Les agressions dans les taxis communaux, communément appelés ‘’woro-woro’’, ont repris, dans le district d’Abidjan. Des chauffeurs de ces véhicules de transport en commun, qui ont également la casquette de bandits et leurs complices qui se font passer pour des passagers ordinaires, sévissent ces derniers temps. Des victimes ont commencé à donner de la voix. Pendant la période des fêtes de fin d’année 2018, ils ont fait parler d’eux. Les femmes sont leurs cibles privilégiées.
Dame Inès K. 40 ans, raconte ce qu’elle a vécu alors qu’elle rentrait chez elle dans la commune de Koumassi, le 17 décembre 2018, aux environs de 22h30mn, après une visite à une parente convalescente à Marcory. Elle confie que parvenue au niveau de l’ex-cinéma Magic, elle a emprunté un ‘’woro-woro’’ pour le quartier Remblais où elle réside. Il y avait un passager assis sur le siège avant, à côté du chauffeur. « Dès que je suis monté à l’arrière, 10 mètres plus loin, un autre passager m’a rejoint à l’arrière. Je lui demande de monter avant moi parce que je descendrais avant lui. On a fait le trajet normalement et on a même causé jusqu’au niveau de l’école primaire la Rochelle. Soudain, le chauffeur s’arrête et le passager assis derrière avec moi sort un pistolet et m’exige mon portefeuille contenant de l’argent, mon téléphone portable et ma pièce nationale d’identité. Il me demande de descendre et le woro-woro démarre. Tellement tétanisée par ce que je venais de vivre, je n’ai pu ouvrir la bouche pour appeler à l’aide. Je n’ai pas non plus porté plainte. J’ai fait le reste du chemin à pied pour rentrer chez moi, après avoir retrouvé mes esprits », révèle-t-elle. Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte à la police ? « Je ne sais pas. La seule chose qui m’importe, c’est qu’ils m’aient laissé la vie sauve parce qu’ils auraient pu me faire du mal », répond-elle sèchement.
Même stratégie. Lisette R, une habitante du quartier ‘’Petit Toit-Rouge’’, dans la commune de Yopougon fait savoir qu’elle également a été victime de braquage, il y a quelques jours. De retour du boulot peu avant 22 heures, elle emprunte un taxi ‘’woro-woro’’ au niveau du nouveau pont de Niangon, pour son quartier. A bord du véhicule, en plus du chauffeur, deux jeunes hommes étaient assis, l’un près du chauffeur et l’autre derrière le conducteur. « Je suis montée. Dès que nous avons dépassé le palais de justice, ils sont entrés en action. Le passager assis devant a sorti un couteau de cuisine qu’il a passé à celui qui était assis à ma gauche. Il m’a aussitôt tenue en respect avant de m’arracher mon sac contenant mon ordinateur portable et des documents de travail. Ils m’ont également pris mon téléphone et les 5500 fcfa que j’avais sur moi. Après quoi, ils m’ont demandé de descendre et ils sont partis. Je tremblais comme une feuille parce que c’est la première fois que je me faisais agresser. Une fois à la maison, je me suis enfermée dans ma chambre et j’ai prié pour remercier le Très-Haut pour ma vie qu’il venait de préserver », informe-t-elle. Au dire de Lisette, à aucun moment, elle n’a pensé que ces jeunes hommes étaient des bandits.
« Ils étaient bien habillés et les deux passagers que je prenais pour des amis parlaient d’un parfum haut de gamme qu’ils voulaient acheter », ajoute-t-elle. Une autre victime de ce genre d’agression avec qui nous avons échangé, à Marcory, le mercredi 02 janvier 2018, dit avoir la chair de poule quand elle se rappelle ce qu’elle a vécu le 27 décembre dernier. Une agression dans le même registre que celles évoquées plus haut : le chauffeur du taxi et deux passagers qui sont en fait ces complices. Ils prennent juste un seul passager, une femme. Vivement que les forces de sécurité redoublent de vigilance au niveau du contrôle des woro-woro pour mettre un terme à ce phénomène.
Franck SOUHONE
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