Pragyan, un petit rover de 27 kg, devait se poser sur la Lune le 6 septembre. Mais les plans de l’agence spatiale indienne ISRO vont devoir être revus et corrigés après le report du lancement de sa mission Chandrayaan-2. Initialement programmée très tôt ce lundi, à quelques jours du cinquantenaire du pas historique de Neil Armstrong, la mise à feu du lanceur a été annulée à cause d’un « hic technique ».
Cette nouvelle expédition économe (140 millions de dollars) mais ambitieuse, à la recherche « de signes fossiles du système solaire primitif » sur le satellite de la Terre, signe en tout cas « le nouvel élan récent pour l’exploration de la Lune », selon l’astrophysicien Sylvestre Maurice, planétologue à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Université de Toulouse - CNRS).
Les projets s’enchaînent. En janvier, la Chine, qui planche également sur un village lunaire à l’horizon 2030, a réussi à poser le robot de sa mission Chang’e-4, sur la face cachée de l’astre. Une première mondiale. Au mois d’avril, une sonde lancée par une organisation privée israélienne, elle, a manqué son alunissage et s’est crashée. Et, de son côté, le Japon prévoit l’envoi de SLIM, un petit atterrisseur lunaire, entre 2020 et 2021 pour étudier une zone volcanique.
« Une sorte de pierre de Rosette de l’exploration du système solaire » « L’engouement des scientifiques n’a jamais décliné pour la Lune. Elle est une sorte de pierre de Rosette de l’exploration du système solaire, un livre sur la cratérisation et sur le mode de refroidissement d’une planète. C’est la volonté politique qui connaît une véritable accélération, et aussi pour des pays nouvellement engagés dans la conquête spatiale. Cette accélération est surtout portée par les vols habités », précise le spécialiste.
Donald Trump a ainsi demandé à la Nasa de mettre un gros coup d’accélérateur sur son programme lunaire pour y renvoyer des astronautes dès 2024, dernière année d’un éventuel second mandat du président américain. Un nouveau calendrier difficile à tenir mais les Etats-Unis, qui ont été les premiers et pour l’instant les seuls à envoyer des hommes sur la Lune entre 1969 et 1972, espèrent bien rester précurseurs.
La Chine prévoit de faire marcher un taïkonaute sur la surface lunaire « d’ici une dizaine d’années », mais le gouvernement américain ne veut pas se faire doubler. Pour aller plus vite, le patron de la Nasa réclame une rallonge de « 20 à 30 milliards de dollars supplémentaires sur cinq ans », sans réponse du Congrès pour le moment.
Des industriels français mis à contribution Le projet devrait en tout cas mettre à contribution plusieurs partenaires internationaux, publics et privés. La Russie, qui peine à faire cavalier seul à cause d’un manque de moyens financiers, le Canada, le Japon mais aussi l’Agence spatiale européenne (Esa) sont sollicités. « L’Esa devrait se prononcer avant la fin de l’année. Deux consortiums emmenés par Thales Alenia Space et Airbus se sont vus confiés des études de faisabilité sur des éléments du Lunar orbital platform-gateway », la station qui sera placée autour de la Lune, explique Olivier Sanguy, le rédacteur en chef du blog de la Cité de l’espace.
A Cannes, les ingénieurs de Thales Alenia Space planchent notamment sur le module de ravitaillement ESPRIT et sur un module habitable. « On travaille sur les deux en parallèle. On valide la faisabilité de chaque objet, leur coût et leur planning », précise sur place Nicolas Fresnel. Le chef du projet chez le fabricant installé dans la cité des festivals teste en réalité virtuelle ses maquettes « pour obtenir un retour des astronautes plus rapide ».
Des modules qui permettront d’évaluer « la résistance aux radiations et les phénomènes physiologiques notamment », note le responsable, « Il s’agit de choses déjà testées à bord de l’ISS, mais ce sera fait beaucoup plus loin, à plus de 300.000 km de la Terre, en prévision d’expéditions encore plus lointaines », notamment vers Mars.
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