Le poumon de notre planète étouffe sous la cendre et les fumées, alors que l'opinion mondiale vient à peine de s'en rendre compte. Une catastrophe d'origine humaine : la plupart des 75.000 départs de feu est volontaire. Et les conséquences seront mondiales.
Cela fait 18 jours maintenant que la forêt amazonienne, le poumon vert de notre planète, est en proie aux flammes. Et pourtant, l'information commence à peine à apparaître dans les médias du monde entier. Comme si elle avait été recouverte, sans mauvais jeu de mot, d'un véritable écran de fumée. Un silence médiatique qu'il est bien difficile de justifier.
"Peut-être que pour beaucoup de gens il s'agit d'un événement exclusivement brésilien", avance Philippe Verbelen, expert en forêts chez Greenpeace. "Mais ce feu de forêt émet tellement de gaz à effet de serre que le Brésil s'est soudainement hissé à la première place mondiale en termes d'émissions ! Et le CO2 n'a pas de frontière : les vagues de chaleur que nous traversons, et qui vont devenir plus courantes et plus intenses, y sont directement liées. De plus, l'Amazonie condense l'humidité descendue des Andes et arrose ensuite toute l'Amérique latine. C'est toute la pluviométrie du contient que se retrouve affectée. Et c'est sans compter l'immense perte de biodiversité, et les 800.000 indigènes dont la culture va disparaître avec la forêt."
Le plus choquant dans ce drame, c'est qu'il a été provoqué volontairement, rappelle Béatrixce Wedeux, du WWF : "L'Amazonie étant une forêt humide, elle ne prend pas naturellement feu si facilement, mais c'est devenu un phénomène annuel : à la saison sèche, les fermiers défrichent de nouvelles terres par le feu, alors que c'est interdit. Ils veulent en faire des pâturages à grande échelle pour l'élevage bovin et la culture du soja, ce qui rendra impossible toute reconquête de la forêt. La flore amazonienne n'est de toute manière pas adaptée pour résister au feu : au mieux, il ne restera plus que des savanes."
Visible depuis l'espace
L'Amazonie, pourtant déjà menacée de toutes parts, n'avait jamais connu une telle folie incendiaire : ce sont près de 75.000 départs de feu qui ont été recensés depuis le début de l’année, dont 9.5000 ce mois-ci. Soit une hausse de 83% par rapport à l'année passée. Le dégagement de fumée est tellement intense que la NASA l'observe depuis l'espace !
Alors que la situation est des plus tragiques, le président brésilien Bolsonaro la saupoudre de ridicule en accusant les ONG de défense de l'environnement d'avoir bouté le feu à la forêt. "C'est inadmissible de dire des choses comme ça", s'emporte Mme Wedeux. "Alors que cet incendie n'est qu'un autre symptôme d'une politique d’affaiblissement délibéré des instituts scientifiques. Il a installé un climat d'impunité et voit l'Amazonie comme un frein a l'économie brésilienne, alors que l'agriculture locale peut encore croître sur les pâturages existants."
Bientôt dans nos assiettes
Une politique d'exploitation à outrance des terres qui, là aussi, a des ramifications jusque chez nous. Car les bœufs et les champs de soja qui vont prendre la place d'une faune et d'une flore parmi les plus riches du monde, on les retrouvera bien vite en Belgique. "L'Europe a externalisé une bonne partie de sa production de nourriture industrielle en Amérique du Sud, au brésil et au Paraguay principalement", rappelle Philippe Verbelen. "80% du soja brésilien sert de fourrage. Si on voulait produire nous-même assez pour nourrir nos propres animaux d'élevage, il faudrait recouvrir de soja la Wallonie ! On en importe donc des millions de tonnes. De même pour la boeuf, qui arrive en Europe en échange de voitures allemandes et de spiritueux français."
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