs desquels Joseph empoche de rondelettes commissions. Un classique dans l’industrie musicale de l’époque. « Nous aimions être ensemble et chanter ensemble, déclarera Jospeh Walter Jackson en 1970. Cela permettait aux garçons de rester occupés et les empêchait de traîner dans la rue la nuit, et de mal tourner. Dans notre quartier, beaucoup d’enfants ont eu des ennuis, certains de très gros ennuis. Je ne voulais pas de cette vie pour mes gosses. »

Dès 1969, tout change. The Jackson Five signent chez le mastodonte de la black music américaine, créé dix ans auparavant : Motown. Le groupe ouvre les concerts des stars du label telles que The Supremes, dont fait partie la chanteuse Diana Ross. Déjà, Michael est passé de choriste à chanteur principal, et étonne par sa maturité et sa rigueur musicale. Diana Ross le coache, le conseille, avec l’aval de Joseph, qui en sous-main s’occupe de tous les contrats et chapeaute sa petite entreprise familiale franchement florissante.

Michael, star planétaire

Le single I Want You Back est un gigantesque succès, tout comme ABC, I’ll Be There puis The Love You Save. Quatre titres premiers des charts en quatre singles, sacrée performance. Dès lors, ses fils deviennent des superstars, tournent sans relâche, et, pour certains, finissent par se lancer en solo. Et bien évidemment, la poule aux œufs d’or la plus lucrative s’appelle Michael, qui sort son premier album Off The Wall en 1979. Joseph Jackson est toujours son manager, et sans lui, il ne serait jamais devenu le King Of Pop. For sure.

Ce n’est qu’en 1982, lorsque Michael travaille sur son album Thriller, contenant les titres Beat It, Billie Jean, Thriller, P.Y.T., ou encore The Girl Is Mine, et qui reste encore à ce jour l’album le plus vendu de tous les temps, que le chanteur s’éloigne de son père. Mais parallèlement, Joseph lance la carrière de sa fille Janet, alors âgée de 16 ans.

Déjà, l’image du patriarche se dégrade. Michael fait publiquement étalage des méthodes strictes de son père, à plusieurs reprises, mais ne manquant jamais de préciser que sans cette baguette qui claquait souvent, lui et ses frères n’auraient jamais atteint ce niveau de performance musicale. En 1993, le King Of Pop est au summum de sa notoriété. Invité dans l’émission d’Oprah Winfrey, il déclare à propos de son père : « Si tu ne faisais pas les choses bien, il te tombait dessus, vraiment. » En réponse, Joseph expliquera qu’il lui arrivait certes d’utiliser la ceinture comme punition, mais a toujours refusé le terme « battre ses enfants ».

Des répercussions sur la personnalité de son fils ?

Ses enfants, justement, lui ont pardonné tout ce qui a fait de lui le père le plus strict de l’industrie musicale, y compris ses très nombreuses infidélités à leur mère Katherine. Dans son autobiographie Moonwalk sortie en 1988, Michael expliquait : « Il veillait à nos intérêts et aux siens. A ce jour, je lui suis si reconnaissant de ne pas avoir essayé de nous prendre tout notre argent comme tant de parents de stars l’ont fait… Mais je ne le connais finalement toujours pas, c’est triste pour un fils qui vise à comprendre son propre père. »

Michael, poussé très tôt sur le devant de la scène, isolé des autres gamins, a toujours vécu dans un monde d’adulte. Beaucoup avancent ces faits en guise d’explication au rapport ambigu qu’il entretiendra avec des enfants durant sa carrière, et à sa personnalité plus qu’atypique. Mais malgré les procès, les arrangements douteux avec les familles de victimes supposées, et un bébé suspendu à une fenêtre devant une foule de journalistes, Michael Jackson a pour le moment emporté la vérité dans sa tombe le 25 juin 2009, à l’âge de 50 ans. Au moment sa mort, son père a été accusé par de nombreux fans de profiter de cette énorme exposition médiatique pour faire la promotion de sa propre maison de disques. Huit ans plus tard presque jour pour jour, il l’a finalement rejoint.

Source: ouest-france.fr

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